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Dans un entretien exclusif à Liberté
Benmeradi tient à ses champions publics
Publié dans Liberté le 04 - 04 - 2012

Liberté : Quelle est la nouvelle approche de l'exécutif en matière de stratégie industrielle ?
Mohamed Benmeradi : Dès les premières années de l'indépendance, et nous en fêtons avec fierté le cinquantenaire cette année, l'Algérie avait fixé comme axe stratégique de son développement économique et social, la mise en place d'une industrie en mesure de répondre aux besoins à long terme de développement du pays. C'est pourquoi, on peut se targuer aujourd'hui de posséder le tissu industriel le plus dense du sud de la Méditerranée.
Mais il n'en reste pas moins que le constat qu'on peut avancer actuellement est que la production industrielle est bien en deçà du potentiel existant, aussi bien pour le secteur public qui recèle des capacités sous-utilisées, que pour le secteur privé qui n'est pas arrivé à impulser une dynamique de développement industriel suffisante eu égard à son caractère atomisé et la faiblesse de son tissu économique. La croissance économique demeure, il est vrai, tirée par le secteur des hydrocarbures et la dépense publique, l'industrie manufacturière ne contribuant pas, il faut dire, à un niveau décisif. D'ailleurs, ce constat peut être élargi également au secteur agricole et touristique.
Alors, l'Algérie doit-elle avoir des ambitions industrielles ?
Ma réponse est oui. Elle en possède les moyens financiers et, surtout, humains. Elle en possède également la volonté.
L'approche du gouvernement en matière de développement industriel repose sur le renforcement du potentiel productif à travers l'amélioration de la compétitivité des filières industrielles, la modernisation de l'outil de production et l'amélioration de l'environnement de l'entreprise.
Cette démarche vise essentiellement l'intégration économique et la substitution aux importations, pour permettre d'une part, la remontée de certaines filières comme la mécanique et d'autre part le développement de nouvelles filières prometteuses. Nous pouvons citer parmi les industries que nous voulons promouvoir : la pétrochimie et l'industrie automobile.
Notre objectif est de faire du secteur industriel un véritable catalyseur des ressources de la nation et un moteur de croissance incontournable.
Plusieurs programmes et actions sont en cours de mise en œuvre pour développer notre industrie et diversifier notre économie en agissant sur les deux leviers que sont, d'une part, le secteur public marchand et, d'autre part, le secteur privé.
Permettez-moi, trois observations liminaires à cet égard :
1. Il n'existe aucune velléité du gouvernement de faire une discrimination entre les deux secteurs, public et privé; ils ne sont pas en concurrence, ni en matière de politique économique, ni sur le marché, du reste. Les moyens financiers dégagés par l'Etat et les effets qui en découlent profitent à toutes les catégories d'entreprises sans distinction, notamment pour ce qui touche à l'amélioration du climat des affaires et l'allégement des contraintes qui pesaient sur les activités productives et leur promotion.
2. Les deux secteurs bénéficient quasiment également de l'appui de l'Etat, selon des modalités et des conditions qui tiennent compte des caractères des entreprises les constituant et des secteurs d'activité dans lesquelles elles évoluent, avec leurs contraintes et leurs exigences. L'entreprise publique est souvent une entreprise de grande taille, présente surtout dans les secteurs capitalistiques, des biens d'équipement (comme le machinisme agricole ou les ciments) ou des produits à longue maturation (comme la chimie-pharmacie). L'entreprise privée est souvent une PME, présente surtout dans la production des biens de consommation comme les industries agroalimentaires.
3. L'avenir et les relations entre les entreprises publiques et les entreprises privées sont beaucoup plus organiques que l'on pourrait le penser a priori et nous ne partageons pas l'approche dichotomique, voire antinomique, par laquelle on voudrait les opposer.
En tout premier lieu, permettez-moi d'évoquer la problématique du climat des affaires que l'on peut considérer un bien intangible commun nécessaire à la croissance économique et dont la sauvegarde est une responsabilité que le gouvernement assume pleinement en veillant à mettre en place un cadre (administratif, fiscal, foncier, etc.) facilitant l'acte d'investir.
Dans ce cadre nous avons engagé ces dernières années le processus de refonte du dispositif d'investissement et nos efforts ont abouti de manière précise :
- à la réduction du délai d'octroi des avantages de l'Andi, qui est passé de 30 jours à moins de 72 heures !
- à prendre en charge le problème du foncier destiné à l'investissement en dynamisant les activités de l'Aniref qui assiste ainsi activement les investisseurs dans la localisation de leurs projets et apporte une bonne visibilité au marché du foncier par une meilleure adéquation de l'offre et de la demande dans un cadre transparent ;
- au lancement d'une grande opération structurante de réalisation de 39 nouvelles zones industrielles réparties sur le territoire national. Ces zones vont indubitablement améliorer les conditions d'implantation des investisseurs nationaux ou étrangers.
S'agissant des actions à destination de l'outil national de production, je citerai rapidement les actions destinées aux entreprises publiques et m'attarderai sur celles destinées à la promotion des PME.
D'abord et en premier lieu, s'agissant du secteur public marchand, les pouvoirs publics ont mis en œuvre une politique de développement des grandes entreprises industrielles publiques en y allouant des budgets conséquents.
Il s'agit de consolider notre plateforme industrielle, en modernisant ces entreprises ainsi que leur outil de production. Ces grandes entreprises peuvent constituer des champions dans leurs filières respectives et des locomotives pour les entreprises privées.
S'agissant de la PME, c'est une catégorie économique qui est partie intégrante de notre économie et qui dispose d'un statut à part entière depuis la promulgation de la loi d'orientation y afférente en 2001. C'est un des éléments constitutifs du système productif national. Elle mérite à cet égard une attention particulière des pouvoirs publics et ma réponse, si vous le permettez, sera un peu plus longue car le sujet de la PME me tient particulièrement à cœur.
Ainsi, notre appui à destination des PME se décline à deux nivaux au moins, en premier lieu, sur un plan institutionnel et, en second lieu, sur un plan micro-économique en rapport avec leur mise à niveau. Je rappellerai que l'objectif du gouvernement, escompté à l'horizon 2014, est de mettre en place les conditions permettant la création de plus de 200 000 PME.
L'appui institutionnel aux PME s'inscrit dans un processus global sous-tendu par des actions initiées par des organismes étatiques visant à améliorer l'environnement immédiat des PME, ainsi que l'encadrement et l'accompagnement à la création et à la pérennisation des entreprises.
Nous travaillons ainsi à la réalisation de structures d'appui et d'animation économique locale, appelées à accompagner les porteurs de projets dans le processus de création de leurs propres entreprises, mais aussi à la lutte contre la mortalité précoce des PME.
Une nouvelle démarche intégrée est ainsi mise en œuvre avec comme objectif, d'assurer des prestations de services aux porteurs de projets en temps réel et dans un seul espace. Aujourd'hui, nous comptons 38 centres de facilitation et 25 pépinières d'entreprise. L'objectif est de mettre en service la totalité des 63 structures projetées à l'horizon 2014 et qui seront encadrées par des contrats de performance.
Dans cet ordre, l'Etat a pris également de nouvelles mesures en vue de renforcer les acquis du Fonds de garantie à la PME (FGAR) et la Caisse de garantie des crédits d'investissement à la PME (CGCI PME).
Ces mesures induiront une diversification de l'ordre de garantie qui permettra de couvrir en sus des crédits d'investissement, les crédits à court terme, l'exploitation ainsi que les apports en fonds propres, émanant des sociétés de capital investissement. On doit noter en outre et désormais l'assimilation de la garantie de la CGCI-PME et du FGAR à une garantie d'Etat.
Par ailleurs, je signalerai, pour en terminer avec le volet des appuis institutionnels, la mise en place progressive d'un nouveau concept d'organisation des services d'appui à l'entreprise et que nous sommes en train de développer, il s'agit de la maison de l'entreprise. Une structure de ce type est aujourd'hui opérationnelle à Oran. Par ailleurs, un complexe sera prochainement créé à Alger qui regroupera des organismes d'appui à la PME tels que les pépinières d'entreprise et l'Observatoire de la PME.
Concernant les appuis à caractère micro-économique ciblant les PME, le gouvernement a adopté et lancé un ambitieux programme de mise à niveau de 20 000 entreprises à l'horizon 2014, ouvert, à certaines conditions, aux PME.
Les ressources allouées à ce programme s'élèvent à 386 milliards de DA en concours définitifs et plus de 1000 milliards de DA en bonifications sur les taux d'intérêts des crédits bancaires. Les actions prévues par le programme concernent, entre autres, les investissements dans l'outil de production, la formation et l'assistance technique. À noter que l'Agence nationale de développement de la PME (ANDPME) joue un rôle central dans la gestion opérationnelle du dispositif de mise à niveau des PME. Je dois vous rappeler qu'un Groupe tripartite de mise à niveau piloté par le MIPMEPI a été institué en application des recommandations de la Tripartite du 28 mai 2011. Ce groupe était chargé de vulgariser davantage ce programme et de recommander le cas échéant son renforcement. Les recommandations ont porté, notamment, sur l'attribution de ce Comité tripartite de mise à niveau la vocation d'un espace de concertation qui aura pour but le suivi et l'évaluation trimestrielle des résultats du programme.
Je voudrais préciser dans ce cadre que la mise à niveau, si elle cible la transformation des PME, vise aussi à réhabiliter le consommateur algérien par la promotion de la qualité qui est et sera toujours une priorité des pouvoirs publics. La qualité est une condition de compétitivité et de crédibilité des entreprises à l'égard de leurs clients sur le marché local et de leurs partenaires étrangers.
Dans ce cadre, les pouvoirs publics apportent un appui permanent aux organismes nationaux constituant l'infrastructure nationale qualité (normalisation-accréditation- métrologie), pour assurer leur développement et leur permettre d'exercer leur missions dans les meilleures conditions. Des programmes sont ainsi lancés pour aider nos entreprises à certifier leurs systèmes de management conformément aux normes et standards internationaux en vigueur touchant, notamment, le management de la qualité, la labellisation des produits industriels (capitale pour faciliter leur exportation), le respect de l'environnement, l'hygiène et la sécurité industrielle ou encore la responsabilité sociale de l'entreprise.
J'en viens, dans la dernière partie de ma réponse, aux relations nécessaires qui doivent lier les entreprises publiques et privées. Comme vous le savez, les effets induits par la mondialisation des échanges commerciaux et le développement technologique ont accentué la nécessité du partenariat entre les entreprises activant dans les mêmes filières d'activités. De nouveaux modèles d'organisation sont ainsi apparus dans le monde, et incluant dans des systèmes de réseaux les grandes et les petites entreprises et nous ne devons pas rester en marge de ces changements.
Le gouvernement s'attelle ainsi à inciter les intervenants (entreprises, associations professionnelles…) à constituer des regroupements pour mutualiser les ressources et renforcer leur compétitivité et de constituer des réseaux de sous-traitance, indispensables au développement des filières industrielles. Notons, à cet égard, que des contrats de partenariat ont été signés récemment entre certains grands donneurs d'ordre et des entreprises industrielles pour développer des partenariats basés sur les compétences et les moyens déjà disponibles localement.
Nous travaillons à élargir ce type de contrats et veillons à associer étroitement les entreprises privées, à l'exemple de la démarche de constitution des consortiums d'exportation dans les industries agroalimentaires que nous avons engagée à la fin du mois de février 2012.
Comment votre département compte-t-il accélérer la réalisation de l'objectif, une contribution de l'industrie de 10% au PIB à l'horizon 2014, au regard du retard accumulé à mi-chemin de cette échéance ?
ll Il est clair que les industries nationales retiennent l'attention prioritaire des pouvoirs publics. L'avenir du secteur industriel algérien dépendra en fait de sa capacité à relever (au moins) deux défis majeurs, à savoir :
- la mise à niveau technologique des entreprises et leur ouverture sur l'innovation, clé de la qualité et de la compétitivité ;
- l'engagement d'une démarche de valorisation des matières premières nationales et leur industrialisation, à travers un appui approprié de l'Etat visant à encourager l'introversion de notre outil de production, aujourd'hui encore trop extraverti, et à réduire les importations pouvant être substituées par une production nationale appropriée.
Dans ce cadre, et afin de relever ces défis et avoir une meilleure visibilité des enjeux, nous avons réalisé, au mois de juillet 2011, une étude sur la valorisation du potentiel du secteur industriel dont la problématique portait a) sur la faisabilité du passage de la part de l'industrie dans la PIB de 5% à 10% à l'horizon 2015 et b) sur les options stratégiques nécessaires à cet effet.
L'étude, qui a été menée en collaboration avec un bureau d'études national, a fait ressortir, d'une part, l'existence d'importantes potentialités non exploitées du secteur industriel national, et d'autre part, les carences de ce secteur qui trouve d'énormes difficultés à démarrer, et ce, malgré les efforts consentis jusqu'à présent par l'Etat. Elle a, également, démontré la nécessité d'appuyer le développement d'entreprises saines et capables de relever le défi, tenant compte de l'environnement national et international.
En fait, une contribution de l'industrie de l'ordre de 10 % au PIB (contre moins de 5% actuellement) peut être atteinte en 2015, au regard :
- des investissements consentis par l'Etat dans les secteurs stratégiques, et qui commenceront à donner leurs premiers fruits dès 2012-2013 ;
- à la dynamique d'investissement des industriels privés, qui augure de bons résultats pour l'économie nationale à moyen terme ;
Donc, pour répondre de manière précise à votre question, je dirais qu'il n'y a pas de retard dans la réalisation de cet objectif, puisque nous en ferons une première évaluation d'ensemble à la fin de l'année 2012, bien que mes services s'attèlent en fait à un suivi régulier de la réalisation des investissements engagés par les entreprises publiques et un accompagnement rapproché des investisseurs privés.
Sur le plan de la démarche, un plan d'actions, dont les contours ont été présentés dans ma réponse à votre première question, est en cours de mise en œuvre par les services centraux du ministère, ainsi que les services déconcentrés et les organismes sous-tutelle qui assument leurs rôles chacun pour en ce qui le concerne.
Ainsi, les actions mises en œuvre concernent à la fois le secteur public et le secteur privé. Elles se situent à un niveau sectoriel mais ciblent également la dimension spatiale du redéploiement de l'industrie. Elles concernent l'entreprise elle-même et son organisation, ainsi que l'environnement immédiat dans lequel elle opère.
Les politiques déployées visent, entre autres, à réduire les contraintes liées à la création et au développement des PME, particulièrement celles liées à leur environnement. Elles ont permis d'enregistrer une évolution régulière se situant autour de 25 000 créations de PME par an.
La restructuration du secteur public marchand permettra aussi de mettre à niveau et d'accélérer la mise en œuvre des programmes d'investissement, pour transformer les EPE en leviers économiques, constituant des outils privilégiés d'intervention de l'Etat actionnaire. Dans ce cadre, la promotion des partenariats avec les entreprises étrangères vise, à titre prioritaire, le renforcement des capacités managériales, technologiques et la densification du tissu industriel, notamment à travers le développement de la sous-traitance.
Je saisis cette occasion pour évoquer certaines actions à caractère plus sectoriel, comme celles destinées à la promotion des industries agroalimentaires nationales, secteur le plus important du pays en termes d'emploi et de valeur ajoutée. Selon les dernières données de l'ONS, 23 555 PME sont recensées dans l'agroalimentaire et génèrent plus de 140 000 emplois, et 33% de la valeur ajoutée de notre industrie.
Un appui prioritaire à ce secteur est mis en œuvre. Il comporte des actions structurantes, parmi lesquelles je citerais :
- la promotion de deux clusters menés sous forme d'actions pilotes dans la filière de la tomate industrielle et celle des dattes ;
- la création d'un Centre technique agroalimentaire, localisé à Boumerdès. L'étude de faisabilité est finalisée et un programme de formation sur 3 ans est en cours de lancement. Le CTI est en cours de mise en place et sera opérationnel en cours d'année 2012.
- La création de 3 consortiums d'exportation à vocation agroalimentaire. Le projet, à réaliser avec l'Onudi sur une période de 3 ans, est lancé et suscite d'ores et déjà l'intérêt des opérateurs qui ont compris les avantages qu'ils pourront en tirer. Les consortiums seront opérationnels en mars 2013.
D'autres secteurs à très forte valeur ajoutée nécessitent l'engagement d'importants moyens financiers et le déploiement d'une logistique à la mesure des transformations à opérer sur les intrants de l'échelle des volumes à produire et de l'étendue du marché à couvrir. Les branches ou les secteurs que nous avons identifiés dans ce type d'industrie, et pour lesquels des actions lourdes de développement, sont et seront la pétrochimie, les engrais, la sidérurgie, la transformation des métaux non ferreux, les matériaux de construction et les fibres synthétiques. Un autre axe de la refonte industrielle que nous avons entamé, est constitué par les industries nouvelles ou innovantes, que nous considérons comme des activités porteuses de croissance à long terme.
Où en sont les projets de développement de l'industrie d'assemblage de véhicules particuliers et de la sidérurgie ? Quelles sont les nouvelles incitations prévues en faveur de ces industriels ?
ll Pour le projet véhicules particuliers en cours de négociation, il ne s'agit aucunement d'une industrie d'assemblage comme vous le dites.
Il s'agit, en réalité, d'un projet intégré qui permettra une intégration au niveau du site de production, mais aussi une intégration à l'extérieur du site (en horizontal) à travers le développement d'un réseau de sous-traitants locaux qui approvisionneront le site de production du projet véhicules particuliers en pièces et composants divers.
En fait, l'activité montage n'est qu'une phase d'apprentissage mais ne constitue en aucune manière une finalité.
Le développement de la sous-traitance locale est nécessaire au projet véhicules particuliers mais aussi pour les autres importants projets industriels tels les projets Véhicules industriels (VI) et Véhicules légers tout-terrain (VLTT) avec le constructeur allemand Daimler, projet ENMTP avec le constructeur allemand Liebherr, projet Moteurs refroidis par eau avec les constructeurs allemands Daimler, Deuts et MTU.
Nous avons déjà commencé à travailler sur le terrain avec le constructeur français Renault pour les véhicules particuliers mais aussi avec les autres partenaires pour le développement de cette sous-traitance, qui constitue un passage obligé pour le développement d'une industrie automobile au sens le plus large, c'est-à-dire une industrie viable.
Concernant plus particulièrement l'état d'avancement du projet avec Renault, ce que je viens de vous exposer montre que nous travaillons de manière professionnelle pour ce projet ; et je vous confirme que les choses avancent très bien. C'est tout ce que je peux vous dire pour le moment.
Que répondez-vous à ceux qui affirment que le Conseil national de l'investissement constitue un facteur de blocage des projets d'investissement ?
La législation algérienne relative au développement de l'investissement, régie par les dispositions de l'ordonnance 01-03 du 20 août 2001 modifiée et complétée, a consacré le principe de la liberté d'investir et institué un système déclaratif pour tout projet d'investissement.
L'intervention du Conseil national de l'investissement (CNI) étant limitée à certains projets sollicitant les avantages prévus par la législation en vigueur ; il s'agit des projets d'investissement :
- dont le montant est égal ou supérieur à 500 millions de dinars,
- relevant du régime de la convention prévue par l'ordonnance 01-03 dont les avantages sont octroyés sur la base de négociations en tenant compte essentiellement de leur intérêt pour l'économie nationale, du transfert de technologie, création d'emploi ;
- impliquant des étrangers ou réalisés en partenariat avec des capitaux étrangers.
À l'exception des trois cas précités, l'accès aux avantages se fait par le seul canal de l'Agence nationale de développement de l'investissement (Andi), conformément aux règles établies par la législation et la règlementation en vigueur.
En réalité, le passage par le Conseil national de l'investissement est en fait une mesure tendant à accompagner de manière plus prononcée les projets d'investissement qui lui sont présentés. À titre illustratif, cette instance, placée sous la présidence de Monsieur le Premier ministre et regroupant neuf départements ministériels, est habilitée à édicter des mesures d'accompagnement et des avantages supplémentaires spécifiquement à chaque projet.
En définitive, le Conseil national de l'investissement, à travers son intervention, demeure une instance d'encouragement de l'investissement et ne constitue nullement un blocage pour les initiatives.
Comment votre département compte-t-il accélérer une plus grande intégration de notre outil industriel national ?
Dans l'objectif du développement de l'intégration de la production nationale, le ministère œuvre à apporter l'appui nécessaire aux filières industrielles pour développer la synergie intra et inter branches et promouvoir une production à forte valeur ajoutée. Pour la concrétisation de cet objectif, nous veillerons à mobiliser tous les acteurs et toutes les énergies en vue de la construction collective de bases solides qui permettront à l'industrie nationale de retrouver une place de choix au sein de l'économie algérienne.
Les actions à mener dans ce cadre verseront dans le renforcement des entreprises nationales (publiques et privées) qui constituent le socle sur lequel doivent être bâties la création d'emplois et la croissance durable de notre économie, et le déploiement, par la sous-traitance, des PME autour des grandes entreprises nationales. Nous attachons, dans ce cadre, une importance primordiale à la sous-traitance en tant que facteur de densification des activités productives et de croissance économique.
Dans ce sillage, les actions devant être menées pour le développement de la sous-traitance en Algérie devront être axées autour de l'élaboration d'une banque de projets d'investissement de la sous-traitance ayant pour finalité la proposition de projets industriels émanant des principaux donneurs d'ordre et qui démontrent une faisabilité sur le plan technique et une rentabilité économique.
Des contrats de partenariat ont été signés à cet égard, comme je l'ai précédemment précisé (Sonatrach-Sonelgaz avec les entreprises relevant de la SGP Equipag comme sous-traitants).
Notre action vise l'amélioration de la compétitivité des PME de sous-traitance pour faire face au déficit managérial et technologique, qui est souvent à l'origine de la réticence des donneurs d'ordre à faire appel à la production nationale.
En termes de perspectives de développement de l'activité, il est initié un plan d'actions qui portera, notamment, sur la restructuration du secteur public industriel pour le mettre à niveau (pour le transformer en véritable outil d'intervention de l'Etat) et accélérer la mise en œuvre des programmes d'investissement. Dans ce cadre, la promotion des partenariats, selon la formule des 51/49 aujourd'hui totalement acceptée dans le monde, vise, à titre prioritaire, le renforcement des capacités managériales, technologiques et la densification du tissu industriel, notamment, en prenant appui sur le développement de la sous-traitance.
Il est à noter que le redéploiement des entreprises du secteur public marchand relevant du secteur de l'industrie a été entamé en 2009 à la faveur de l'adoption des premiers plans de développement par le Conseil des participations de l'Etat (CPE). En parallèle à cela, un programme de développement du partenariat est prévu, ceci concerne la prospection de partenariat avec des étrangers ou avec des opérateurs locaux. Un programme d'appui pour la dynamisation et le renforcement des associations professionnelles est prévu également dans ce cadre et sera intensifié en partie grâce au concours du Fonds de promotion et de compétitivité industrielle, notamment, en ce qui concerne les actions de formation et de sensibilisation.
Par ailleurs, la promotion de la production nationale de biens et de services est de nature à soutenir le développement des entreprises locales, à inciter davantage les partenaires étrangers à investir dans notre pays, à augmenter l'offre d'emplois, et à concourir à l'amélioration des revenus des travailleurs.
Il est à rappeler que, conformément aux recommandations issues de la 14e session de la tripartite, Gouvernement-UGTA- Patronat, tenue les 29 et 30 septembre 2011, il a été institué, sous la présidence du ministère de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, un groupe de travail chargé de présenter un rapport pour la promotion de la production nationale. Ce groupe de travail s'est penché sur cette problématique, et ses travaux ont été sanctionnés par l'établissement d'un rapport portant des propositions ayant pour objectif la promotion de la production nationale et, de ce fait, le développement de l'intégration de la production nationale.
Ces propositions de mesures seront soumises à la prochaine session de la tripartite, et mon département veillera, le cas échéant, à leur mise en œuvre diligente…
K. R.


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