Dans sa première tentative livresque, Youcef Baaloudj, auteur, journaliste, poète et bloggeur, a opté d'écrire sur la Tunisie, celle d'avant et celle d'après la “Révolution de jasmin” (qui a duré quatre semaines, de décembre 2010 à janvier 2011, et qui a abouti à la chute du régime du président déchu Ben Ali). Ala jabiniha thawra wa kitab (sur son front une révolution et un livre), paru aux éditions Vescera, est un recueil d'entretiens - témoignages. Ecrire sur la Tunisie n'était pas à l'ordre du jour, comme il le confie, mais les événements et les différents bouleversements que ce pays a connus ont précipité les projets de l'auteur, le poussant à revoir sa feuille de route et à parer au plus pressé : aller sur place et voir ce qu'est la Tunisie après cette “révolution”. “Pour la prospérité”, comme diraient certains. Le livre est composé de quatre parties et d'une introduction, ou plutôt une présentation écrite par l'auteur libyen Mohamed Al-Asfar. Dans son écrit, il revient sur le parcours de Youcef Baaloudj ainsi que sur les raisons qui ont poussé ce dernier à écrire ce livre. “Dans ses visites, il déambule comme un touriste mais vit comme un intellectuel (…)”, écrit-il en page 9. En effet, tout ce qu'il voit, tout ce qu'il entend, il doit l'analyser à la vitesse de la lumière afin de ne pas être dépassé par les événements. Pour planter son décor, Youcef Baaloudj revient, dans son introduction (première partie du livre), quelques mois en arrière avant le début de “la Révolution de jasmin”, précisément à l'été 2010, où il décrit le pays avant la révolte. Il y reviendra ensuite en novembre de la même année. A travers les mots, entre les lignes, le lecteur découvre que le calme qui y régnait était celui qui précédait la tempête. Quelques pages après, il raconte ses pérégrinations après la révolte. Le décor est le même, mais le contenu a changé. Le vent de la liberté et du changement ont fait des ravages. Par ailleurs, concernant les autres parties, elles sont composées d'entretiens qu'il a réalisés avec des personnalités tunisiennes de différents bords : des politiciens (Mohamed El-Kileni, chef du Parti socialiste de gauche ; Selim Ben Orfa, chargé des relations extérieures au parti du Renouveau ; Sihem Bensedrine, militante et juriste…), des bloggeurs (Fatima Riyahi, présidente de l'association des bloggeurs tunisiens…) et des écrivains ou journalistes (Jelloul Azouna, romancier et fondateur de la Ligue des écrivains indépendants ; Semir Saci, auteur et journaliste ; Chedi Benhamida, le plus jeune romancier tunisien…). Ils livrent, avec sincérité et sensibilité, leurs impressions, leur regard sur ce qu'a vécu la Tunisie, mais également leurs appréhensions pour certains et leurs attentes et visions du futur pour d'autres. Un futur incertain, plein de divergences, même si l'envie générale est le renouveau de la Tunisie. Amine IDJER Ala jabiniha thawra wa kitab, de Youcef Baaloudj, recueil d'entretiens, Vescera Editions, Alger, 2011, 224 pages. Prix public : 300 DA.
