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Une soirée auprès des SDF de Tizi Ouzou
D'anciens scouts au secours des sans-abri
Publié dans Liberté le 10 - 03 - 2012

Comme dans toutes les grandes villes d'Algérie, les sans-abri sont légion à Tizi Ouzou où l'association des anciens scouts de la ville des Genêts a pris pour habitude, depuis quelques années déjà, de leur tenir compagnie et leur venir en aide cahque hiver.
De nos jours, les sans-abri et les SDF sont de plus en plus nombreux en Algérie et le plus grave est que la société les considère très souvent comme des vagabonds ou aliénés qui ont choisi d'errer dans la rue sans raison ni le moindre horizon. Pourtant, dans la plupart des cas, ce sont des êtres humains dont le destin a basculé un jour pour une raison ou pour une autre. Ce sont des universitaires, des lycéens, des hommes au chômage, des femmes répudiées ou des familles démunies qui se sont retrouvés dehors, sans emploi, sans toit et sans abri ni la moindre ressource. Des damnés des temps modernes, livrés à leur propre sort. Viendra-t-il le jour où chacun de ces citoyens sans domicile fixe regagnera un domicile et retrouvera la chaleur familiale ? Et pourquoi pas !
Virée nocturne avec les scouts de Tizi Ouzou
À Tizi Ouzou, l'occasion nous a été donnée d'accompagner un groupe de jeunes volontaires relevant de la dynamique Association des anciens scouts de Tizi Ouzou qui, depuis sept ans, durant l'hiver, et à l'ombre des regards, apportent de l'aide et du réconfort à ces personnes affligées. Il était 19h30 devant le siège de l'association, un ancien château d'eau désaffecté et réaménagé en tant que siège dans le quartier populeux de Lalla Saïda à la limite de la haute ville de Tizi Ouzou. Réglée comme une horloge, l'équipe qui va faire la tournée en cette soirée glaciale du mois de février a déjà préparé son expédition de tous les soirs. Vers 20h, début de mission pour les sept membres de l'équipe qui prennent place à bord d'un fourgon aménagé mis à leur disposition par un particulier, également membre de l'association.
À son bord, des gamelles et des victuailles. Au menu du jour, une chorba au vermicelle, de la tisane, du pain, de l'eau et du yaourt. Dans une ambiance chaleureuse et conviviale, ces volontaires partagent chaque jour, ou plutôt chaque soir, leur destin avec une trentaine de SDF localisés dans les différentes rues et artères de la ville des Genêts.
Hocine, chargé de la mission de cette sortie, tout comme les autres éléments de l'équipe, connaît parfaitement ces sans-abri, leurs lieux de campement de fortune et leurs profils tout cela pour les avoir côtoyés chaque jour. Le premier rencontré, Youcef, la trentaine, enroulé dans une couverture vivote depuis quelque temps déjà aux alentours du Bâtiment bleu en plein centre-ville. Il attend comme chaque soir et depuis le début de l'hiver, la venue des braves scouts avec lesquels il a tissé de très bonnes relations. “Il faut venir un peu tôt, car avec le froid j'ai envie de dormir un peu plus tôt”, lance-t-il à Hocine d'un air très familier, presque parental.
Zineb, la fillette aux pieds nus
Arrivée au niveau de la Cité EPLF, près de l'ancienne gare ferroviaire, où toute une famille vit tragiquement dans la rue. Hayet vit seule avec ses sept enfants, toutes des filles qui ont élu domicile à même le trottoir depuis une semaine et sous un froid glacial avec une température qui oscille autour des 4°C. Âgée de 35 ans, Hayet s'est retrouvée du jour au lendemain dans la rue et la misère après avoir été chassée du domicile familial par un de ses parents, avoue-t-elle. “Je veux une maison pour moi et mes filles. La plus petite est âgée de trois ans”. En attendant, elle est prise en charge par l'Association des anciens scouts qui lui sert chaque soir un repas chaud et lui offre des couvertures, pour elle et ses malheureux enfants dont l'aînée frise déjà les quinze ans. La plus jeune, Zineb, les pieds nus s'accroche à sa mère comme seul refuge. Cette famille livre une véritable bataille contre le vide féroce, le désespoir atroce et les souffrances de la nuit glaciale. “Je n'ai que Dieu comme seul protecteur. J'étais internée à l'hôpital psychiatrique Fernane-Hanafi de Oued Aïssi à Tizi Ouzou, et là on m'a jeté dehors. Je me retrouve désespérément dans la rue avec tous mes enfants. Mon mari est en prison depuis un moment. C'est pourquoi je souhaite avoir une prise en charge pour mes filles et moi-même car nous sommes constamment en danger”. Des enfants qui se retrouvent dans les allées en proie à des agressions et abus de tout genre. Pourtant, des organismes d'assistance sociale existent bien dans notre pays. Mais où sont-t-ils ? La question reste posée. À quelque mètres de là, on accoste une autre fille SDF. Fadhila est âgée de vingt ans. Elle laisse planer sur son visage miséreux un sourire familier et rassuré à l'arrivée des scouts providentiels. Originaire de Maatkas, elle a été poussée vers la rue, au même titre que son père malade et les autres membres de sa famille et ce faute de domicile. “Notre vieille maison menaçait ruine et les agents de l'APC nous ont demandé de quitter les lieux car elle représentait un danger pour nous. Ils nous ont proposé une aide à l'autoconstruction, mais nous n'avons pas de terrain à bâtir”. À l'initiative de l'association des scouts, Fadhila aura droit à une formation et à un métier comme couturière chez un particulier qui a promis de la prendre en charge au sein même de sa famille. Rendez-vous est donné pour le lendemain. Un autre cas, celui de Ouardia, qui en dit long. Cette femme originaire de Aïn El Hammam, trouve refuge au centre commercial Amirouche de la tour de la Nouvelle-ville. Son enfant, une fille de treize ans est accueillie par un oncle à Annar Ammallal, à la périphérie de Tizi Ouzou. Cette femme, d'un certain âge est malade et, elle aussi, ne souhaite qu'une chose, un toit pour elle et fille. .
Un ingénieur en électrotechnique À la rue
Plus loin, on va à la rencontre de “Thank you” comme l'appellent les membres de l'équipe, ou “Da Arezki”, de son vrai nom, un SDF qui a trouvé refuge dans le hall d'un immeuble, au niveau de la gare ferroviaire de Draâ Ben Khedda. Cet ingénieur en électrotechnique vit depuis des mois au pied d'un bâtiment, cloîtré derrière des barreaux en acier. Âgé d'une cinquantaine d'années, le visage couvert d'une barbe de plusieurs jours, “Da Arezki” se lève difficilement mais avec une marque de sympathie à l'arrivée du fourgon des scouts de Tizi qu'il distingue de loin. “C'est un homme brave, sage et compréhensif. Il a pris cet immeuble pour refuge depuis plusieurs mois maintenant”, nous indique un membre de l'équipe. Les arrêts se succèdent l'un après l'autre, et chaque fois avec le même rituel et la même complicité. On sert des bols de soupe, du pain, de l'eau, de la tisane chaude et un dessert. Ces aides proviennent pour la plupart de particuliers. Des dons collectés par l'association, de bouche à oreille. “Il y a des moments où ce sont des familles qui font don du repas du jour comme ‘sadaka', une offrande, et parfois par un restaurateur au niveau de la gare routière de Tizi Ouzou”, indique-t-on. Toujours sur la route de DBK, un SDF, trouvant place sur la chaussée, tente d'allumer un feu de bois. Il resta figé à l'arrivée du fourgon. Celui-ci n'est pas sociable. Il n'admet qu'à un seul membre de l'équipe de l'approcher et Il le reconnaît aisément à sa voix et ce contrairement à Rachid, retrouvé plus loin, adossé à un arbre et qui semble guetter l'arrivée des secours.
T. S., 16 ans, brillant élève logé dans un local désaffecté
Il est presque 22h et retour à Tizi où on retrouve T .S., 16 ans, jeune lycéen, dynamique et brillant élève qui vit avec sa mère dans un petit commerce désaffecté du boulevard Stiti. Grâce à sa volonté, à celle de sa mère et l'aide des anciens scouts de Tizi Ouzou qui le soutiennent, ce jeune adolescent affiche une réelle volonté de persévérer dans ses études ainsi que dans le domaine sportif qu'il aime tant. “Son rêve est de devenir un grand boxeur. Ce garçon est un bon exemple de persévérance et d'espoir. C'est un jeune homme qui a toujours affronté son destin. Il est toujours souriant”, nous dit-t-on. D'ailleurs, durant tous les instants passés à ses côtés, il n'a pas cessé un seul moment de parler de ses études et du sport qu'il affectionne par-dessus tout. À défaut de vivre sa vie dans un petit “chez-soi”, le jeune homme même seul et désemparé vit d'espoir et de conviction, tout en se blottissant dans l'affection d'une maman à laquelle il rêve d'offrir des jours meilleurs.
Une association en quête de soutien
“Nous n'avons eu aucune aide des autorités locales. La seule fois où nous avons demandé un moyen de transport, nous avons eu droit à un refus catégorique, mais cela ne nous décourage pas”, nous indique Mahmoud. Issus de différentes couches sociales, ouvriers, pharmacien, ancien pompier, banquier, agriculteur, les adhérents de l'Association des anciens scouts de Tizi Ouzou ont su faire de leur volonté leur seul outil de résistance.
Qu'il pleuve, qu'il neige ou qu'il tonne, ils parcourent chaque soir les rues et les ruelles de Tizi Ouzou pour porter aide et assistance à cette frange marginalisée de la société. Contrairement à l'année passée où cette équipe avait enregistré un décès parmi les SDF, cet hiver, par miracle, aucun décès n'a été enregistré chez les SDF et ce malgré la tempête de neige exceptionnelle qui s'est abattue sur toute la région. Aux environs de 22h, les bénévoles marquent une pause pour manger un bout.
On se sert le même plat offert durant tout le parcours. “Nous goûtons à tout ce que nous servons à ces pauvres malheureux. C'est notre façon à nous de marquer le plat témoin et de partager aussi un moment de convivialité et de chaleur humaine avec les sans-abri”, affirme-t-on. Prochaine et dernière escale : le parc communal. “On ne se contente pas de servir les sans-abri mais aussi les travailleurs de la voirie qu'on croise la nuit dans les rues, comme vous venez de le constater par vous-même. Ces travailleurs de la nuit méritent eux aussi beaucoup de considération. Chaque fois, on fait aussi une halte au parc communal, dernier arrêt de la caravane, pour servir ces éboueurs qui travaillent dans des conditions très pénibles”, dira Hocine le chef scout. Il est 22 h 30, retour au siège de l'association. La grosse marmite est récupérée par un membre de l'équipe. C'est lui qui préparera le repas du lendemain.La soirée prend fin très tard la nuit pour ces vaillants scouts qui, pour respecter la devise du fameux Baden Powell, le père spirituel du scoutisme à l'échelle planétaire, ont toujours prêté serment pour rappeler en fait qu'“un scout doit toujours servir son prochain”.
K. T.


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