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DEBAT
Un quatrième mandat pour le président, pour quels objectifs ?
Publié dans Liberté le 23 - 04 - 2013

C'est, aujourd'hui, la vraie question à se poser. Un quatrième mandat, pour quoi faire ? Pour quels objectifs ? Dès lors que le président a, lui-même, fait le constat de l'échec de sa politique. Faut-il perpétuer cette situation ? Il n'est pas inopportun de rappeler au lecteur que, pour justifier les revers de sa gouvernance, le chef de l'Etat s'était défaussé, il y a seulement quelques mois, sur l'administration locale qu'il avait accusée d'être à l'origine des déboires de sa gestion. C'est de la faute aux autres, quand bien même ceux qu'il a rendu responsables de cette faillite ont été soigneusement choisis par lui. Ainsi, des “efforts considérables" auraient été consentis par l'Etat pour répondre à la demande sociale et améliorer le quotidien du citoyen, efforts qui n'auraient été pas soutenus - pour ne pas dire qui ont été sabordés (?) - par des responsables locaux défaillants.
Il est vrai que des programmes quinquennaux successifs ont consacré depuis trois mandats des budgets colossaux pour acheter la paix sociale. Pour autant, la population macère dans la détresse ; une détresse visible dans la souffrance du père de famille qui ne sait pas où donner de la tête pour nourrir les siens ; dans celle de la ménagère qui, faute de moyens financiers suffisants, revient du marché avec un couffin vide ; dans celle de l'étudiant qui vit entassé, avec plusieurs camarades, dans une chambre universitaire vétuste, sans chauffage, sans eau chaude, et que l'université prépare au mieux au pré-emploi, au pire à un avenir de chômeur ; dans celle de ce trabendiste engouffré dans l'illégalité pour aider sa famille à survivre ; dans l'humiliation des retraités qui ont été obligés de battre le pavé - comme cela a été le cas il y a quelques mois - pour obtenir une révision de leur pension ; dans le supplice de ces malades atteints du cancer et auxquels l'Algérie de 2013 ne peut offrir ni les médicaments appropriés à leur état, encore moins l'accès à la cure de radiothérapie ; dans la tourmente des classes moyennes algériennes qui assistent impuissantes à leur inexorable extinction...
Le quotidien des Algériens n'a cessé de se dégrader. Leur existence, faite de privations multiples, est marquée par l'incertitude du lendemain. Ils vivent dans la honte permanente et leur désespoir se mesure au nombre croissant de harraga, à celui grandissant des suicides, notamment des immolations devant les institutions publiques, à la progression constante des conduites toxicomaniaques ou encore aux dizaines de milliers d'émeutes qui émaillent la vie sociale dans notre pays. Des comportements qui témoignent de l'insupportable indignité dans laquelle les citoyens sont plongés, des manifestations qui revendiquent simplement une vie décente. Du travail, plus de loisirs et de liberté mais également la possibilité de participer à la décision politique et de contribuer à la construction du destin commun. En sommes une vie normale, une vie de citoyen. Qu'on ne vienne pas nous dire qu'il fait bon vivre en Algérie et que les Algériens devraient y être heureux. C'est faire preuve d'autisme et d'irresponsabilité que d'ignorer le désarroi qu'expriment ces comportements extrêmes. Des convulsions sociales que le président et ses ministres auraient dû comprendre comme un ultime appel, et pour lesquels apporter des réponses constitue une urgence. Quand, dans les années 1980 et 1990, l'Algérie n'avait pas de ressources, le peuple s'était résigné à vivre dans le dénuement. Chacun pensait que la pauvreté était partagée par tous et que l'esprit de solidarité commandait la patience. Tout le monde était dans la même situation, il était naturel de faire des sacrifices et d'attendre des jours meilleurs. Quand, au tout début des années 2000, le prix des hydrocarbures a augmenté, l'espoir a commencé à renaître. Mais la désillusion a vite rattrapé le citoyen qui s'est rendu à l'évidence. La rente pétrolière ne profite pas à tous et les Algériens, notamment les jeunes, ont aujourd'hui compris que la pauvreté qui s'est emparée de leur quotidien n'est pas partagée. Les ressources que recèle le pays sont entre les mains d'une caste boulimique qui s'enrichit sans s'en cacher. Une fortune qui profite seulement à l'Algérie d'en haut tandis que celle d'en bas, de plus en plus indigente, assiste à une débauche de privilèges dont bénéficient avec ostentation les enfants de la nomenklatura et autres favorisés du système. Des prévaricateurs indifférents à la peine des familles démunies, auxquelles il est clairement signifié qu'elles ne comptent pas. L'Algérie est riche mais n'est pas prospère parce que les moyens dont elle dispose n'ont pas fait reculer les inégalités sociales, en assurant notamment une répartition équitable des richesses et en offrant les mêmes possibilités d'épanouissement à tous ses enfants. Des ressources financières qui sont dilapidées dans des programmes d'assistance sociale, des sommes colossales qui ne sont pas utilisées pour mettre en place les conditions à même de réduire le chômage et de ressusciter un tissu économique moribond. L'alternative à la rente pétrolière... Des revenus thésaurisés en dépit du bon sens.
Plus de 250 milliards de dollars - une paillasse que nous envieraient les pays les plus riches de la planète - sont placés dans des banques, sous le fallacieux prétexte de les épargner pour les générations futures. Une incohérence en matière de gouvernance économique. Alors que les pays les plus développés s'endettent “naturellement" pour investir dans la création d'emplois et de richesses, et dans la consommation, parce que ce triptyque fait la vitalité d'une nation.
L'Algérie est riche de la jeunesse de sa population. 26 millions ont moins de trente ans et 12 millions sont en âge de travailler. Il leur faut des emplois et ils doivent consommer. Des besoins au-devant desquels les pouvoirs publics auraient dû aller avant tout autre chose. Une ressource humaine indéniable, un capital inestimable : l'après-pétrole si les pouvoirs publics de ce pays avaient seulement daigné en prendre conscience.
Durant la campagne pour son troisième mandat, le candidat-président avait entre autres slogans de campagne celui-ci : “L'avenir de nos enfants est dans leur pays". Une devise qui s'est avéré être une profession de foi, une lettre morte. Aucune initiative n'est, depuis, venue de sa part pour retenir “nos enfants" dans leur pays. Rien n'a été fait pour améliorer ou adoucir la pénibilité de leur existence.
Durant les deux mandats précédents, le président ne s'était pas préoccupé de la jeunesse et jamais les comportements extrêmes, manifestés par cet important segment de la société, n'avaient été aussi nombreux que durant cette période. Il avait promis des logements, du travail, des loisirs, un accès aux soins et au savoir, etc. Des promesses non tenues. En monnaie d'échange, les Algériens ont eu droit aux scandales Khalifa, Sonatrach, autoroute Est-Ouest, etc. Une corruption organisée et à large échelle qui a, dans l'impunité la plus totale, gangrené les institutions de la République.
Le président avait, durant cette campagne, demandé aux jeunes Algériens de ne pas nourrir d'envie face aux personnes nanties. Il avait conscience du danger que peut constituer l'injustice sociale et la haine qui lui est corollaire mais par son propos, il avait surtout validé la fracture sociale. Ils sont riches, vous êtes pauvres. Etait-ce utile de rappeler, à tous ces jeunes envieux, leur pauvreté ? Suffisait-il de leur demander de détourner le regard de la richesse des autres pour leur faire oublier l'indignité dans laquelle ils vivent, pour éteindre le ressentiment violent qui les brûle de l'intérieur et qu'ils nourrissent vis-à-vis de l'Etat et du pouvoir?
Le candidat a été réélu, injustice et hogra se sont accentuées et le risque d'une explosion sociale incontrôlable est plus que jamais aux portes de l'Algérie. Si cette éventualité venait à se produire, la République serait alors, comme en octobre 1988 et avril 2001, amené à nouveau à ouvrir le feu sur ses enfants. Les problèmes des jeunes Algériens ne figuraient pas parmi les priorités du chef de l'Etat. Si cela avait été le cas, le “tab djnan na" qu'il avait prononcé à partir de Sétif, à l'occasion de la campagne pour les législatives d'avril 2012, aurait trouvé un écho dans le choix des sénateurs du tiers présidentiel. Il avait estimé plus utile de nommer des personnes usées par l'âge et le pouvoir, des ministres incompétents qui ont paralysé durant plusieurs années leurs départements ministériels respectifs et qu'il a lui-même limogés du gouvernement précédent. En réalité, des fidèles qu'il a dû impérativement mettre à l'ombre, parce que décriés, mais qui ne devaient surtout pas être éloignés de la décision politique. Un signal fort à l'adresse du peuple et des jeunes, en particulier. En tout cas, un anachronisme, un mépris renouvelé et une violence supplémentaire faite aux Algériens. Quant aux jeunes, ils n'ont pas d'autre choix que de faire encore preuve de patience avant de prétendre prendre part à la décision politique.
Les observateurs de la vie politique nationale évoquent aujourd'hui des velléités pour un quatrième mandat et les flagorneurs habituels y apportent déjà leur soutien. Décidément, la passation du témoin aux jeunes générations ne sera pas pour demain. L'initiative sur leur avenir sera à nouveau rejetée aux calendes grecques. Mais cela ne surprend pas. Faut-il, en effet, rappeler que près de 90% des citoyens algériens sont nés après l'indépendance et que le destin de notre pays est, depuis, entre les mains des 10% nés avant ? Une gérontocratie qui continue de confisquer le pouvoir, des individus qui ont assis leur hégémonie sur une prétendue légitimité historique, incarnée par une famille révolutionnaire soumise mais jalouse de ses insatiables privilèges.
Aujourd'hui, il semble que le chef de l'Etat - faute de n'avoir pas, durant son règne, déverrouillé la vie politique nationale - veuille démocratiser le fonctionnement des institutions de l'Etat. Il veut que sa gouvernance associe les ressources dont recèlent les “territoires". Il veut “faire émerger une dynamique territoriale axée sur des principes d'auto-développement basés sur les ressources locales, tant humaines que matérielles, et non pas uniquement sur l'aide et l'assistance de l'Etat". Un vœu qu'il avait exprimé dans un message adressé au CNES (Conseil national économique et social) qui tenait un séminaire sur le développement. A-t-il une réelle volonté de modifier la politique de gestion des affaires publiques ? N'est-il pas trop tard ? Toutefois, chacun sait que le système jacobin convient bien aux mœurs politiques de notre pays.
Si le président a l'intention - à l'orée du quatrième mandat qui se profile - de redonner une forme de souveraineté au peuple et de lui attribuer une part des prérogatives dans l'édification de son destin, il doit commencer par changer le lexique en usage. Ainsi, au lieu de parler de territoires - parce que ce vocable, qui fait partie du jargon administratif, est dépouillé de toute identité sociale -, il devrait songer à le remplacer par celui de régions. Mais parce que ce mot a une signification sociopolitique et qu'il pose naturellement le problème de l'entité avec ses symboles identitaires, il est subversif et effraie. Pour autant, c'est sûrement la régionalisation qui donnera, à notre pays, sa véritable chance de développement et d'enrichissement. On ne peut pas continuer à diriger à partir d'Alger un pays grand comme cinq fois la France et 72 fois la Belgique. Le mécontentement actuel des populations du sud du pays en est témoin.
Si le président a la volonté d'impliquer le citoyen dans l'édification de la nation et d'instaurer une démocratie participative, il ne lui reste plus qu'à modifier la nature de l'Etat et à créer des régions dotées d'un parlement et d'un gouvernement régionaux disposant de larges prérogatives pour gérer les affaires publiques. Une délégation étendue du pouvoir aux régions qui va stimuler leurs spécificités et leurs compétences respectives dans le cadre de relations mutuellement enrichissantes. Des relations sur lesquelles se bâtiront à terme, l'équilibre, la prospérité et le salut de l'Algérie. Pour cela, il faudra du neuf dans les mentalités : faire confiance aux générations de l'après-indépendance, leur donner la possibilité d'accéder à la décision politique et de présider à leur destin et à celui de leur pays. Mais ce sont là d'autres mœurs politiques... qui ne sont pas compatibles avec le désir de briguer un quatrième mandat.
(*) Docteur Mahmoud Boudarene,
Psychiatre, docteur en Sciences biomédicales
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