L'intervention militaire dans le nord du Mali aura lieu ce mois d'août. La France qui assume la présidence du Conseil de sécurité a ficelé sa feuille de route et son mode d'emploi. Le président par intérim du Mali sort de sa "convalescence parisienne" et rejoint Bamako pour reprendre la situation en main. Le ministre français des Affaires étrangères fait un long périple en Afrique de l'Ouest. Et au président en exercice de la Cédéao, qui a mandat de la part de l'Union africaine et de l'Onu pour gérer la crise du Mali, d'annoncer du perron de l'élysée, juste après son entretient avec le président français : "Une nouvelle demande de résolution auprès du Conseil de sécurité des Nations unies sera prochainement déposée au nom de la Communauté économique des états de l'Afrique de l'Ouest." La France est ainsi parvenue à convaincre, à l'exception de l'Algérie, les voisins du Mali, à les mobiliser et surtout à les rassembler autour de la future intervention militaire dans le nord du Mali, programmée ce mois d'août, selon des fuites concordantes. L'élysée qui avait nommé son Monsieur Sahel a bien évidemment recouru à ses réseaux de la françafrique. Laurent Fabius n'a pas éprouvé de difficultés à Niamey, à Ouagadougou, à Dakar, à Cotonou où François Hollande l'a chargé de finaliser le soutien logistique de la France à l'intervention contre les djihadistes du Nord Mali. Paris, a-t-il argumenté, est convaincu que le Conseil de sécurité qui a laissé, le 5 juillet, la porte ouverte à une intervention militaire, donnera son feu vert en août "quand la France assurera la présidence tournante". Jusque-là, la communauté internationale était réticente à une telle aventure sans le Sahel. Certains pays comme l'Algérie ont plaidé pour une approche prudente et mesurée, en épuisant d'abord toutes les pistes du dialogue. Selon des sources à Bamako, l'intervention militaire se traduirait d'abord par un déploiement de gendarmes, de policiers et de soldats maliens, suivi par des contingents de l'armée africaine montée par la Cédéao et l'UA avec un appui logistique et de conseillers, notamment français, américains et de l'Otan. Il y aura certainement des avions de combat et des drones mais pas de présence de troupes au sol qui ne soient pas africaines. Cette mission de la Cédéao au Mali (Micema), qui pourrait recevoir son ordre de bataille le 9 août prochain à l'issue de la réunion des chefs des armées de l'organisation régionale à Abidjan, sera composée, pour moitié de soldats maliens, pour moitié de soldats venus du Niger, du Nigeria, peut-être aussi du Tchad et d'autres pays encore. Pour le Premier ministre malien, "ce n'est pas en trois mois qu'on pourra déloger les djihadistes incrustés depuis dix ans dans le nord du Mali". Son pessimisme lui a valu son isolement. Déjà qu'il était dans l'œil du cyclone de 14 partis politiques dont l'Alliance pour la démocratie au Mali du président de la transition, Dioncounda Traoré, qui exigent son départ, pour "immobilisme et absence de stratégie pour libérer le Nord", cheick Modibo Diarra vient de voir les pouvoirs exceptionnels attribués par l'accord-cadre de Ouagadougou du 6 avril réduits à la symbolique. Dioncounda Traoré, qui est retourné vendredi à Bamako, après deux mois passés à Paris, qui faisait suite à une agression à Bamako, le 21 mai, a repris les choses en mains. Il va immédiatement former, en personne, un gouvernement restreint avec une feuille de route précise : intervention militaire dans le nord Mali et organisation d'élections transparentes et crédibles. Le président intérimaire a nommé deux vice-présidents dont l'un sera chargé des questions de défense et de sécurité et de la gestion de la crise dans le nord. L'autre vice-président va représenter les composantes des forces vives du Mali. Cette nouvelle architecture post-ATT, le président déchu par une junte militaire à deux mois de la fin d'un mandat qu'il ne comptait pas renouveler, est une exigence de Paris, via les voisins ouest-africains du Mali, qui avaient donné aux autorités de transition le 31 juillet comme délai pour le former sous peine de sanctions. Le nouveau gouvernement doit, selon les socialistes au pouvoir en France, avoir la légitimité suffisante pour pouvoir lancer la contre-offensive dans le nord du pays totalement occupé depuis quatre mois par les islamistes liés à l'Aqmi, Ansar Dine, des touareg djihadistes, et la nouvelle franchise d'Al-Qaïda pour l'Afrique de l'ouest, et le Mujao. Assurée de l'aide française, la Cédéao n'attend plus que le mandat de l'Onu. Jusque-là, le Conseil de sécurité s'est abstenu de donner un mandat à une telle force, attendant plus de précisions sur ses contours et sa mission. Mais, hasard du calendrier, la France en assume la présidence ce mois d'août. D. B