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À propos de la crise grecque
Finances
Publié dans Liberté le 27 - 07 - 2011

Mon projet de construction d'une communauté économique maghrébine tient compte des leçons tirées de l'expérience européenne et échafaude un modèle maghrébin spécifique basé sur les convergences économiques et l'instauration d'une monnaie commune (devant cohabiter avec les monnaies nationales) et non unique. Celle-ci devant intervenir beaucoup plus tard.
Lors de mes interventions, j'ai expliqué les raisons de la crise grecque, les grandes lignes de l'accord de Bruxelles en date du 21 juillet 2011 mais surtout les mesures à prendre. Le psychodrame qui a précédé les négociations s'expliquait par les divergences entre l'Allemagne et la France, en tant que plus gros contributeurs de l'Union. Angela Merkel doit faire face à l'opposition de sa population à toute aide au Grecs, jugés comme étant peu productifs, bénéficiant d'avantages exorbitants et dont les riches d'entre eux pratiquent l'évasion fiscal et le transfert de capitaux. Elle a insisté sur la nécessité de faire payer les banques. Sarkozy, qui veut redorer son blason dans la perspective d'une réélection en 2012 de moins en moins évidente, s'est complètement investit dans cette affaire en exagérant les risques et en surestimant les résultats.
Le PIB de la Grèce ne représente que 2% du PIB européen. La dette grecque c'est 4% de la dette globale de l'Union européenne. Celle-ci a largement les moyens de contenir cette crise. La dette européenne agrégée, de tous les Etats de l'UE, rapportée à leur PIB, est de 80%. Ce même ratio est de 85% aux Etats-Unis, et en plus ce pays doit faire face à un endettement endémique des plus graves ; soit 14 350 milliards de dollars. S'il n'y a pas un accord entre le Congrès et Obama, avant le 2 août, la première puissance mondiale serait en faillite. Je fais le pari qu'il y en aura un, mais à quel prix ? Soit une baisse des dépenses sociales, comme le préconisent les républicains, ou une hausse des impôts sur les contribuables les plus aisés (ce qui me semble la meilleure solution), suivant les recommandations des démocrates.
Le problème n'est pas le poids de la dette grecque, mais celui de ce que j'ai appelé la dictature des marchés. Ce qui alourdit les charges d'intérêts sur les emprunts de la Grèce, ce sont les mauvaises notes octroyées par les agences de notation. Rappelons qu'après avoir sous-estimé les risques financiers au moment de la crise financière internationale en 2007/2008, les voilà en train d'exagérer le risque de faillite des Etats. Cela fait le jeu des spéculateurs, ceux qui achètent à crédit des obligations d'Etats en espérant les revendre à un prix plus bas. Ils ont tout intérêt à les faire plonger.
Les criminels en col blanc profitent des techniques les plus sophistiquées pour spéculer en toute impunité contre les économies et les finances publiques. Tous ceux qui détiennent des CDS (Credit Default Swaps), des produits d'assurance contre la défaillance des Etats se frottent les mains. Il est temps que les gouvernements reprennent les commandes et imposent des régulations qu'ont abandonnées dans les années 1980 M. Thatcher au Royaume-Uni et R. Reagan aux Etats-Unis. Ce fut la période euphorique des économistes monétaristes et ultralibéraux. Dans la première partie de mon ouvrage Algérie et Maroc : quelles convergences économiques ? , j'ai développé largement les causes des déséquilibres financiers internationaux et j'ai fait des propositions de sortie de crise comme un contrôle sévère des Hedges funds, ces fonds spéculatifs et l'interdiction de la vente à découvert ainsi que l'achat d'actions et des actifs financiers à crédit en les massacrant ensuite afin de les revendre au moindre prix. Il faut rétablir les feux rouges et les stops car les spéculateurs sont cupides et individualistes. Les fonds spéculatifs misent sur le gain à court terme et sacrifient les investissements à long terme et l'emploi.
À côté de la réforme des marchés financiers, il est indispensable de s'attaquer à la gouvernance économique. C'est ce que j'ai dit sur France 24 avant la signature de l'accord de Bruxelles, et ce qu'a affirmé Sarkozy lors de sa conférence de presse qui a suivi la signature de cet accord. Cela veut dire que nous sommes dans le vrai. Mais malheureusement, le président français nous a habitué à des déclarations tonitruantes sans lendemain. Beaucoup de gesticulations pour rien.
L'Union européenne ne s'en sortira que par une coordination des politiques économiques et la construction d'un socle basé sur l'économie réelle et non la domination de la finance. J'ai écrit en 1992 dans un article (voir mon site) que le déclin de l'industrie en France augure de difficultés dans le future. À l'époque, les technocrates et les dirigeants politiques imprégnés de l'idéologie libérale ont laissé filer des pans entiers de l'industrie française. Celle-ci ne représente plus que 18% du PIB contre 34% il y a vingt ans. Les Allemands, s'ils s'en sortent, c'est parce qu'ils ont gardé une base industrielle puissante. Je le constate à chacune de mes visites de la foire industrielle de Hanovre et lors de mes déplacements en Chine où les usines tournent avec des machines et la technologie allemandes.
J'ai aussi développé l'idée, dans ma première thèse de doctorat sur les taux de change, que la valeur de la monnaie et la finance sont le reflet de la puissance économique. Il ne peut y avoir d'équilibres monétaires sans une base productive solide. C'est l'inverse qui a été mis en œuvre par les gouvernements des pays développés et les pays en voie de développement. Le consensus de Washington (qui consacre l'ultralibéralisme) a dominé les orientations des institutions financières comme le FMI. Mon étude sur 77 pays, qui ont mis en place les plans d'ajustements structurels imposés par le Fonds, est sans appel, ils ont tous connu une baisse de leur taux de croissance.
L'accord signé à Bruxelles le 21 juillet 2011, s'il n'est pas accompagné par des mesures en faveur de la croissance, ne ferait que reporter l'échéance de la faillite de la Grèce mais aussi de l'Espagne, l'Italie, le Portugal, l'Irlande, voire la France.
Imposer des politiques d'austérité, renforcerait la récession et donc moins de rentrées fiscales, plus de chômage, moins de consommation et davantage de misère et de précarité.
L'Europe doit se tourner vers ses voisins du sud de la Méditerranée sur des projets concrets comme l'énergie solaire, l'eau, les co-productions industrielles et de vraies coopérations mutuellement avantageuses.
Les difficultés de l'Union européenne ne doivent pas masquer les acquis, l'euro a protégé la zone des fortes turbulences de la crise de 2008, qui, rappelons-le, vient des Etats-Unis. Sans cette union monétaire, les monnaies nationales auraient explosé et les taux d'intérêt auraient atteint des niveaux à deux chiffres.
C. S.
(*) Professeur d'économie à la Sorbonne,
résumé de ses interventions en juillet sur France 24, Al-Jazeera, QatarTV et Radio Plus.


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