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Premier livre, premier amour
Souffles…
Publié dans Liberté le 09 - 06 - 2011

Dans la vie, on adore les premières choses. On ne les oublie jamais. Les premières expériences sont toujours belles et resteront tatouées sur l'âme. Ancrées dans la mémoire. La première bêtise commise en l'absence des parents : jeter une tête d'allumettes sur un amas de foin. Le premier grand succès : arriver à monter le dos d'âne des voisins qui se termine par une chute et une dent cassée. L'image de la première fille embrassée à la hâte au coucher du soleil, pas loin du seuil de la grande maison parentale. La cousine ! Une fille en bouche et en seins ! Une vraie, pas celle du rêve. La première bière bue en cachette, à l'insu des yeux du frère aîné. Le méchant ! La première peur, celle de la circoncision ! Les ciseaux ! Voir la mer pour la première fois : hallucination ! Le premier bus monté pour un premier voyage vers une ville ogresse. Le premier pipi chaut fait dans le pantalon par peur de sortir la nuit jusqu'au pissoir ! La première cigarette sifflée, plutôt le premier mégot ramassé d'un sol mouillé. Et le premier livre lu. Lu de bout en bout ! Des mots et des phrases qui font une histoire intégrale et géniale! Je me souviens de tout cela, certes, vous aussi ! Ces choses avec leurs détails sont mon miroir, moi ! Je ne suis rien sans ces choses qui vivent en perpétuité en moi. Vous aussi. La première lecture du premier livre fut un miracle pour moi! Je ne savais pas que les livres parlent. Comme nous les êtres humains, ils ont une langue magique. Et ils parlent beaucoup de langues ! Le livre parle pour nous dire cette vie qui resserre dans leurs tripes. Des vies en mots et en encre. Le premier livre que j'ai lu, m'a appris que ce monde réel qui nous entoure, a ses prolongements sur les pages dans les mots. La vie a d'autres vies. La vie n'a pas de bords ! Elle est continuelle et ouverte! De près, en renardeau, je suivais mon père dans ses lectures coraniques. Fantastique. Il lisait de droite à gauche. Une lecture musulmane, me disait ma mère ! Quant à moi, l'index sur la ligne, le premier livre que j'ai lu, c'était un livre qui se lisait de gauche à droite !! Choc ! Deux sens et une lecture. Je me dis : tous les livres doivent-ils être lus de la même façon que le Coran ? Et je me dis: tous les lecteurs doivent-ils lire comme mon père ? Je suis le fils de mon père ! Mon père lisait son Coran Livre d'Allah dans un état second, assis à ses côtés, je tenais mon premier livre que j'ai eu comme prix à l'école, je lisais comme dans un état second ! Mon père avait entre les mains son livre religieux et moi j'avais “La chèvre de monsieur Seguin” d'Alphonse Daudet. Lire un livre pour la première fois, de bout en bout, est un voyage qui ressemble à celui d'un fou marin, aventurier, appelé Christophe Colomb embarqué vers nulle part ! Le rien des Amériques. Le vertige des géographies en eaux. Aquatique. La lecture du premier livre est une aventure. Une découverte d'une autre Amérique ! La première lecture d'un premier livre, c'est exactement comme l'acte de dépuceler une jeune femme. Plaisir dans le sang ! La lecture est un viol légitime et légal ! Dont le violeur et la violée sont complices ! La douleur est une joie! Mon père avec son adoration au Livre d'Allah le Coran, m'a appris que l'écrit est sacré. La lecture aussi. Et ma première lecture sacrée fut “La chèvre de monsieur Seguin” ! Dans une spiritualité débordante, mon père lisait quotidiennement, à voix haute, à l'heure d'el açr, avant le coucher du soleil, le Coran. Je prenais place à ses côtés et je faisais comme lui en lisant tantôt “la chèvre de monsieur Seguin” tantôt “le Petit Prince” de Saint-Exupéry. Comme lui, je balançais ma tête de droite à gauche et de gauche à droite, en lisant mes livres à moi. Je suis venu à la lecture de la littérature par cette habitude de mon père. Lui lisait le Coran et la Sira, et moi je lisais le roman et la poésie. Sous sa voix magnifique récitant le Coran j'ai lu “Madame Bovary” de Flaubert et “La mère” de Gorki et “Le vieil homme et la mer” de Hemingway, “Miramar” de Naguib Mahfouz, “Ana Ahya” de l'écrivaine libanaise Leïla Baalabakki, “Ana Hourra” de Ihssan Abdelkaddous, “Ousfouroune mina Achark” de Tawfik El-Hakim et d'autres belles créatures en papiers. Ma mère avec ses gestes doux, ses caresses sensibles, son regard religieux et passionné posé sur les rayons des livres de mon père, m'a beaucoup appris. Elle m'a appris que le livre est un être vivant. Il est comme nous ! Il attend de nous, amour et affection. Le prendre dans nos bras. Comme la femme aimée, il faut le serrer contre sa poitrine. Regarder le fond de ses yeux. Comme le bébé, il faut l'avoir en permanence, dans la tendresse et l'attention. Ma mère était analphabète mais elle dorlotait les livres. Tous les livres, ceux écrits de droite à gauche ou ceux de gauche à droite. Ange. Toujours habillée en blanc. De cette mère, j'ai appris l'amour des livres. Elle m'a inculqué comment entretenir l'amour. Le premier amour.
A. Z.
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