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Souffles…
Le manifeste du lecteur arabophone en Algérie !
Publié dans Liberté le 19 - 01 - 2012

Libérez le lecteur arabophone. C'est une urgence culturelle !
Attention, quelque chose de grave est en train de se produire et de s'accumuler dans nos espaces livresques ! C'est mortel, catastrophique. Ce qui se produit dans le domaine de la lecture, chez nous, constitue le pas vers un glissement tragique. Sur la même terre, sous le même ciel, on avance vers la création de deux peuples, deux peuples avec des références différentes, opposées et même conflictuelles.
Pour être clair, pour moi, le problème qui se pose ne réside en aucun cas dans la langue en elle-même. Ni dans l'arabe ni dans le français. Toutes les langues sont belles. Toutes, elles ont leur génie. En matière du livre, le danger demeure dans le contenu véhiculé dans cette langue ou dans l'autre. Le danger intellectuel s'installe dans la disponibilité d'une catégorie du livre et l'absence d'une autre.
Libérez le lecteur arabophone. Permettez-moi d'être encore clair et un peu plus direct, et dire : il est l'heure de tirer la sonnette d'alarme. Le lecteur arabophone agonise, périt, se déforme, de plus en plus se charlatane.
En livre littéraire, même avec un retard, une rupture, le lecteur algérien francophone est modestement servi. Chez le bon libraire, selon la locution répandue, on trouve les romans : de Boualem Sansal, de Yasmina Khadra, de Michel Houellebecq, de Anouar Benmalek, de J.M. Le Clésio, de Kundera, de Vaclav Havel, de Murakami, de Nabokov et même de Nothomb…
De l'autre côté, le lecteur algérien arabophone se trouve complètement coupé de la réalité littéraire, la bonne littérature est absente du “souk”. Pour s'acquérir un nouveau roman : de Ilyès Khouri ou de Jamal Ghaytani ou de Nabil Souleimane ou de Ibrahim Nasr Allah ou de Leila Sanaâ ou de Alla Al Aswani, il faut attendre, et cela n'est pas certain, la tenue du Salon international du livre, de l'an prochain !!!
Si, même humblement, le lecteur francophone est à l'heure littéraire universelle, l'arabophone n'est pas sorti des livres de Al Manfalouti, Nagib Mahfouz ou encore la mauvaise littérature et didactique et moraliste.
C'est paradoxal, chez nous, par le biais de la traduction vers le français, les bons romans d'écrivains arabes sont lus par le lecteur francophone avant d'arriver au lecteur arabophone dans leur langue d'origine. C'est bizarre ! Les Algériens ont lu Al Aswani, Ilyes Khouri et même Darwich en français avant de les trouver en arabe, c'est chimérique !
En livres d'histoire, je parle de l'histoire de notre pays, même s'il n'y a pas un grand choix, le lecteur algérien francophone est chanceux. Il trouvera chez le bon libraire les écrits de Mohamed Harbi, de Benjamin Stora, de Dahou Djerbal, d'Abdallah Laroui et d'autres. Il trouvera aussi les mémoires de quelques personnalités politiques ou historiques. De l'autre côté, le lecteur arabophone se trouve face aux rayonnages bourrés de livres sur Saddam Hussein, la guerre du Golfe, des écrits propagandes sur le 11 septembre, etc.
En matière du livre religieux, ou sur la religion, le lecteur francophone trouvera les livres des savants modernes et d'actualité épistémologique : de Mohamed Arkoun, de Hichem Djaït, de Youssef Seddik, de Gilles Kepel, de Fatima Mernici, de Jacques Berque, de Maxime Rodinsson et d'autres.
Ce qui est présenté au lecteur arabophone est empoisonné. Livre de la propagande, du charlatanisme religieux. Des fascicules farcis de fatwas politico-religieuses, écrits par les prêcheurs salafistes, stars des chaînes de télévision moyenâgeuses et moyen-orientales. Si le lecteur de demain n'est que cet enfant d'aujourd'hui. En livres pour enfants, comme en livres de la bande dessinée, les nouveaux jeunes lecteurs francophones trouvent, chez les bons libraires pour assouvir leur soif, et tant mieux. Esthétiquement, les livres en français sont bien faits. Le choix des textes aussi.
Et dans l'autre camp, les enfants de l'autre peuple, les enfants du deuxième bureau, ceux qui veulent lire en arabe se trouvent face au livre religieux. Livre sur les tortures que subissent les morts dans leurs tombes, les feux de la géhenne. La peur. Le traumatisme. Des histoires des prophètes ou des compagnons coupées de la réalité vécue. Esthétiquement, les livres en arabe, pour enfants, sont moches et bourrés de fautes.
Dans notre pays, un phénomène est en train de se produire : façonner le lecteur arabophone dans une appartenance au passé passéiste. Un citoyen autosatisfait, ne récoltant que le passé pour y vivre. Faire du lecteur francophone un être du demain, ne regardant que le futur.J'appelle, en urgence, à la libération du lecteur arabophone de cette agression “in-culturelle”.
Par ce manifeste littéraire clair et direct, j'appelle à revoir, et en urgence, notre politique de la lecture. Celle du livre ! À faire l'état des lieux du livre. Si l'Algérie a interdit la friperie des vêtements, nous ne l'accepterons pas dans le domaine du livre arabe. En l'absence d'une telle approche courageuse nous sommes en train de fabriquer des bombes idéologiques qui, un jour proche, éclateront dans nos visages.
A. Z.
[email protected]


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