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“60% des fabricants de bijoux ont fermé boutique”
Le marché de l'or subit des crises répétées
Publié dans Liberté le 31 - 03 - 2011

Le prix de l'or ne cesse d'augmenter. Il a atteint la barre des 5 000 DA sur le marché légal. Les fabricants de bijoux tirent la sonnette d'alarme quant à la fermeture de plusieurs ateliers qui ont dû remercier un nombre important d'ouvriers, rejoignant ainsi les rangs des chômeurs. Quant à la clientèle, elle se raréfie, découragée par les prix exorbitants des bijoux affichés dans les vitrines.
Après la crise de “l'argent”, est venu le temps de la crise de “l'or”. L'artisanat en Algérie subit les coups répétés d'une mauvaise politique de prévoyance. Il est vrai que la hausse des prix des métaux précieux dépend des cours mondiaux, cependant l'état reste les bras croisés quant au devenir de certains métiers pourvoyeurs d'emplois mais également garant de la pérennité des traditions ancestrales. Une virée chez les bijoutiers nous renseigne amplement sur cette hausse qui dissuade les clients, notamment ceux s'apprêtant à convoler en justes noces ou à célébrer des fiançailles. Les prix ont atteint des pics vertigineux, allant jusqu'à une augmentation de plus de 50% depuis l'été de l'année dernière. En quelques mois, l'or a grimpé pour devenir pratiquement inaccessible aux petites bourses et aux revenus moyens. Et pourtant, ce n'est pas encore la saison estivale qui connaît d'habitude ce genre d'envolée spéculative. Selon les spécialistes, l'or, valeur refuge, devient valeur d'investissement par opposition à son statut de matière première pour les industriels et le secteur de la bijouterie, et en périodes de flottement, l'appétit des investisseurs spéculatifs prend le dessus. Les incertitudes sur le plan économique et les troubles survenus dans le monde arabe et notamment en Libye, important producteur de pétrole, ont affolé les cours et suscité l'engouement des investisseurs, l'or constituant un baromètre des inquiétudes du marché sur la conjoncture économique. Ces tensions sont de nature à soutenir les prix des métaux précieux et du pétrole dans un avenir proche. L'Algérie ne peut échapper à ces fluctuations. Nous nous sommes déplacés dans la capitale pour faire le constat.
La rue des Fusillés à Alger connaît un va-et-vient incessant. Les vendeurs au marché noir de l'or hèlent les passants avec leur sempiternelle phrase qu'ils répètent à longueur de journée, “cash cassé”, lancent-ils à l'adresse des passants. Ces bijoutiers illégaux se regroupent fréquemment dans le jardin jouxtant l'agence BDL (Banque de développement local), la seule banque publique qui propose le prêt sur le gage. Ils guettent les femmes qui viennent pour une poignée de dinars mettre en gage leurs bijoux. “Actuellement, nous révèle Hakim, un revendeur, le prix de l'or explose, pour ceux qui veulent faire de bonnes affaires, c'est le moment de vendre.” Pour le jeune homme, “le prix du cassé est situé entre 2 900 et 3 000 DA le gramme quand le bijou est de très bonne qualité.” Pour Hakim, il y a un ralentissement des ventes : “Notre clientèle est composée surtout de pauvres gens, on arrive à écouler uniquement des articles très légers comme des boucles d'oreilles et des bagues.” Dans les bijouteries, c'est la folie. Les prix dépassent l'entendement. Des articles qui coûtaient 20 000 DA, il y a quelques semaines, ont été surévalués pour atteindre près de 35 000 DA. Les parures et autres bijoux indispensables pour la dot de la mariée sont devenus inaccessibles. Difficile de trouver une parure de moins de 200 000 DA digne de ce nom. Certaines atteignent des prix mirobolants. Cela va de 300 000 DA à 1 million de DA. “à ce prix, ironise un client, les futures mariées vont dorénavant exiger non pas une parure mais carrément une voiture !” Les bijoutiers, quant à eux, essayent de tirer leur épingle du jeu en recourant à différentes formules comme la récupération ou le troc de vieux bijoux en surfant sur les prix. C'est le cas de ce bijoutier à Alger-Centre qui se lamente sur la situation. Pour lui, il n'y a pas de doute, “derrière ces hausses se cachent des opérations de blanchiment d'argent”. Il nous affirme que “ces deux derniers mois, on n'a pas enregistré beaucoup de ventes. Les clients rentrent, demandent à voir les articles et quand ils découvrent les prix, ils ressortent sans acheter. Quelques rares clients achètent mais des ouvrages légers, des petits bracelets, des médaillons ou des gourmettes”. Des articles qui coûtent quand même la bagatelle de 75 000 DA pour une gourmette de 15 g et 25 000 DA pour une bague de 5 g. L'Agence nationale pour la distribution et la transformation de l'or et des autres métaux précieux (Agenor) de la rue Ben-M'hidi, à quelques mètres de la place émir-Abdelkader, cède le gramme à “3 950 DA pour la vente et 2 700 DA pour l'achat”. Cette agence créée en 1970, pour alimenter le marché national, a été érigée en 1989 en EPE/SPA. En 1998, avec l'ouverture de l'économie, elle s'est tournée vers l'industrie, en réalisant une usine de production, de transformation et d'affinage des métaux précieux à Baraki, dans la banlieue d'Alger. L'Agenor est leader sur le marché de la transformation de l'or. Ses prix, à quelque différence près, sont les mêmes que ceux pratiqués chez les bijoutiers.
“Nous faisons de la résistance !”
Le 1er vice-président de la Fédération nationale des bijoutiers, Seddiki Kamel, explique la hausse du métal précieux par des facteurs exogènes. “Les bijoutiers ne sont pas responsables, nous dit-il, de l'augmentation du prix de l'or, nous sommes les premiers qui en souffrons, c'est le cours mondial, il y a beaucoup de turbulences.” Il révèle que “les ateliers sont en train de fermer à tour de rôle, il y a la crise des années 1990, durant la décennie noire et maintenant avec la spéculation sur l'or. Je vous informe que 60% des fabricants de bijoux ont mis la clé sous le paillasson et le reste a réduit ses effectifs de 40%. Le peu qui reste essaye de se maintenir sur le marché. Ceux qui détiennent un portefeuille clients continuent d'espérer mais les autres, surtout les petits fabricants, ont du mal à faire face à la flambée de l'or et aux charges fiscales. Ce que je peux dire, c'est qu'en dépit de l'asphyxie financière que nous subissons, nous faisons de la résistance !” Notre interlocuteur ajoute que “les prix de l'or chez nos fournisseurs sont extrêmement élevés sans oublier que la demande dépasse de loin l'offre. Les fabricants doivent se débrouiller pour faire tourner leur business”. Et d'ajouter : “Un petit atelier a besoin de 3 à 4 kilos d'or, mais pour un grand, il lui faut 10 fois plus, l'Enor (Entreprise nationale de l'or) extrait à peine une tonne d'or par an et ne satisfait donc pas le marché, le sous-sol algérien dispose d'une quantité d'or estimable, mais il reste sous-exploré, nous nous rabattons sur l'Italie et la Turquie et nous importons le produit fini. Ce qui ne nous arrange pas toujours car le design se fait dans ces pays, notamment en Italie.” Le responsable évoque un problème lequel, s'il était pris en considération par les autorités publiques, pourrait atténuer la crise que traverse le marché de l'or. Selon lui, “il s'agit de revoir la TVA à la baisse, il est vrai qu'on ne peut pas demander au gouvernement de subventionner l'or, ce serait ridicule mais au moins revoir cette taxe qui nous pénalise. Le prix du lingot d'or, est, actuellement, de 415 millions de centimes auquel vient se grever la TVA qui est de 17%, le poinçon pour le gramme est de 40 DA. Vous voyez bien qu'avec toutes ces dépenses, les prix ne peuvent que grimper”. Le marché parallèle est aussi mis à l'index par M. Seddiki “parce qu'il est en train de tuer la profession avec l'invasion, de façon légale ou illégale, des produits en provenance de l'étranger”, avouant néanmoins que “certains bijoutiers écoulent leurs marchandises sur ce marché pour échapper au fisc”. Il nous a, également, révélé que “le prix de gros est entre 3 900 et 4 000 DA le gramme. Au détail, il faut lui rajouter une marge de 25 à 30%, ce qui fait qu'il peut atteindre les 5 000 DA au prix consommateur”. Concernant la relève et la modernisation de la profession, notre interlocuteur avoue volontiers que “le marché est submergé par les produits fabriqués en Italie et en Turquie. Nous réfléchissons au sein de notre fédération à rapprocher l'école des Beaux-Arts de notre profession et peut-être aussi trouver le moyen de créer une école, avec le soutien des autorités, pour former des artisans et des ouvriers, en les adaptant aux nouvelles technologies car il faut savoir que le métier est en déclin et nous espérons de la sorte le réanimer avec l'aide de l'état”.
Il est vrai qu'on est loin de l'orfèvrerie qui se transmettait de père en fils car beaucoup de familles pionnières dans l'art de manier le métal jaune l'ont délaissé. On ne retrouve que très rarement les modèles des bijoux d'antan qu'exhibaient les femmes dans les fêtes, considérés comme une valeur sûre et un bas de laine pour les périodes difficiles.
Le design italien et le plaqué or sur lequel se rabattent par dépit les Algériennes, faute de moyens, a tué l'authenticité qui n'est plus qu'un vague souvenir.
F. H.


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