Le fournisseur n'a pas hésité à effacer la date de péremption et la remplacer pour tenter d'écouler sa marchandise. Cette dernière est destinée aux personnes démunies. Que reste-t-il de la morale alors qu'on est en plein mois de la piété ? Si pour certains le mois du Ramadhan est synonyme de piété et de clémence, pour d'autres, il représente une période durant laquelle on engrange de l'argent, du bénéfice, quitte à recourir à l'escroquerie et aux méthodes les plus criminelles. Ce qui s'est passé, jeudi dernier, dans la wilaya de Jijel est illustratif de cette situation. En effet, un commerçant indélicat n'a pas trouvé mieux pour s'enrichir que de fournir des produits avariés aux démunis, dans le cadre du couffin du Ramadhan. Tout a commencé quand les gendarmes de Khaïri Oued Adjal, relevant de la daïra de Milia, ont reçu un renseignement faisant état d'une opération de distribution de produits alimentaires dont la date de péremption est arrivée à terme. L'information exploitée, les enquêteurs pistent alors le marchand en question, en l'occurrence M. S., âgé de 50 ans. Originaire de Jijel, ce dernier avait contracté un marché avec les autorités locales pour fournir des produits alimentaires destinés aux démunis. Le jour de la livraison, les gendarmes arrivent sur les lieux et interpellent le mis en cause en flagrant délit, en train de décharger sa cargaison dans les magasins de la mairie. Sur-le-champ, ils ont procédé à la saisie de 378 boîtes de tomate de conserve avariée. Le commerçant indélicat avait effacé la date de péremption (juillet 2012) au moyen du papier-vert avant de coller une nouvelle étiquette sur laquelle il lui prolongera la date jusqu'en 2014. Des cartons remplis de sachets de lait de 500 grammes, de marque Licolait, sont également concernés par ce trafic. Au total, 1 128 paquets de lait, périmés au mois de mai 2012, ont été saisis. Même procédé, la date est prolongée jusqu'en 2014 sur une vulgaire étiquette collée au dos des sachets. Une autre quantité de lait, de marque Loya, a également été saisie. Selon le lieutenant-colonel, Abdelhamid Keroud, responsable de la communication au CGN, le commerçant semble avoir falsifié le document de livraison, puisque cette marque de lait ne figure pas dans la nomenclature de commandes faites par la mairie. Et pour clôturer sa liste macabre, le commerçant a livré 900 sachets de vermicelle, dont la date est arrivée à terme le 6 juillet dernier. La saisie opérée, l'APC s'est constituée partie civile alors que les enquêteurs ont informé le procureur de la République qui, à son tour, a exigé une enquête approfondie. Le mis en cause sera traduit aujourd'hui devant la justice pour répondre aux graves chefs d'inculpation dont l'atteinte à la santé du consommateur. Suite à cette affaire, le commandement de la Gendarmerie nationale a donné des instructions à toutes ses unités afin de renforcer les contrôles des marchandises sur les routes et dans les marchés en cette période connue pour la baisse de vigilance des consommateurs.
