“Nous n'avons pas pu faire la marche mais nous avons réussi à braver les intimidations et les interdits en tenant un rassemblement au cœur de la capitale”, estiment les membres de la Cnae. Les membres de la Coordination nationale autonome des étudiants (Cnae) ont tenu hier un point de presse pour revenir sur les incidents qui ont émaillé la marche avortée à laquelle la Cnae avait appelé. Les différents membres, qui ont pris la parole, ont d'emblée tenu à dénoncer “les intimidations et autres pressions et menaces entamées la veille de la marche par les forces de sécurité au niveau des cités universitaires”. “Une centaine d'étudiants ont été interpellés la veille et ont été contraints de signer des PV dans les commissariats”, ont indiqué les conférenciers. Les membres de la Cnae ont, également, dénoncé les entraves mises en place pour empêcher les étudiants d'arriver au lieu de départ de la marche à savoir la Grande-Poste. “Il y a eu une véritable chasse à l'étudiant par divers moyens”, soutient l'orateur, précisant que des centaines d'étudiants qui tentaient de rejoindre leurs camarades ont été bloqués à la station de Tafourah et de la Grande-Poste. “Ils ont été contraints de changer de destination”. Pour la Cnae, “2 000 à 3 000 étudiants ont réussi à improviser le rassemblement devant la faculté centrale”. Un rassemblement qualifié de “réussi vu les intimidations et le dispositif sécuritaire déployé surtout qu'il a eu lieu au cœur de la capitale où les rassemblements sont interdits”. Déplorant “une centaine de blessés parmi les étudiants dont dix dans un état grave”, le conférencier dira que “les étudiants ne viennent pas à une marche pacifique avec des armes blanches. Interrogé sur l'énigmatique blessure que s'était fait un étudiant avant de l'endosser aux policiers, les membres de la Cnae justifient ce geste par le fait que “l'étudiant était probablement au summum du ras-le-bol et que c'est un moyen de s'extérioriser”. Autre point sur lequel les conférenciers sont longuement revenus est l'autonomie de leur structure. “La coordination est une structure horizontale qui n'a pas de membres permanents mais des membres mandatés. Ses décisions émanent strictement des assemblées générales de la base”. Et d'insister : “Nous ne dépendons d'aucun parti. Nous dénonçons d'ailleurs toute tentative de récupération.” À la question de savoir qu'est-ce qui expliquerait que l'action de lundi soit marquée par des slogans politiques, l'un des membres dira : “C'est une manière de dénoncer l'attitude du pouvoir qui tabasse des étudiants et qui a mobilisé cinq fois plus d'effectifs que lors de la première marche du 12 avril.” Et de préciser que si les ambitions des étudiants pour un meilleur statut sont perçues comme étant une action politique “alors oui nous faisons de la politique. Et à propos de politique, nous dénonçons le discours du président de la République qui a omis de parler de la crise universitaire en cette date symbolique du 16 avril”. À signaler, enfin, que pour la Cnae, la mobilisation estudiantine ne s'est pas éteinte et d'autres actions de protestation seront lancées après la tenue des AG et la concertation entre les universités.