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Trois mois après l'instauration de la Tunisie post-Benali aux couleurs islamistes
Les acteurs de la Révolution du jasmin menacent de reprendre du service
Publié dans Liberté le 29 - 02 - 2012

Faites déguerpir “ces usurpateurs”, “voleurs de révolution”! Le débat fait rage dans la Tunisie post-Ben Ali. Le masque d'Ennahda est tombé.
Depuis trois mois qu'il est pouvoir, le parti islamiste fait plus de bruit sur son projet sociétal bâti sur la religion que sur les réels problèmes qui ont enclenché le soulèvement du peuple tunisiens, au point que les acteurs de la révolution du Jasmin et promoteurs des “Printemps arabes”, font état de craintes de voir leur pays devenir comme l'Egypte où règne le chaos. Ils en sont venus à menacer le pouvoir de “Dégage n°2”.
Le processus a été inauguré en début de semaine dans les rues de Tunis, Sfax, Bizerte, de l'emblématique Sidi Bouzid et un peu partout ailleurs. Des travailleurs ont manifesté, accompagnés de la société civile, contre le gouvernement qu'ils ont même appelé à démissionner. Dans l'avenue Bourguiba de Tunis, pas une place pour une aiguille ce samedi : drapeaux du pays, couleurs syndicales, banderoles et affiches dans l'air. Devant le ministère de l'Intérieur, siège de l'ultime manifestation qui a chassé Ben Ali : “Ya nahdhaoui, ya jaban, chaâb tounes la youhan” (Nahdhaoui peureux, le peuple tunisien ne s'humilie point), “Tounes horra, horra, Ennahdha aâla barra” (Tunisie libre, Ennahda dehors), “Echaâb yourid esqat ennidham” (Le peuple veut faire tomber le gouvernement), “Démission, démission du gouvernement”, “Plus de peur, le pouvoir est aux mains du peuple”, ont scandé les manifestants, tout en s'en prenant à Rached Ghannouchi, leader islamique, à Hamadi Jebali, Chef du gouvernement, à Ali Laârayedh, ministre de l'Intérieur, tous deux d'Ennahda également. Une vraie démonstration de force de la centrale syndicale (UGTT) dont la mobilisation, rappelle-t-on, avait joué un rôle majeur dans la chute de régime de Ben Ali, mais qui s'était éclipsée lorsqu'il fallait reconstruire l'édifice institutionnel, pensant que syndicat et politique ne font pas bon ménage. Donc, après trois mois d'errements et de dérives, selon des cadres syndicaux, “c'est l'occasion pour démontrer que les travailleurs représentent une force majeure dans le pays et qu'on ne gagne rien à entrer en conflit avec eux”. Samedi, les manifestants violemment réprimés par la police, ont dit qu'ils “ne se laisseront plus jamais marcher sur les pieds et qu'au moment où il faut agir, ils agiront”. Ajoutant pour ceux qui ont la mémoire courte pour avoir rejoint la révolution sur le tard et pris la plus grande part dans le festin post-dictatorial, les islamistes, que la centrale syndicale est capable de rassembler des milliers de personnes pour changer la donne. L'UGTT est non seulement sortie de sa réserve mais se fait menaçante, sachant qu'elle n'est pas seule à faire acte de ses désillusions. L'avenue Bourguiba de Tunis rappelait samedi les journées de colères qui ont fait déguerpir Ben Ali. Cette fois, les affiches et slogans sont brandis contre la gouvernance post-Ben Ali. Des représentants de la société civile, des défenseurs des droits de l'homme et des dirigeants politiques de la gauche, étaient de la partie car selon les uns et les autres, le gouvernement dirigé par Ennahda, est en train de fauter. “Ni les intérêts des travailleurs ni ceux de la révolution ne sont protégés”, proclamaient des affiches, complétées par : “tentatives de passage en force des islamistes non modérés”. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase : pendant des jours, des sacs poubelles étaient jetés devant plusieurs sièges de l'UGTT qui accuse Ennahda. Le parti de Ghannouchi a nié les faits et même condamné les actes, mais la centrale syndicale dit détenir des preuves et compte poursuivre en justice ceux qui se sont attaqués à ses locaux. Pourquoi Ennahda s'est attaquée à l'UGTT, le moteur de la révolution tunisienne, le modèle réussi des Printemps arabes ?
La question est sans réponse mais on peut suspecter que les islamistes veulent changer le syndicat historique par un nouveau à leur dévotion, un syndicat islamiste, comme il en existe à la pelle au Caire. Déjà, des avocats ont constitué un syndicat proche d'Ennahda. Le parti de Ghannouchi, qui s'inspire plus des Frères musulmans égyptiens que de l'AKP turc dont il vante le modèle, est suspecté par les franges modernistes et républicaines, d'opérer depuis les élections de la Constituante, il y a cinq mois, selon la stratégie de l'escargot. Majoritaire au Parlement et à la tête du gouvernement, Ennahda impose lentement mais sûrement son diktat à ses deux partenaires : le Congrès pour la République (CPR) et Ettakatol. Trois mois après la constitution du gouvernement, cette troïka au pouvoir navigue ainsi à vue et n'est pas arrivée à proposer une issue qui sorte le pays de l'ornière. Les dossiers épineux que sont le chômage, la précarité, la sécurité et la relance économique, ne sont pas ouverts, d'où ces grèves et sit-in sauvages qui ont redoublé d'intensité comme dans le bassin minier, berceau de la révolution, en train de bouillonner de nouveau.
Le tourisme, moteur essentiel de l'activité économique, a coulé et les Qataris se font toujours attendre. Face à la régression socioéconomique, Ennahda tolère les contre-feux allumées par les salafistes et qui empoisonnent le quotidien des tranches sociales sécularisées de la Tunisie. La stratégie est connue : exaspérer les citoyens pour détourner leur attention des vrais problèmes. Tandis que de la bouche même du président de la République, dont le rôle est symbolique, un plan de relance économique sera prêt dans un ou deux mois, dans le gouvernement, tout est conforme, selon des observateurs tunisiens, aux directives d'Ennahda. Le Parti des militants des droits de l'homme et des démocrates progressistes, donne l'impression de s'être muté en un clone d'Ennahda et son leader, devenu président de la République, Moncef Marzouki, est devenu un défenseur “acharné” des thèses islamistes qualifiées par lui de “modérées”! Au nom de la théorie du “tawafek” (concorde). Pour autant, les démocrates tunisiens ont retenu qu'il n'a pas soufflé mot sur les récentes exactions des salafistes, dont la création d'une police de la vertu, sous le couvert d'une association agréée. Idem pour Ettakatol, accusé lui aussi par les formations démocratiques qui n'ont pas enfourché le cheval islamiste, d'entériner les positions islamistes par ses abstentions. Les acteurs de la révolution tunisienne en sont venus à suspecter “la troïka moulée dans l'hégémonie d'Ennahda” d'aller plus loin que l'action du gouvernement provisoire en place dans le pays. À leurs yeux, tout semble indiquer qu'un front uni Ennahda-CPR-Ettakattol est en cours de constitution, en vue des prochaines législatives, pour “contrecarrer” les velléités de regroupement de l'opposition.
D. B


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