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Le Commando DJAMAL
Dans l'Ouarsenis, dans les monts de Amrouna et Doui au Dahra
Publié dans Liberté le 26 - 07 - 2012

En ce début d'avril 1957, le commandement de la Wilaya IV a jugé qu'il fallait déclencher une grande opération contre la force K. Celle-ci avait grossi ; ses effectifs atteignaient plus de 1 000 soldats, grâce à des recrutements volontaires ou forcés. C'est le commando qui est chargé de mener l'opération. Si Mohamed Bounaâma, à l'époque lieutenant-militaire de la zone 3, conduirait l'attaque. Si Nouredine est encore notre chef du commando. Nous sommes au Ramadhan. Nous sommes dispensés de jeûne. Nous nous rassemblons à Tiyabine. Le PC de la force K, installé à Zeddine, est notre objectif. La veille de cette opération, j'éprouvais un sentiment de joie. J'étais impatient aussi. Car, j'avais un passif, un antécédent avec les Belhadjistes. Quelques mois plutôt, en janvier 1957, j'ai failli tomber entre leurs mains et cela aurait été la fin de mon parcours. C'était à l'occasion de la fameuse attaque dont Si Amar Tablati, notre chef de section, avait pris l'initiative et qui nous avait valu les remontrances de Si M'hamed Bougara. Cet événement était récent. Je me souviens dans les moindres détails de ce qui s'était passé, de la situation éminemment périlleuse dans laquelle je m'étais trouvé. Lors de cette intrusion par notre section, en “territoire ennemi", nous nous heurtons, dès le début, à une forte résistance des Belhadjistes. Ils étaient plus nombreux que nous. Notre armement, à l'époque, était faible. Il était constitué essentiellement de fusils de chasse à double canon, parfois de simples “broches" (un seul canon) ; une dizaine d'armes de guerre. Si Amar possédait la seule arme automatique, un pistolet-mitrailleur MAT 49. Dès les premiers échanges de tirs, un djoundi de notre groupe est blessé. Khelifa, mon chef de groupe, m'ordonne de le prendre en charge, de l'accompagner vers l'arrière. Ma mission accomplie, je prends le chemin du retour pour rejoindre mes compagnons engagés dans le combat. Entretemps, nos djounouds avaient “décroché" et s'étaient repliés, mais j'ignorais cela. Arrivé à la position qu'ils occupaient, je l'avais même, me semble-t-il, dépassée, et alors que je débouchais du petit oued sec que j'avais emprunté dans ma progression, je tombe sur un groupe d'hommes, alignés sur une butte, devant moi, toutes leurs armes pointées dans ma direction. Une voix très forte m'intime l'ordre de lever les bras, de me rendre. Puis, on m'ordonne de jeter mon fusil. Pendant un très bref instant, je pensais à une méprise ; mais un détail attire soudain mon attention. Les hommes portaient une grande sacoche qui pend très bas. Or, nous ne possédons pas ce genre de sacoche dans notre section. Je feins de lever les bras, mais avant d'achever le mouvement, je me retourne et plonge derrière moi dans la petite dépression de l'oued. Je me reprends rapidement et je cours de toutes mes forces. L'instinct de survie me prodigue une telle hargne et énergie que je ne me sens plus. La horde me poursuit. On tire sur moi, mais je ne suis pas touché. Des hommes courent sur ma droite. Ils vont sûrement me cerner. Je continue de courir. Puis je n'entends plus le bruit de course de mes poursuivants. J'entends, par contre, des coups de feu, des tirs d'un fusil de guerre. Je continue de courir. J'atteins l'orée de la forêt. Khelifa est derrière un arbre, tenant son fusil, un US 17. Il a cessé de tirer, mais il est énervé, dans tous ses états. Il me sermonne vivement. Je ne lui en voulais pas. C'est lui qui a stoppé les poursuivants. Il venait de me sauver la vie. Plus tard, arrivés à notre merkez, à Amrouna, j'ai compris pourquoi les Belhadjistes m'avaient raté en tirant sur moi et pourquoi ils ne m'avaient pas abattu tout simplement. Ils comptaient me capturer vivant.
C'est donc animé par une envie de “me rattraper" que je me prépare pour l'assaut. Le commando se met en mouvement.
En milieu d'après-midi, nous progressons vers le PC avec une formation en essaim, sur un terrain nu, sans faire de bruit, vers une aire plus élevée, entourée de constructions. Nous arrivons à leur camp. Ils sont surpris. Ils ne s'attendaient pas à nous voir, de très près, pratiquement à portée de nos armes. Nous éliminons tous les éléments que nous trouvons. Des autres maisons, des hommes s'enfuient en direction de la route, plus bas, sans livrer combat. Nous en abattons plusieurs. Nous envahissons toute la mechta à la recherche d'hommes armés, fouillant tous les coins et recoins des maisons.
Nous maîtrisons entièrement les lieux. Nous découvrons des civils, les mains et les pieds ligotés, 27 personnes au total. Nous les libérons. Nous n'avons pas pu mettre la main sur Kobus. Nous apprenons, par la suite qu'il s'était enfui à bord d'un véhicule Citroën, une traction avant. Son frère, Ahmed, quant à lui, figure parmi les tués. Nous ramenons 13 prisonniers, dont un infirmier. Plusieurs dizaines de partisans de Kobus furent éliminés. Ce nombre aurait été plus important, si les Belhadjistes n'avaient pas fui, dès les premiers coups de feu.
Nous nous attardons sur les lieux, au PC de Kobus. Contre toute attente, des avions, des Jaguars, arrivent sur nous. Nous nous trouvons sur un terrain découvert. Nous décrochons et courrons nous mettre à l'abri, dans la forêt. Les avions nous mitraillent, lancent des roquettes, sans nous atteindre. Nous avons appris comment échapper à un mitraillage et aux tirs de roquettes, lorsque nous subissons une attaque aérienne. Nous avons aussi appris quand et comment nous déplacer d'un endroit à un autre, comment se camoufler. Nous ne comptons que deux blessés : Si Ahmed Moustache, touché à l'œil, lors de l‘assaut et le jeune Mustapha, atteint par un éclat. L'attaque de Zeddine eut un grand écho et des conséquences certaines dans plusieurs domaines. D'abord, elle révéla une connivence flagrante avec l'armée française dont l'aviation s'est portée au secours de l'armée de Kobus. Donc, Kobus collabore avec l'armée française et il ne pouvait plus raconter de balivernes à ses partisans. La population fut soulagée. Elle savait désormais qui est la vraie ALN. Des habitants de certaines dechras nous avouèrent, par la suite, qu'elles doutaient fortement, avant cette attaque.
C'est pourquoi, elles accueillaient, avec la même prévenance, tout le monde. Les Belhadjistes tentèrent, par la suite, de démentir leur collusion avec l'armée française qui a pourtant donné l'assaut contre notre commando. Ils se défendirent par des propos absurdes et infantiles : “Nous avons utilisé notre argent à acheter des avions, alors que le FLN achète des bonbons". Ils faisaient allusion aux achats que faisaient les djounouds dans les quelques très modestes magasins des dechras. Ils dépensaient le modeste pécule mensuel dans l'achat de sucreries, à défaut de cigarettes, car la consommation de tabac était interdite en Wilaya IV, jusqu'en 1960.
À partir de cette attaque, l'engagement des populations de la région 4 fut total. Elles savaient désormais que l'ALN qui a attaqué le PC de Kobus et résisté aux raids de l'aviation française était la vraie ALN et non plus jamais celle de Belhadj. Dans les rangs de l'armée de Kobus, le double jeu auquel se livrait son chef fut éventé.
L'ALN enregistrera de nombreuses redditions d'éléments belhadjistes déserteurs. Les rangs de Kobus s'effilochaient. L'action engagée par le commando contre le PC de Kobus accélérera la décantation dans ses rangs et contribuera, plus tard, et sans aucun doute, à l'abdication de ses partisans, le soir du 28 avril 1958. .
(à suivre)


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