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«Je me revendique écrivain réaliste»
Mohamed Sari.Traducteur et écrivain
Publié dans El Watan le 26 - 02 - 2011

Personnage simple et discret, il édifie des passerelles pour son écriture et celle des autres.
- Comme on dit «Traduttore, traditore» (traducteur, traître), pourrait-on dire «Traduttore, innamorati» (amoureux) ? Faut-il aimer une œuvre pour la traduire ?
Pas forcément, mais il est préférable d'aimer une œuvre littéraire pour bien la travailler. Le travail du traducteur littéraire ressemble à celui de l'ébéniste. Il s'articule surtout sur les microstructures, c'est-à-dire les mots et les phrases. Il m'est arrivé de passer une matinée à fouiner dans des dictionnaires, à écrire et réécrire une phrase pour qu'elle soit belle, comme si c'était moi son créateur. Je me dis que si la phrase m'a séduit dans sa langue d'origine, m'a donné du plaisir, il faut qu'elle soit la même dans sa langue d'adoption, qu'elle procure à son lecteur le même plaisir. Pour ce qui est de la trahison de la traduction, il y a une formule qui éloigne le sens négatif du mot «trahir», c'est de dire que les œuvres traduites sont de «belles infidèles». Vous avez traduit en arabe plusieurs auteurs algériens écrivant en français.
- Avez-vous le sentiment de contribuer au décloisonnement des lectorats arabophone et francophone ?
Un climat malsain règne entre arabophones et francophones, et il ferme les voies du dialogue et de l'échange. Il a même créé chez certains écrivains et lecteurs une animosité gratuite de part et d'autre. La traduction peut détruire ce mur d'incompréhension et jouer le rôle de réconciliateur. Actuellement, la traduction se fait beaucoup plus dans le sens du français vers l'arabe. On aimerait bien aussi qu'elle se fasse dans l'autre sens.
- Certains estiment qu'un écrivain est plus à même de traduire un autre écrivain.
C'est un souhait, mais pas une nécessité. Des grands écrivains ont traduit des œuvres d'autres écrivains, et ces traductions sont restées intouchables : Baudelaire/Edgar Allan Poe, Gérard de Nerval/Goëthe, Djabra Ibrahim Djabra/William Faulkner... C'est vrai qu'un écrivain est plus sensible à la beauté des mots et à la musicalité des phrases. Donc, forcément, il produira un beau texte. Les écrivains traduisent le texte qui les a émerveillés. Mais le métier de traducteur s'affine au fil des traductions, surtout s'il se spécialise dans les œuvres d'un écrivain, comme c'est le cas de Maurice Edgar Coindreau avec William Faulkner ou Samy Droubi avec Dostoïevsky.

- Le double statut de traducteur et d'écrivain peut-il s'avérer conflictuel ? Par exemple le risque d'une influence inconsciente des traductions sur l'écriture…
Le risque existe. Mais quel écrivain, sans être lui-même traducteur, peut se targuer d'avoir échappé aux influences des autres écrivains ? La traduction est une lecture, mais plus approfondie, et elle enrichit le métier d'écrivain. On distingue entre l'influence inconsciente, à laquelle aucun écrivain ne peut échapper, et l'influence consciente que l'on doit éviter. Dans mes premiers romans par exemple, j'étais conscient de l'influence du nouveau roman, surtout Alain Robbe-Grillet, sur mon roman Essair et de Marquez avec Chronique d'une mort annoncée sur l'écriture de mon livre La Carte magique. J'ai tout fait pour échapper à la mauvaise influence, pour effacer ce qui peut être considéré comme une piètre imitation.
- Vous êtes l'un des rares écrivains au monde qui ait vu une traduction d'un de ses romans paraître avant la version originale, ce qui est arrivé avec Le Labyrinthe…
Oui, c'est un fait assez rare qui n'arrive que dans des situations exceptionnelles (guerre, répression…). A l'époque, (je l'ai écrit en 96/97), il était difficile de publier un livre sur le terrorisme en Algérie. D'ailleurs, j'ai arrêté l'écriture en arabe au beau milieu, et je l'ai repris en français, estimant avoir plus de chances d'être publié. Et j'avais raison. Le roman a paru en France puis a été réédité en poche en Algérie. La version arabe a attendu encore trois ans pour être publiée ici.

- Après plusieurs publications en arabe, vous avez écrit un roman en français… Qu'est-ce qui vous a motivé ? Etait-ce un exercice, un essai ou une option ?
Vous savez, j'ai commencé ma carrière littéraire en publiant des poèmes et de petites nouvelles en français (1974/75) alors que j'étais au lycée. J'ai même écrit un roman non publié que je garde jalousement dans trois cahiers d'écolier. Ensuite, l'arabisation m'a attrapé en cours de route. Mais je suis resté un grand lecteur de romans en français. J'ai publié trois romans en arabe et des centaines d'articles de critique littéraire dans des journaux et revues, avant de retourner à l'écriture en français. D'abord avec des chroniques dans un journal, dont certaines ont été retravaillées et publiées dans le recueil Le Naufrage. Ensuite ce fut Le Labyrinthe, écrit partiellement en français, et un autre roman inédit, Pluies d'or. Je me trouve à l'aise en français, pourquoi me priver ? L'écriture, c'est d'abord un plaisir, pour l'auteur et pour le lecteur. L'accueil fait au Naufrage, l'automne passé, m'encourage à poursuivre l'écriture en français.

- Votre écriture est très classique. A quoi devez-vous ce fort penchant réaliste ?
Je suis un grand consommateur de romans à histoires, dites classiques. Et je me revendique comme écrivain réaliste. Je conçois le roman comme représentation du réel. Je suis à l'écoute des pulsions et des faits qui s'agitent autour de moi. Je puise mes personnages dans les méandres de notre société. Je ne me vois pas raconter autre chose, pour plaire ou imiter une mode. J'appartiens à cette société, et je partage ses joies et ses douleurs, ses grandeurs et ses faiblesses. Et j'aimerais bien que toute cette richesse soit pérennisée dans une grande œuvre littéraire, reconnue et consacrée de par le monde. Beaucoup d'écrivains ont porté les soubresauts de leur société dans leurs œuvres. Je fais mienne cette conception de l'écriture romanesque.

- Vos personnages sont quasiment tous issus des couches populaires, de ce qu'on nomme «les petites gens». Est-ce un choix éthique, voire politique, ou le fruit de votre propre expérience ?
C'est tout cela à la fois. D'abord, par mon expérience personnelle, je suis très attaché à cette société et je ne pense pas la quitter un jour pour n'importe quel exil, fût-il un eden. Je suis comme un poisson dans l'eau. Donc, quand j'écris, des images et des faits emplissent mon imaginaire. Et le talent de l'écrivain fait le reste. D'ailleurs, les lecteurs de mes romans et nouvelles se reconnaissent dans mes personnages. Youcef Sebti a fait une bonne lecture de mon roman Essair, en disant que c'est une histoire qui raconte très bien les changements qui bouleversent la campagne algérienne, lui le sociologue qui connaîssait profondément sa société. C'est aussi un choix politique et éthique. Notre société a aussi besoin de ses fils écrivains pour la pérenniser et la graver à jamais dans l'histoire de l'humanité.

- Quel projet littéraire poursuivez-vous en ce moment ?
J'attends la sortie cette année de mon roman Pluies d'or chez Barzakh. C'est une plongée dans la violence des extrémismes, religieux, sociaux et politiques, à travers, bien sûr, une trame et des personnages qui remontent aux années de l'avant-guerre de libération. C'est aussi un investissement dans la forme romanesque, le langage poétique, les dialogues et autres techniques de narration. Je mets fin aux dernières retouches d'un autre roman, en arabe, sur la violence terroriste. C'est une histoire qui m'est restée collée à la gorge depuis des années. J'avais tous les ingrédients pour une bonne histoire, des personnages touchants, et il fallait l'écrire. C'est fait et ça doit sortir aussi chez Barzakh.


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