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Mourir d'une défection de traitements curatifs
Publié dans Liberté le 31 - 03 - 2013

Quasiment tous ceux qui souffrent de la perte d'un proche, mort du cancer, finissent tôt ou tard par accepter la triste réalité, car le temps apaise les douleurs et rend l'homme à l'évidence que c'est à Dieu que nous appartenons et c'est à Lui que nous retournerons.
Mais apprendre que peu ou rien ne se fait pour leur sauver la vie est une des pires injustices que les cancéreux algériens subissent, avant de quitter ce bas monde qui les a brutalement abandonnés. Excepté les fortunés, notamment les privilégiés qui bénéficient des divers traitements curatifs en Algérie ou à l'étranger, la plupart des malades du cancer sont pratiquement livrés à eux-mêmes. Ceux qui ont l'aubaine de vivre non loin des centres hospitaliers des grandes villes bénéficient éventuellement de soins palliatifs, dont l'objectif consiste à soulager leurs souffrances et les tourments de leurs familles. Le cancer n'est pas une maladie incurable. Aussi, refuser de transférer les cancéreux à l'étranger, pour des soins en chirurgie, en radiothérapie et en chimiothérapie, alors que les moyens nationaux sont loin de répondre à la demande des malades, est certainement un acte abject et répréhensible. Oui, il faut le dire haut et fort, les cancéreux et leurs familles sont outrageusement désabusés par les autorités et le système médical catastrophique mis en place.
Le professeur Kamel Bouzid a eu raison de signifier que “le transfert de 20 000 malades est tout à fait possible dans la mesure où 40 000 hadjis sont transportés chaque année". En fait, à moins qu'il n'ait effectivement condamné les cancéreux à mourir, l'Etat, qui est aujourd'hui assis sur des réserves d'environ 300 milliards de dollars, n'est nullement confronté à un tel dilemme. Les moyens existent, ce sont plutôt les compétences, l'éthique médicale et le respect de la dignité et de la vie humaine qui font défaut.
Selon un article paru sur le quotidien Liberté en date du 8 novembre 2011, 36% de prises en charge médicales à l'étranger, supportés en grande partie par la Caisse nationale d'assurance sociale (Cnas), relèvent de l'oncologie. Ce taux, relativement élevé, a été enregistré malgré le nombre infime des cancéreux traités à l'étranger qui, selon le quotidien El Watan du 18 janvier 2012, était de 430 malades en 2011. La Cnas qui refuse d'assumer plus de dépenses pour la prise en charge des cancéreux aurait aussi des litiges avec les hôpitaux français, en raison de 34 millions d'euros d'impayés, pour 340 malades traités. Ceci démontre clairement que le souci majeur des autorités algériennes ne consiste pas à développer et à moderniser davantage le secteur de la santé, mais à juguler les dépenses de santé, afin de réduire les dépenses publiques.
Le fonctionnement opaque de la Cnas est un autre volet qui offusque également les cancéreux et leurs familles. Tout laisse croire que les critères de validation des demandes de prise en charge médicale à l'étranger reposent sur des considérations autres que les priorités de santé publique. Sachant à quel point la corruption et le népotisme sont ancrés dans nos institutions publiques, notamment lorsqu'il s'agit de gérer les produits et les services rares, nous pouvons imaginer comment la commission médicale décide du sort des cancéreux. Même éligibles au transfert, les non épaulés sont tout simplement abandonnés.
Manifestement, on ne traite pas de la même façon la nomenklatura, cette catégorie de citoyens privilégiés, disparue des pays de l'Est, mais qui chez nous continue encore à bénéficier de prérogatives exceptionnelles.
Lorsqu'ils nécessitent des soins médicaux, ces nomenklaturistes sont totalement pris en charge, avec l'argent du peuple, dans les meilleurs hôpitaux nationaux ou transférés outre-mer au détriment des cancéreux en détresse.
L'absence totale de structures d'oncologie dans de nombreuses régions du pays fait que des milliers de patients, hommes, femmes et enfants de tout âge, doivent effectuer de très longs voyages pour subir des traitements dans les centres hospitaliers des grandes villes. L'article paru dans le quotidien El Watan en date du 01/2/2013 expose des cas choquants de patients qui, en raison d'un déficit crucial d'accélérateurs (appareils de radiothérapie), attendent de longues semaines, voire des mois pour commencer une radiothérapie. Mon frère qui résidait à Alger fut une de ces nombreuses victimes.
Le cancer est une des maladies financièrement les plus coûteuses pour la société. Toutefois, s'agissant d'un problème de santé publique majeur, à long terme, la lutte contre le cancer est certainement un investissement extrêmement rentable sur le plan curatif et économique. Evidemment, cette lutte ne doit pas se limiter aux tables rondes, aux séminaires et aux campagnes de sensibilisation comme celle de “Côlon tour Algérie", lancée le 4 février dernier et qui devra durer jusqu'au mois de juin prochain. Le côlon gonflable géant qui sillonnera les 48 wilayas du pays, en vue d'informer les citoyens sur la prévention et le dépistage du cancer du côlon, ne sauvera certainement pas les malades porteurs du gène, si l'accès à la colonoscopie n'est pas facilité.
Les RDV extrêmement longs, fixés par les hôpitaux, et les prix excessivement chers, pratiqués par les médecins privés, sont incontestablement une des raisons majeures des diagnostics tardifs et des décès de nombreux cancéreux. A quoi sert toute cette campagne de vulgarisation, si même les familles à risque, qui ont déploré le décès de proches et dont le cancer colorectal a été confirmé héréditaire, ne bénéficient d'aucune assistance particulière, pour effectuer une colonoscopie d'une façon régulière ?
La colonoscopie comme tous les outils de dépistage et diagnostic, adaptés pour les différents types de cancer, devront être disponibles au niveau de tous les hôpitaux et accessibles à tous les patients. Par ailleurs, il est impératif que les tests soient dispensés gratuitement ou remboursables par la Cnas. Le dépistage est un enjeu majeur de santé publique. Il permet de réduire considérablement les coûts thérapeutiques, d'améliorer le taux de guérison et de diminuer le taux de mortalité. Economiser dans la prévention est un acte irresponsable, voire immoral.
Pour remédier à la médiocrité des hôpitaux publics, l'Etat autorise et encourage la création de cliniques privées. Mais qui, hormis la nouvelle bourgeoisie et les nantis de l'Etat, pourrait se permettre des soins médicaux dans ces établissements excessivement onéreux ? Selon le professeur K. Bouzid, 70% des interventions chirurgicales relevant de l'oncologie sont pratiquées dans les structures privées.
Etrangement, la Cnas refuse même de couvrir ces interventions qui, pourtant, sont facturées en dinars et souvent supportées par des patients issus de familles à très faibles revenus. Voilà encore une autre mesure injuste qui accentue davantage l'inégalité d'accès aux soins.
Les autorités algériennes ont toujours eu la folie des grandeurs et ne s'empêchent pas de montrer, ostentatoirement, leur puissance et leur arrogance. Au lieu d'investir dans la santé publique, l'Etat préfère améliorer son image et tenter de séduire avec les milliards de dollars thésaurisés dans les banques occidentales, les prêts accordés au FMI et le lancement des programmes ambitieux et d'envergure – non productifs – à l'image de “la Grande Mosquée d'Alger".
De nombreux Algériens, pieux et jaloux de leur religion et de leur pays, s'indignent et s'interrogent sur la priorité et même l'utilité de la construction de cette méga-mosquée, pour une valeur de près de 2 milliards d'euros.
Pourquoi l'Etat n'agit pas avec la même détermination pour doter le pays d'hôpitaux modernes équipés de moyens de prévention, de dépistage, de diagnostic et de traitement du cancer ? Est-ce que les autorités ne se rendent pas compte qu'en Algérie le cancer est, bien plus qu'une maladie, un fléau ? Selon les données du professeur K. Bouzid, il y aurait 300 000 malades du cancer à l'échelle nationale, auxquels s'ajoutent 44 000 nouveaux cancéreux chaque année.
Comme les moyens nationaux ne peuvent traiter que 8000 patients, 20 000 cancéreux sont tout simplement abandonnés à leur sort.
Avec seulement 170 dollars par habitant, soit 4,2% du PIB en 2010, l'Algérie est très loin des normes internationales en matière de dépenses en santé qui, dans de nombreux pays, varient entre 500 et plus de 9000 dollars par habitant et par an. Pour la même période, Cuba a dépensé 607 dollars, la Libye 484 dollars, la Jordanie 357 dollars et la Tunisie 238 dollars.
Même le Maroc qui n'a dépensé en valeur que 148 dollars a en fait investi 5,2% de son PIB, soit 1% de plus que l'Algérie. Les citoyens algériens ne peuvent pas prétendre à une meilleure qualité de vie, aussi longtemps que l'Etat continuera à délaisser la santé. On peut toujours manipuler les statistiques et même l'opinion publique pour prétendre le contraire, mais la réalité, confirmée par l'OMS et la Banque mondiale, ne peut nullement être occultée ni même altérée.
Après 50 ans d'indépendance et avec toutes les richesses que notre pays recèle, les autorités auraient pu créer, dans chaque wilaya, un centre anticancéreux, et dans chaque ville un service hospitalier d'oncologie. De nombreux pays beaucoup moins riches que l'Algérie enregistrent de meilleurs résultats dans les soins en cancérologie. Ainsi, en plus des centaines de milliers de touristes algériens qui choisissent chaque année le Maroc et la Tunisie pour se reposer, c'est au tour des malades du cancer de s'y rendre, à titre privé, pour se soigner.
Pourquoi la Cnas ne signe-t-elle pas de conventions avec ces pays et bien d'autres, considérés pourtant amis, pour le transfert de nos cancéreux vers leurs établissements hospitaliers ? Qu'en est-il du plan national de lutte contre le cancer dont on ne cesse de nous parler ?
Nous ne voulons plus nous accrocher aux discours politiques vides, aux promesses sans suite et aux mesures cosmétiques. Nous voulons voir une réflexion à long terme, menée par les plus hautes autorités de l'Etat, devant aboutir à un réel “Plan Cancer".
Avec la volonté et une meilleure gestion administrative, nous pouvons développer en Algérie les capacités qui nous permettront de traiter tous nos malades du cancer et même offrir nos services en chirurgie, en radiothérapie et en chimiothérapie aux patients étrangers.
En attendant de réaliser ces projets, les autorités devraient cesser de tergiverser et organiser, sans trop tarder, le transfert de tous les cancéreux qui nécessitent des soins à l'étranger. Ce n'est qu'ainsi que seront sauvés des dizaines de milliers de cancéreux par an. Les survivants de cette calamité auront aussi la chance de voir la Grande Mosquée d'Alger et y prier pour que Dieu protège tous les Algériens de ce fléau et l'Algérie de tous les maux.
Enfin, je tiens à souligner que ce très bref constat tragique, qui illustre les souffrances des cancéreux en Algérie, résulte d'une expérience extrêmement douloureuse, vécue au sein de ma propre famille. J'ai perdu mon père et deux de mes frères, tous morts du cancer.
Dr M. S. M.


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