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LES PARTIS ISLAMISTES FACE À L'ECHEC
Collusion avec des régimes archaïques
Publié dans Liberté le 22 - 05 - 2012

Ayant échoué à convaincre les électeurs à aller voter en masse, voilà les uns qui fanfaronnent et les autres qui s'offusquent, pareillement inconscients du drame qui frappe le pays, ne voyant pas la tristesse d'un peuple encore une fois trahi, encore une fois contraint de choisir entre la peste et le choléra, de cautionner la médiocrité pour que le pays d'Abane ne devienne pas celui des mollahs. Inconscients, les tribuns continuent de louvoyer les fauteuils gagnés ou perdus dans les olympiades de la ruse.
Tout comme ceux qui ont boycotté, les citoyens qui ont voté n'ignoraient pas le risque qu'une course à la sinécure sonne le glas de la démocratie ou préfigure l'enterrement définitif du pays dans les rets d'une caste d'imposteurs.
Aux quatre points cardinaux de la ruse, nulle salvation ? Que forfaiture ? Il fallait voter nul, ou FLN, ou jeter le bulletin comme un crachat, un cri pathétique ou une bouteille à la mer. Juste le jeter, s'en débarrasser, par acquit de conscience, dans le dernier geste citoyen.
Mais l'encre de la honte n'ayant pas fini de sécher sur le doigt que voilà des candidats à se chamailler pour des bulletins comme des vautours, la proie. Spectacle de chiffonniers indignes de la république qu'ils se targuent de représenter.
Les islamistes ont donné suffisamment de preuves que pour eux aussi, la fraude est une aubaine. Ils ne la dénoncent que lorsqu'elle les désavantage. N'est-il pas trop tard pour crier au loup après avoir tous de concert critiqué l'abstention ? Opportunistes jusqu'à la moelle, ils ne peuvent assumer le présent.
À jamais leur doctrine demeurera entachée des 100 000 morts ou plus, d'une décennie de malheurs, de destructions, d'un bouleversement sociologique qui a déstructuré les campagnes, bouleversé le mode de vie paysan, un mode de vie qu'une colonisation de 132 ans n'a pas pu détruire et que dix années de terrorisme ont réussi à mettre en pièces. Jusqu'à ce jour, des dizaines de milliers de familles refusent de revenir à leurs terres, après avoir pris racine dans les bidonvilles dans les périphéries urbaines. Ce refus d'admettre l'échec est une constante de la classe politique nationale, et des islamistes en particulier, le signe d'une incapacité d'autocritique, de la remise en question de soi, en somme de l'immensité de l'ego et d'une petitesse de la vision, soit ce que le citoyen tient le plus en horreur et qu'il a sanctionné avec force, en allant voter ou pas.
Cette incapacité de la classe politique à se remettre en question, à se renouveler, est l'expression d'une indigence intellectuelle qui s'autoproclame à la tête des partis et s'érige en zaïm, avec une prétention qui n'a d'égale que cette ignorance qui ne l'habilite même pas à gérer un douar.
Car le zaïmisme relève du fascisme, pas de la démocratie qui suppose une collégialité, un élargissement du cercle de concertation et de prise de décision. Il faut d'abord un fonctionnement démocratique au sein même des partis pour espérer un jour avoir une démocratie dans notre pays. C'est la condition sine qua non pour la formation d'une classe politique à la hauteur des besoins de la nation.
Pour émanciper le pays, il faut que la classe politique s'émancipe en premier. Un jour, de Gaulle avait dit que Bourguiba avait les compétences pour être à la tête de la mairie de Marseille, et c'était un grand honneur qu'il lui faisait.
Beaucoup de nos partis n'ont même pas un militant digne de gérer un douar. C'est cette incompétence qui désole, car elle risque d'hypothéquer l'avenir de la nation. Or, au lieu de se remettre en question, d'élargir leur sommet et leur base à des cadres compétents, les vaincus s'effarouchent comme si les tares n'étaient que dans le camp des tricheurs.
Aujourd'hui, le MSP s'offusque de la fraude. Or, depuis Nahnah, ce parti s'est nourri au biberon de l'allégeance, moins pour servir le pays que pour se servir, moins pour donner que pour prendre, car sans même avoir un seul cadre digne de s'occuper des destinées du pays, il a sauté sur les cinq postes ministériels proposés par Bouteflika, quitte à se griller définitivement, à apparaître dans sa nudité squelettique.
Soltani a même accepté un poste de ministre d'Etat sans portefeuille, juste une secrétaire et un chauffeur, pour toucher des indemnités parasitaires ; et il n'a abandonné ce poste qu'en 2009, sur ordre de son madjliss echoura ! Lui qui avait, avec une langue de bois digne de Belkhadem et d'Ouyahia, loué les vertus et la crédibilité des futures élections qui préfiguraient, selon lui, de la naissance d'une deuxième république, le voilà qui désigne le “garant” de tricheur !
Intelligence avec le diable
Les suffrages du 10 mai sont la fin de leurs illusions, la fin des mirages qui justifiaient leurs gesticulations pour une régression inféconde.
La fin de leurs mots creux volés dans les almanachs de la ruse, de la démagogie et du populisme qui s'attribuent des vertus musulmanes qu'ils n'ont pas. La “régression féconde” n'aura pas lieu en Algérie : après une défaite militaire, leurs carottes sont cuites à la sauce électorale. Chère à un sociologue national, la “régression féconde” est en vérité un concept d'un think tank étasunien inspiré de Samuel Phillips Huntington, l'auteur du livre Le choc des civilisations, et de Zbigniew Brzezinski, actuel conseiller d'Obama, auteur du livre Le grand échiquier où il préconise l'instrumentalisation du terrorisme islamiste.
En tout cas, la liaison de l'islamisme (y compris armé) avec l'impérialisme est devenue évidente. Cette collusion qui le met à nu et le discrédite a énormément joué contre lui dans les législatives algériennes. Car il y a une évidence élémentaire : tout en se targuant de mener le djihad contre les sionistes et les “impies”, les islamistes ont causé plus de dégâts et de morts dans les pays musulmans qu'ailleurs.
L'échec des islamistes au scrutin du 10 mai n'est donc que justice car l'électorat religieux, ce sont eux qui l'ont créé. Le profil islamiste n'existait pas avant l'avènement de l'imposture, car aucun Algérien ne se considérait plus musulman que l'autre, seul Dieu étant habilité à juger. Par leur forfaiture, leur revirement et leur médiocrité, les islamistes ont fini par chasser les électeurs de leur propre camp alors que le pouvoir les leur servait sur un plateau, moyennant une école à programme décadent et prêches archaïques dans les mosquées.
En pressant comme un citron les fallacieux arguments du salafisme, de l'intégrisme, du fondamentalisme, du wahhabisme, ils les ont restitués à leur insignifiance, à leur plus simple expression, au point qu'il ne reste que quelques égarés qui croient encore que la charia puisse gérer la vie économique ou qu'elle puisse être appliquée par des gens qui roulent en Hummer, qui envoient leur progéniture étudier à l'étranger autant que les caciques du FLN et les barbeaux du RND. C'est le FLN qui a donné du poids et de la visibilité à des partis dont l'idéologie avait pourtant engendré fitna, régression et violence ; mais le peuple a vite compris que même “pacifié”, l'islamisme reste à jamais une imposture car déguisé ou pas, le loup demeure un loup.
Les islamistes serinaient eux aussi les promesses d'une “autre politique”, d'une deuxième république au lendemain de mai 2012. Cette deuxième république, le peuple la veut, certes.
Il ne l'espère pas reléguée aux calendes grecques car il n'a pas donné un blanc-seing pour un retour des caciques, ni de leurs frères ou cousins, d'autant que la promesse de Bouteflika de quitter le pouvoir n'excluait pas le vœu de rester par le biais d'un proche ou d'un membre du clan.
Le vote sanction du 10 mai n'est pas une carte blanche pour une re-légitimation de la corruption, de la hogra, de l'accaparation du pouvoir, du détournement des médias lourds, de la pratique des marchés et de projets douteux, à l'image de la Grande-Mosquée, de l'autoroute Est-Ouest… Ces promesses-là, le Président ne les a pas faites à Sétif, le 8 mai passé.
Or, ce boycott délibéré est la dernière expression de la dissidence citoyenne, un désaveu pour lui, pour le couple FLN-RND et toute la classe politique qui reçoivent la gifle à travers non seulement une forte abstention mais un nombre incroyable de suffrages nuls, le taux de bulletins invalidés dépassant les 30%. La sanction frappe avec la même violence ceux qui clamaient, il y a quelques années de cela, que la démocratie est “kofr” et qui en découvrent les vertus aujourd'hui, en servant de paravent aux renards qui dépeçaient le pays, moyennant quelques rentes et affaires d'autoroutes à milliards. Le MSP, qui critique le système et qui crie à la fraude, ne lui a-t-il pas servi d'ombre légitimante pendant huit ans ?
Ceux qui ne leur reprochent pas encore leurs revirements aux islamistes, ceux qui ne suspectent pas leurs trahisons doctrinales, si tant est qu'ils aient eu des principes directeurs, trouvent condescendants ces partis élitistes à qui ils confiaient leurs frustrations et qui ont oublié leurs promesses après avoir bénéficié des largesses du pouvoir et de ses dividendes.
La sanction est cuisante, sans appel. Et même la formule de l'islamisme à la turque ne réussit pas trop à convaincre. La base islamiste a été érodée, sa formule semble périmée, n'était le soutien américain dans ces Printemps arabes qui relèvent d'une même stratégie du “chaos créateur”, “el fawdha elkhallaqa”. Cette tactique de contre-révolution basée sur des éléments autochtones a été mise en branle pour la première fois par la CIA en Iran, en 1953, pour déboulonner le Premier ministre iranien, Mohammad Mossadegh. Sous le nom d'opération Ajax, la tactique subversive a pu créer des troubles civils qui ont abouti au renversement de Mossadegh, dans le but de préserver les intérêts pétroliers occidentaux en Iran. Depuis, la CIA a mené des dizaines de coups de ce genre à travers le monde, notamment en Amérique latine.
Maintenant que ce sont des Etats arabes et leur Ligue qui participent comme supplétifs, le jeu semble plus aisé, alors en veux-tu en voilà des contre-révolutions dénommées “révolutions”.
Ainsi, le 10 mai, la peur d'une ingérence étrangère a été motivante pour la participation de l'électorat nationaliste et anti-islamiste, qui a fait front derrière un parti qu'il n'aime pas forcément, mais sa gifle a été d'autant plus forte que les islamistes ont donné des signes évidents de leurs amitiés turco-qataries et de leur collusion avec les monarchies archaïques du Golfe.
A. E. T.


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