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L’intox l’est-elle aussi ?
Le pétrole est irakien
Publié dans Liberté le 05 - 02 - 2004

Le 25 janvier dernier, un journal irakien, Al-Mada, a publié un document mettant en cause des personnalités, des sociétés et des organisations dans le cadre du programme “Pétrole contre nourriture�, décidée par l’Organisation des Nations unies (ONU) après l’embargo infligé par les États-Unis à l’encontre du régime de Saddam Hussein. Le document, retrouvé sur les décombres du ministère irakien du pétrole, révèle une liste de 262 bénéficiaires de largesses du régime en place à Bagdad. Ces largesses seraient des coupons correspondant à des quantités de pétrole, peut-être des millions de barils, octroyés sur ordre direct de Saddam, et négociables sur le marché du brut.
Les bénéficiaires étaient censées, en contrepartie, vendre le soutien au raïs déchu sur la scène internationale. Sur cette liste, deux noms d’Algériens apparaissent : Abdelmadjid Attar et Abdelkader Ben Moussa. Attar dément toute implication dans cette histoire de corruption. Nous publions donc la contribution de celui qui était le principal interlocuteur du ministère irakien du pétrole entre 1996 et 2000, en tant que directeur des projets internationaux puis en tant que président-directeur général de Sonatrach.
“Si personnellement j’avais pu me faire offrir par Saddam six millions de barils, il y aurait au moins mon nom au niveau de l’ONU, à moins que je ne les ai exportés à travers les frontières des pays limitrophes par voie terrestre ou marine.�
Par : ABDELMADJID ATTAR (*)
En date du 25 janvier 2004, le journal El-Mada a cru jeter un pavé dans la mare en publiant une liste de 262 personnalités ou sociétés du monde entier, qui auraient, selon le journal ou ses commanditaires, reçu généreusement des millions de barils de pétrole pour les corrompre et obtenir le soutien à son régime.
Dans cette liste il y a, bien sûr, mon nom, mais même s’il n’y était pas j’aurais quand même accepté de rédiger la présente contribution pour éclairer une fois pour toutes l’opinion publique sur cette rocombolesque histoire de coupons généreux, parce que pendant 7 longues années entre 1996 et 2002, j’ai suivi de façon continue tout ce qui se passait en Irak, particulièrement la souffrance du peuple irakien et, par conséquent, tout ce qui touchait aux relations algéro-irakiennes.
- En premier lieu, j’inviterai les lecteurs à consulter un certain article publié le 2 février 2004 sur le site Internet “réseau voltaire.net� et intitulé : “L’intox des barils irakiens�.
Je m’abstiens volontairement de le commenter, laissant ce soin aux lecteurs qui voudront bien le consulter.
- En second lieu, j’ai essayé de faire le total de ces fameux coupons et j’ai découvert que cela faisait plus de 4 milliards de barils, c’est-à -dire la production irakienne de cinq années sur la base d’une production moyenne de 2 millions de barils par an, ou encore 10 fois la production annuelle de l’Algérie (1 million de barils par jour).
- On peut donc déjà se poser les questions suivantes :
- Est-il possible que ces quantités aient pu être offertes et exportées sans que l’ONU ou les USA ne se rendent compte ?
- Avec quelles recettes a pu alors être financé le programme pétrole contrenourriture ?
- Est-il possible, même quand on est Saddam, d’offrir généreusement l’équivalent de 50 milliards de dollars? (à raison de 12 dollars le baril seulement !)
Il est évident que Saddam n’a jamais fait et ne pouvait pas faire ces cadeaux, et encore plus évident, que toutes ces quantités correspondent à la quasi-totalité de la production iraquienne, exportée sous l’œil vigilant des inspecteurs de l’ONU, et surtout payés par les acheteurs (compagnies pétrolières et traders) à l’ONU et non à Saddam comme on veut le faire croire. À signaler à ce stade que si personnellement j’avais pu me faire offrir par Saddam six millions de barils, il y aurait au moins mon nom au niveau de l’ONU, à moins que je ne les ai exportés à travers les frontières des pays limitrophes par voie terrestre (camions) ou marine (petits bateaux de 10 à 20 000 barils pouvant naviguer le long des côtes iraniennes). Là aussi j’ai fait un petit calcul et il m’aurait fallu une flotte de 200 camions pendant 2 ans ou alors 2 petits bateaux pendant 3 ans. À raison de 12 dollars cela m’aurait rapporté 72 millions de dollars. Aurai-je pu réaliser cette aventure tout en étant en Algérie ?
Quant au profit, je me serais contenté de 100 fois moins pour vivre comme un nabab aujourd’hui.
- Mais il faut quand même revenir à cette liste, parce qu’elle est là . Elle doit avoir une origine, une raison d’être et un motif de publication aujourd’hui et pas avant.
Personnellement je ne conteste que l’affirmation ou l’interprétation de la partie irakienne ou d’une certaine presse qui consiste à faire croire qu’il y a eu des dons généreux de Saddam (et je pense que ce qui précède prouve l’absurdité de cette interprétation).
Quant à la liste elle-même et sans vouloir généraliser à toutes les personnes/compagnies citées, je pense qu’elle est crédible en elle-même et en voici l’explication en ce qui me concerne au moins.
J’ai été de 1996 et jusqu’en 2000 le principal interlocuteur du ministère du ministère du pétrole irakien en tant que directeur des projets internationaux, puis président-directeur général de Sonatrach (compagnie pétrolière nationale),dans la négociation d’un contrat important sur le développement du gisement de Tubba et l’exploration de deux blocs
(n° 6 et 7). Il s’agissait d’un investissement prévu de plus de 1 milliard de dollars à réaliser après l’embargo.
Cette négociation s’est faite au même titre que celles menées par les plus grandes compagnies pétrolières internationales à la même époque pour d’autres gisements, et c’était-là le projet international le plus important pour Sonatrach. Je signale même qu’il y avait des compagnies américaines qui nous encourageaient à négocier en s’engageant à nous rejoindre sur le projet dès que l’embargo sera levé. La partie irakienne le savait aussi et en était ravie croyant que cela pouvait contribuer à lever l’embargo rapidement. Au cours de ces longues années de négociation, et dans le cadre du programme ONU “Pétrole contre nourriture�, j’ai obtenu aussi l’avantage pour Sonatrach de commercialiser une partie de la production pétrolière irakienne. C’est ainsi qu’à chaque phase, on nous accordait un quota au même titre que toutes les compagnies pétrolières (y compris américaines) qui était commercialisé par Sonatrach Londres.
Cela se faisait, bien sûr, avec l’accord de l’ONU, des contrats transparents et un payement des cargaisons auprès de la banque de l’ONU et non directement auprès des Irakiens. Parallèlement à cela, nous étions sollicités pour organiser des actions humanitaires envers le peuple irakien. Nous avons ainsi expédié des médicaments, des équipements médicaux, de denrées alimentaires et assuré la formation d’une soixantaine d’ingénieurs pétroliers en Algérie.
Nous avons aussi ouvert un bureau à Bagdad et énormément contribué à l’organisation des voyages d’affaires des patrons d’entreprises publiques et privées, à raison de deux déplacements par an pour suivre sur place l’ouverture des phases “Pétrole contre nourriture� de l’ONU. Ma position en tant que patron de Sonatrach m’a permis d’ailleurs d’aider énormément d’hommes d’affaires algériens qui souhaitaient s’introduire sur le marché irakien, et la chose n’était pas facile vu la compétition qu’il y avait avec les Égyptiens, les Jordaniens, les Syriens, les Turcs, etc.
Ces derniers réalisaient des chiffres d’affaires de 1 milliard de dollars par an alors que l’Algérie n’en faisait que 300 millions de dollards, mais cela correspondait déjà à un record en matière d’exportation hors hydrocarbures.
- Que s’est-il passé maintenant après l’année 2000 ?
Personnellement je n’étais plus à Sonatrach et j’avais la responsabilité d’un holding public composé de 85 entreprises de production de biens et de services.
Certaines d’entre elles étaient pratiquement en faillite même si elles exportaient quelques millions de dollars vers l’Irak.
Avec l’accord du gouvernement bien sûr, nous avons poursuivi nos actions de marketing en Irak en organisant des voyages humanitaires et d’affaires en même temps, à chaque fois, parrainés par un officiel algérien (ministre ou autre).
C’est ainsi que jusqu’en 2002, nous avons réussi, entreprises publiques et privées, à maintenir la présence algérienne sur le marché irakien grâce :
 - Au soutien de l’État algérien,Â
- A l’aide humanitaire au peuple irakien qui atteignait plusieurs centaines de milliers de dollars à chaque déplacement, Â
- A la présence systématique à toutes les foires internationales de Bagdad et parfois même des expositions spécifiques, Â
- Et bien sûr aux bonnes relations qu’il y avait entre nos ministres respectifs du Commerce, du Pétrole et la solide implantation de Sonarach en Irak, ainsi que des relations amicales très solides avec le ministère du pétrole, où je devais être en toute modestie le responsable arabe le plus connu.
Et c’est là que je vais expliquer pourquoi mon nom ne pouvait qu’être dans la fameuse liste publiée en Irak. En effet, comme à partir de l’année 2000, les Irakiens exigeaient des ristournes sur tous les contrats et plus d’actions humanitaires, il est devenu de plus en plus difficile de concrétiser des contrats commerciaux et même Sonatrach a fini par se retirer du marché irakien et gelé ses négociations en matière de développement/exploration.
L’État algérien a alors multiplié les contacts avec la partie irakienne pour que l’Algérie ne soit pas traitée de la même façon que les autres pays, au vu des relations anciennes et des efforts fournis sur le plan humanitaire. Des solutions ont été trouvées et mises en œuvre pour ce qui est des exportations algériennes vers l’Irak, maintenues jusqu’en 2002.
Pour ce qui est du pétrole, et comme Sonatrach n’était plus présente, nous avons été remplacés par d’autres traders introduits par moi-même au ministère du Pétrole irakien. Mais ni moi-même ni ces derniers et encore moins ceux qui je connais personnellement en tant que patrons de compagnies ou simples traders, n’ont reçu de cadeaux quelconques de Saddam, dans la mesure où les achats de pétrole se faisaient par l’intermédiaire de contrats en bonne et due forme sous l’égide de l’ONU. Ces traders que je connais parfaitement ont enlevé bien plus que 6 millions de barils, mais je défis quiconque de prouver qu’il s’agit de dons généreux. Chaque baril a été payé au centime près au compte de l’ONU.
Une bonne partie des bénéfices a été réinvestie dans les actions humanitaires et je me permettrai de rappeler seulement un détail, à savoir que chaque avion dépêché sur Bagdad a coûté plusieurs centimes de milliers de dollars (par pudeur et obligation de réserve, je préfère ne pas évoquer les détails exacts).
Je signalerai aussi qu’en matière d’échanges commerciaux, les affaires réalisées par les opérateurs algériens — publics ou privés — n’ont pas toujours été rentables.
Certains ont perdu beaucoup d’argent, parfois parce qu’ils ont été victimes d’abus en Irak même ou alors se sont vu exiger des dommages (exemple de la Société nationale des corps gras ou du groupe industriel du papier et de la cellulose). D’autres ont perdu de l’argent en revendant le pétrole à un prix plus bas que celui de l’achat. La leçon qu’il faut tirer de tout cela est qu’il n’a rien à regretter pour tout ce qui a été fait dans le domaine humanitaire parce que cela a été fait pour le peuple irakien et non pour Saddam.
Ce dernier ne nous a fait aucun cadeau, du moins pas aux Algériens. C’est seulement ses ministres concernés qui accordaient une certaine priorité aux échanges avec l’Algérie, même si cela se faisait avec son accord.
Quoi de plus normal alors, même si les opérateurs algériens ont réalisé des profits commerciaux, et ceux-ci l’ont été de façon transparente. Ce qui est anormal aujourd’hui, c’est l’usage ou l’objectif qu’on recherche à travers cette terrible mascarade de “coupons offerts par Saddam�.
Au cas où la manipulation vient d’Irak, je ne peux que la regretter. Si elle vient d’ailleurs, j’en appréhende alors les enjeux.
A. A.
(*) Ex-PDG de Sonatrach et ancien ministre de l’Hydraulique.


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