Où en est la franchise en Algérie ? Si certains faits attestent d'un potentiel réel pour la formule dans notre pays, le marché est “balbutiant”, environ 70 franchises tous secteurs confondus, et les obstacles, notamment d'ordre réglementaire, sont encore très nombreux pour les franchiseurs. “Les pouvoirs publics continuent de percevoir la franchise comme une activité d'importation”, a regretté, hier, Maître Hind Benmiloud, lors d'un séminaire portant sur la franchise en Algérie : “Les clés d'un partenariat”, organisé, à l'hôtel Mercure d'Alger, par le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise et l'Agence française pour le développement international des entreprises (UBIFrance). Aujourd'hui de manière générale, on sent qu'il y a une volonté des pouvoirs publics de rendre toute importation difficile. Cependant pour pouvoir produire, il faut avoir un minimum d'expérience, un savoir-faire. Qui mieux que la franchise pour le transfert de savoir-faire en Algérie. Pourtant les spécialistes peinent à convaincre les pouvoirs publics de l'intérêt de la franchise. À ce jour, il n'y a pas de textes spécifiques qui réglementent la franchise en Algérie. Maître Hind Benmiloud avait travaillé, en 2008, sur un texte avec M. Yahiaoui Mohamed-Ouali, un ancien responsable au ministère du Commerce, aujourd'hui décédé. Malheureusement, ce texte n'a pas encore vu le jour. Maître Hind Benmiloud a énuméré plusieurs avantages. La franchise, c'est la sécurité, c'est la traçabilité des produits et des flux financiers, c'est éviter la contrefaçon… Maître Hind Benmiloud insiste sur la notion de transfert de savoir-faire. “Dans les franchises industrielles et de services, il y a, indéniablement, transfert de savoir-faire. Ce savoir-faire, s'il n'est pas réellement perçu, aujourd'hui, dans la distribution, il commence à l'être dans le cadre des franchises de services et industrielles”, soutient-elle. Maître Hind Benmiloud croit “fermement”, que la franchise va booster la création d'entreprises et accélérer le transfert de savoir-faire. Pour elle, c'est aussi un moyen de créer des entreprises d'une manière extrêmement rapide. La franchise reste un vecteur de création d'emplois. Ce que confirme Samy Boukeïla P-DG de BKL Industries. À la suite d'un séminaire organisé par la Banque africaine de développement (BAD), il lance la première franchise industrielle algéro-algérienne, avec l'appui la Société financière internationale, bras financier de la Banque mondiale, qui lui offre une assistance technique. Il a conclu des conventions avec la Banque extérieure d'Algérie et l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes. L'objectif était de créer une soixantaine de franchises à fin 2013. Depuis 2009, il n'a franchisé que 5 menuisiers, en raison de craintes bureaucratiques. Malgré les contraintes, la franchise se développe petit à petit en Algérie, affirme Maître Hind Benmiloud, sous la forme de contrat de licence. “Il y a un réel intérêt à développer les franschises de service”, souligne-t-elle. “Des créneaux porteurs existent dans plusieurs domaines : puériculture, cosmétiques et parapharmacie, restauration, bricolage, réparation et entretien automobile, optique… et services”, relève UBIFrance, rappelant que “213 milliards d'euros sur cinq ans sont consacrés à l'investissement et à l'encouragement de l'entreprenariat local, dont 5% dédiés à la création d'activités de production et de services qui profiteront à la franchise”. six concepts français, 5 à sec, Brioche Dorée, Dim, Juju's bar, Mister Auto, Virgin Megastore et Papa Bricole, ont été présentés, lors du séminaire. Selon UBIFrance, en matière de franchise, près d'une trentaine de réseaux français ont déjà adapté leur concept au marché algérien. M. R.
