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4 mois de prison 230 millions d'Amende
AFFAIRE BOUTEFLIKA-LIBERTE : LE VERDICT
Publié dans Liberté le 05 - 11 - 2003

- Le tribunal de Sidi M'hamed a prononcé, hier, des peines d'emprisonnement avec sursis contre le directeur, le responsable de la coordination et un journaliste de Liberté.
- Cette condamnation est assortie d'une amende de 100 000 dinars contre chacun des trois accusés et d'une autre de 200 millions contre le journal.
- Liberté est poursuivi pour avoir publié un dossier sur le détournement du patrimoine immobilier du ministère des Affaires étrangères.
Affaire bouteflika-liberté : le verdict
4 mois de prison avec sursis, 230 millions d'amende
“C'est le premier procès du genre.” Voilà le commentaire, teinté de désabusement, de Me Meziane fait sur le procès qui s'est tenu, hier, au tribunal de Sidi M'hamed. Une instruction éclair où Hanafi Hattou (journaliste), Farid Alilat (directeur de publication) et Ali Ouafek (directeur de coordination) ont été jugés en l'absence de leurs avocats. Minutes d'un procès pas comme les autres.
9h45. Début du procès. Comme prévu par la loi, les trois avocats de la défense se sont constitués devant le président de l'audience. Mes Alleg, Bourayou et Meziane ont demandé l'un après l'autre le report du procès. La raison invoquée : se donner un délai pour mieux examiner le dossier et réunir les preuves. Report auquel le procureur de la République s'est farouchement opposé, rappelant que ce procès a été déjà reporté le 21 octobre dernier. Devant le refus du président du tribunal d'accéder à sa demande, la défense s'est retirée. Ce qui n'a pas empêché le président d'ouvrir l'audience.
10h. Il a appelé à la barre les trois journalistes de Liberté. Après s'être assuré de leurs identité et filiation, le président a rappelé les accusations retenues contre eux. À savoir, outrage et diffamation à l'encontre du président de la République. Il leur a demandé d'y répondre. Ils ont refusé catégoriquement de répondre en l'absence de leurs avocats. Et de voir alors le président du tribunal reprocher aux journalistes de vouloir politiser l'affaire !
10h05. Le procureur prend la parole. Il s'est lancé dans un long et très virulent réquisitoire. Deux heures durant, le représentant du ministère public a défendu avec un zèle de néophyte le président de la République, tout en soumettant la presse à un feu nourri de critiques acerbes. En commentant la Une de l'édition du 11 août 2003 du journal ayant pour titre “Tous des voleurs ?! Expliquez-vous”, le procureur a concédé à l'équipe de Liberté d'avoir agi avec intelligence en ajoutant cet “Expliquez-vous”.
C'est avec l'article de Hanafi Hattou que le représentant du ministère public a ouvert le bal. Dans son article intitulé “Bouteflika, Ouyahia, Taleb Ibrahimi… impliqués”, notre confrère n'a fait que reprendre des informations publiées par El Khabar. Le procureur a décortiqué tous les passages se rapportant à Bouteflika et à sa famille. Il s'est interrogé comment le journaliste a pu rapporter ces informations sur les acquisitions de Bouteflika et de sa famille.
10h30. En expédiant le cas de Hattou, le procureur s'est attaqué à celui du directeur de publication, Farid Alilat, qui a participé au dossier incriminé en signant un article ayant pour titre “Le mandat des affaires”. Il l'a commenté de long en large. Aussi, il fera un vif reproche à Alilat de n'avoir “aucun respect pour le Président. C'est comme s'il parle d'un repris de justice notoire et non du président de la République”. Tout l'article de l'auteur “est une humiliation, une insulte et une atteinte au président de la République”, assène-t-il. Ne se contentant pas d'exiger des preuves sur les informations rapportées dans l'article incriminé, le procureur a demandé les noms des journalistes qui ont vu Saïd Bouteflika à Dubaï avec 18 valises pour qu'ils soient cités comme témoins.
Le procureur a reconnu une certaine suite logique dans les articles constituant le dossier. Pour le procureur, ce dossier est prémédité et commandé par des parties tierces.
11h15. C'est au tour du commentaire de Ali Ouafek d'être épluché. Pour le représentant du ministère public, le sens du commentaire est clair : le Président est un souverain absolu, un tyran. Il reproche à l'éditorialiste d'avoir accusé le Président de corruption et de dilapidation de l'argent de Sonatrach dans une précampagne électorale. En défenseur du bilan de Bouteflika, il a lâché : “Quand il (Bouteflika, ndlr) fait rien, on lui reproche de ne rien faire. Et quand il fait quelque chose, on l'accable de l'avoir fait. Fahmou rouahtikoum !” Pour le procureur, tous les articles n'ont qu'une seule finalité, à savoir : “Insulter et humilier le président de la République pour ternir son image auprès des Algériens.” Il est plus que sûr : les journalistes ont des comptes à solder avec le Président. Pour lui, ce genre d'articles est un délit passible de sanction. Pour appuyer sa diatribe, il fera appel à des articles de la Constitution, du code pénal et du code de l'information. Ici, le procureur s'est permis d'exprimer ses doutes quant à la mission d'informer de la presse algérienne et de se laisser aller à des commentaires désobligeants, en s'interrogeant sur son attachement à la déontologie. “Au nom de la déontologie, on se permet d'insulter et d'injurier la personnalité du président de la République”, a-t-il regretté. Poussant le bouchon plus loin, il a qualifié la presse algérienne de “presse de l'insulte, de l'injure et de l'humiliation”. Même la devise de Liberté, “Le droit de savoir, le devoir d'informer”, n'est pas épargnée par le représentant du ministère public. Se mettant dans la peau de tuteur des Algériens, il a jugé que “le citoyen algérien n'a pas besoin, n'en a cure de cette information”. À la fin de son réquisitoire, le procureur a indiqué que les mis en cause sont tombés sous le coup des articles 144 et 144 bis du code pénal.
Aussi, il a requis à leur encontre une peine de 6 mois de prison ferme et une amende de 250 000 DA pour chacun d'eux. Tout comme il a demandé une autre amende de 250 millions de centimes contre le journal Liberté.
12h. Le président du tribunal et le procureur se sont retirés pour délibérer pour ne réapparaître qu'une vingtaine de minutes plus tard. Le président du tribunal annonce la décision : 4 mois de prison avec sursis et une amende de 100 000 DA pour chacun et une autre amende de 200 millions de centimes à l'encontre de Liberté.
Arab Chih
Le directeur de Liberté et le collectif de la défense dénoncent
“Un procès politique et expéditif”
Le procès des journalistes de Liberté, tenu hier, au tribunal Sidi M'hamed, a été expéditif.
Après la justice de la nuit, voici venue la justice express.
Immédiatement après le procès, le directeur de la publication, Farid Alilat, et le collectif des avocats de Liberté ont tenu une conférence de presse au siège du journal. Farid Alilat a tenu à mettre en exergue la “rapidité” de la procédure : le procès a été expédié en deux heures. Plus grave encore, les accusés ont été jugés en l'absence de la défense. Cette dernière s'est retirée après le refus du président de l'audience d'accorder le report du procès. La défense justifie cette demande de report par le fait que deux membres du collectif venaient de se constituer, en l'occurrence maîtres Bourayou et Alleg. “Il s'agit du premier procès politique de Bouteflika contre la presse. Ce procès intervient le lendemain d'une déclaration assez grave du Président qui s'en est pris, une autre fois, à la presse. Il s'est départi du costume de chef de l'Etat pour revêtir celui de procureur”, a déclaré Farid Alilat.
Pour le collectif des avocats, outre le fait que le procès a été expéditif, l'instruction a été également très rapide. “On aurait souhaité que toutes les affaires soient traitées avec cette rapidité”, remarque maître Bourayou. En effet, cette affaire a débuté le 15 août dernier par une première convocation de la police et voilà qu'elle est jugée moins de deux mois après. “Ce procès a été tenu dans la précipitation et, par conséquent, il a été sûrement commandé et donc, pour nous, c'est un procès nul. Et c'est scandaleux de juger trois journalistes sans défense. Le juge a rendu le verdict le jour même, alors que d'habitude, dans des affaires de presse, les verdicts ne sont rendus que 15 jours plus tard”, fait encore remarquer Me Bourayou.
Et de poursuivre : “Le pouvoir donne des instructions pour juger des journalistes. Nous n'avons pas peur, car nous avons suffisamment d'éléments. L'enquête, menée par le quotidien arabophone El Khabar, est solide. Même l'actuel ministre des Affaires étrangères reconnaît les faits tout en s'en lavant les mains.” On relève, selon les avocats, une volonté délibérée de museler cette presse et ce, depuis le mois d'août. Ce qui fait dire à Farid Alilat : “Le procès de Liberté est un avertissement à la presse qui ne marche pas avec le Président. Il se veut un exemple. Il ne faut pas gêner le Président, sinon vous allez avoir affaire à une justice expéditive. Le collectif des avocats compte faire appel et souligne qu'il ne plaidera que si tous les moyens et droits de la défense sont garantis.”
Le directeur de la publication du journal Liberté, Farid Alilat, le directeur de la coordination du même titre, Ali Ouafek, et le journaliste Hanafi Hattou ont été condamnés, hier, à quatre mois de prison avec sursis et à une amende de 100 000 DA chacun. Le journal est condamné, pour sa part, à verser deux millions de dinars.
Lors de ce procès, qui a eu lieu, hier, au tribunal Abane-Ramdane à Alger, le procureur a demandé six mois de prison ferme contre les accusés et 2 millions cinq cent mille dinars d'amende contre le titre. Cette affaire devait être jugée le 24 octobre dernier et a été reportée pour hier à cause de l'absence du directeur de la publication.
Mourad Belaïdi


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