“Je vous donne un scoop : on m'a dit qu'il y avait un grand nombre de citoyens qui veulent se porter candidats aux élections en tant qu'indépendants ou sur les listes des partis”. Parmi eux, il y a “ceux qui cherchent l'argent et les privilèges matériels”, explique M. Ould Kablia. Après avoir décidé en 2008, à quelques semaines du vote par le Parlement de la révision constitutionnelle qui a fait sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels, d'augmenter substantiellement les rémunérations des députés, les autorités tournent casaque et comptent revoir à la baisse les émoluments des futurs parlementaires. C'est le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, qui, en marge de la cérémonie d'installation de la commission de supervision des élections organisée hier au Palais des nations, à Alger, a lancé ce “scoop” aux journalistes sans que personne ne l'ait interrogé sur la question. “Il y a une chose que vous n'avez pas demandée. Je vous donne un scoop : on m'a dit qu'il y avait un grand nombre de citoyens qui veulent se porter candidats aux élections en tant qu'indépendants ou sur les listes des partis. Pour quel motif ? Il y a trois éventualités : primo, il y a des gens qui veulent réellement servir le peuple et l'Etat à travers les programmes de leur parti. Deuxio, il y a ceux qui cherchent la célébrité. Tertio, il y a ceux qui cherchent l'argent et les privilèges matériels”, explique M. Ould Kablia, avant de lancer : “Alors, il est fort possible de réviser le régime indemnitaire des parlementaires.” Outre “la flambée” de candidatures à la députation, l'absentéisme lors des sessions de l'actuelle législature semble être l'autre raison qui a motivé la décision des autorités. Pour M. Ould Kablia, le salaire des députés sera désormais fonction de leur assiduité aux séances de l'Assemblée. À la question : “Allez-vous baisser leurs salaires ?” M. Ould Kablia rétorque : “Il sera lié à la présence effective dans les travaux des séances plénières et les sessions des assemblées.” Question : pourquoi cette décision de revoir à la baisse les salaires des députés aujourd'hui à moins de trois mois des prochaines législatives ? Pour dompter les démons de l'abstention, les autorités veulent coûte que coûte rendre les prochaines élections “attrayantes” aux yeux des citoyens dans le but de les pousser à aller massivement aux urnes. On se souvient du haut-le-cœur provoqué chez les Algériens par les augmentations faramineuses des salaires des députés en 2008. Pour crédibiliser un tant soit peu les futurs députés aux yeux des citoyens, les autorités ont donc décidé d'effacer d'un trait cette raison de la colère citoyenne. Interrogé sur les rencontres entre l'ambassadeur américain à Alger et les acteurs de la société civile, le ministre de l'Intérieur a répondu : “On n'a aucune information sur cela. Ils agissent d'une manière unilatérale. Ils n'ont jamais demandé d'autorisation. Et ce sont les partis qui vont aux ambassades et non les ambassades qui les invitent à venir chez eux.” Les autorités algériennes comptent-elles sanctionner les gens qui se sont rendus chez les Américains ? “On ne peut pas. Nous, on facilite les libertés aux citoyens. Si lui (l'ambassadeur, ndlr) exagère dans ses comportements, ça c'est une autre chose”, rétorque-t-il. A. C.
