Aïcha, la maman de Bahloul, est invitée à un mariage. Les temps n'étant pas très sûrs, elle hésite à laisser la maison toute seule, de peur de recevoir la visite de voleurs pendant qu'elle fait la bamboula, d'autant qu'elle a déjà acheté le mouton de l'Aïd. Voyant sa maman inquiète, Bahloul tente de rassurer sa maman en l'encourageant à se rendre à la fête. Mais avant de partir, elle multiplie les avertissements à son fils, connu pour son esprit étourdi. “Wlidi lâaziz, pendant mon absence, fais très attention à la porte. Ne la quitte surtout pas des yeux !” “Sois tranquille, Mâ ! La porte sera bien gardée. Va, amuse-toi bien et n'oublie pas ma part de gâteau.” Adossé pendant plus d'une heure à la porte de la maison, Bahloul commence à trouver le temps long. C'est alors que Jeha vient à passer par là. “Tiens, tiens ! Tu n'es pas à la fête ?” “Tu parles… je meurs d'envie d'y aller, mais j'ai promis à ma mère de garder la porte !” “Qu'est-ce que tu peux être bête ! Tu n'as qu'à l'emporter avec toi, la porte”, lui suggère Jeha, pour plaisanter. Le visage de Bahloul s'illumine subitement. “Comment n'y ai-je pas pensé ?” marmonne-t-il. Et, en deux temps, trois mouvements, le voilà qui démonte la porte, la charge sur son dos et se dirige à la fête comme un halluciné. “Ma mère sera très fière de moi ! Je n'ai pas quitté la porte une seconde” se réjouit-il en son for intérieur, convaincu d'avoir eu une idée de génie. NADIA AREZKI [email protected]