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Abrika menace, Ouyahia avertit
Au lendemain de l’échec du dialogue Pouvoir-Archs
Publié dans Liberté le 09 - 02 - 2004

Hier, Belaïd Abrika annonçait la reprise des manifestations de rue. Le Chef du gouvernement, pour sa part, met en garde contre toute protestation sur la voie publique. La Kabylie/personname / risque de renouer avec l’émeute à quelques semaines de la présidentielle dont le rejet vient d’être réaffirmé.
Après l’échec du dialogue
Les archs appellent au rejet de la présidentielle
Le groupe de Belaïd Abrika menace de revenir à des actions de rue.
Pour Belaïd Abrika, les délégués ont été mandatés pour discuter de la mise en œuvre de la plate-forme d’el-kseur. Il n’était pas question de la négocier. Il déclare personna non grata en Kabylie tout candidat à la présidentielle qu’il soit Bouteflika ou autre.
“Le mouvement citoyen des archs, force de protestation pacifique et démocratique est déterminé à poursuivre le noble combat à travers la dynamique citoyenne jusqu’à l’instauration d’une république démocratique et d’un État de droit, en mettant en œuvre la plate-forme d’El-Kseur dans sa portée et dans son esprit, et déclare d’ores et déjà conformément aux directives reçues de l’interwilayas, le rejet de l’élection présidentielle et lance un appel au peuple algérien pour faire barrage à cette arnaque électorale qui ne fera que conforter le système et ses sous fifres�, lit-on dans une déclaration des archs, distribuée aux journalistes, lors d’une conférence de presse animée, hier, par Belaïd Abrika, Bezza Benmansour, Mohand Iguetoulène... au siège du quotidien Le Matin. Le délégué de la ville des Genêts a indiqué que lors du prochain conclave Interwilayas qui se tiendra, cette semaine, à Bounouh (Tizi-Ouzou), sera examiné un document explicatif du rejet de l’élection présidentielle et arrêtée la démarche à poursuivre. Belaïd Abrika a précisé toutefois : “nous sommes un mouvement pacifique et nous comptons rejeter pacifiquement l’élection présidentielle�.
Dès à présent, Belaïd Abrika déclare personna non grata en Kabylie, tout candidat à la présidentielle “Bouteflika ou un autre�, précise-t-il. Si une telle décision donne cours à des dérapages dans la région, Abrika s’en lavera, d’ores et déjà , les mains en incombant la responsabilité “au pouvoir maffieux et assassin�. Pour ce qui est de l’arrêt du dialogue, il est expliqué par le fait de “l’absence de la volonté politique du pouvoir� à procéder à la “consécration de tamazight comme langue officielle dans la Constitution�. Les rédacteurs de la déclaration “la responsabilité de ce désaccord incombe pleinement au pouvoir maffieux et assassin�. “Nous ne sommes pas mandatés pour négocier la plate-forme d’El-Kseur, mais pour sa mise en œuvre�, a soutenu Belaïd Abrika qui a qualifié d’“insulte� la proposition d’Ouyahia de soumettre au referendum l’officialisation de tamazight. Abrika a indiqué avoir dit à Ouyahia : “nous sommes déterminés à continuer le combat de cette jeunesse martyrisée et assassinée par le pouvoir maffieux et assassin jusqu’à satisfaction de la plate-forme d’El-Kseur, et pour ce faire, nous sommes prêts à faire le sacrifice suprême�.
Les incidences maintenues
Il a toutefois précisé que l’arrêt du dialogue “ne remet aucunement en cause les deux protocoles d’accords signés auparavant par les deux parties�. Sur la question “des six incidences�, Abrika s’est montré satisfait. Il a indiqué que la revendication de la libération des détenus est satisfaite. Pour ce qui est de l’arrêt des poursuites judiciaires, Abrika a annoncé que 217 cas à Tizi Ouzou, 149 à Béja�a et 188 à Bouira ont bénéficié soit d’un non-lieu soit d’une relaxe. Sans compter les levées des plaintes contre X. Mesures qui seront élargies aux wilayas de Boumerdès, Sétif, Batna et Khenchela. Pour ce qui est du “contentieux politique� avec l’ENTV, Belaïd Abrika a révélé qu’“Ouyahia nous a promis une réparation quant à son entreprise de désinformation. Une position dans ce sens sera rendue publique ces jours-ci�. Pour ce qui est du départ des “indus élus� Abrika s’est contenté de dire que “l’opération commencera ces jours-ci�. Pour Bezza Benmansour “il est stipulé dans le protocole d’accord sur la sixième incidence que le déclenchement du processus est intervenu à partir du 20 janvier et qu’il arrivera à son terme dans un délai raisonnable. Selon des juristes que nous avons contactés, ce délai ne pourrait dépasser les 02 à 03 mois�. Revenant à la charge, Belaïd Abrika a ajouté : “chaque chose en son temps. Le départ des élus des APC, APW et APN ne peut intervenir en même temps�.
Arab Chih
Seul Un référendum pour l’officialisation de Tamazight
Ouyahia persiste et signe
Il appelle les archs à la sagesse et prévient contre le retour aux manifestations de rue.
“Le peuple algérien est seul habilité à se prononcer à ce sujet par voie référendaire�, a encore martelé, hier, le chef du gouvernement, à propos de l’officialisation de la langue tamazight, telle que stipulée par les archs dans la plate-forme d’El-Kseur. Au cours d’une conférence de presse qu’il a organisée au lendemain de l’échec d’une énième étape de pourparlers, Ahmed Ouyahia a défendu l’option unique de la consultation populaire en considérant que l’officialisation en question “concerne tous les algériens�. Il a suggéré, par ailleurs, que l’élévation de tamazight au rang de langue officielle exige d’abord sa promotion. “Nous avons un énorme défi à relever, celui de faire de cette langue un atout pour contribuer au rayonnement de l’Algérie sur le plan culturel et civilisationnel�, a précisé le chef de l’Exécutif.
À ce propos, il s’est enorgueilli des efforts entrepris jusque-là pour réhabiliter tamazight “et la mettre à l’abri des manœuvres et des surenchères politiciennes�, a souligné Ahmed Ouyahia. Au cours de cette rencontre qui l’a réuni aux journalistes de la presse publique exclusivement, le premier ministre n’est aucunement paru résigné à l’obstination des délégués des archs. Qualifiant le clash intervenu, samedi soir, de “pause�, il garde bon espoir quant à la reprise des pourparlers. “Le dialogue reprendra fatalement parce que le règlement de la crise est une nécessité nationale et historique inévitable�, a indiqué le chef du gouvernement. Selon lui, les étapes du dialogue franchies jusque-là , constituent “une belle avancée�. Aussi, a-t-il exhorté les archs “au bons sens et à la raison�. “Lorsque le dialogue reprendra, le mouvement des archs et l’État découvriront qu’ils sont d’accord�, a prédit Ouyahia. Il ne dit pas comment mais préconise de “laisser le temps au temps.� pour le règlement de la crise.
Le chef du gouvernement a révélé avoir demandé à ses interlocuteurs de mettre de côté la question de tamazight et d’avancer dans les négociations pour la mise en œuvre de la plate-forme d’El-Kseur. Les archs ont bien évidemment refusé de faire cette concession en estimant que la satisfaction de cette revendication constitue un préalable indiscutable. De son côté, Ouyahia est également resté inflexible. “Si les délégués sont mandatés par l’interwilayas, je suis le délégué d’un arch de 32 millions d’algériens et mon mandat est la Constitution�, a-t-il répliqué. Incontestablement, le divorce est bel est bien consommé.
Obstinés, les archs n’excluent pas de réinvestir la rue pour faire pression sur les pouvoirs publics. Pour toute réponse, Ouyahia a fait prévaloir le langage de la sagesse. “Personne n’a rien à gagner avec le retour à la rue (…) je suis convaincu que la pondération et la maîtrise existent chez tous les algériens�, s’est-il contenté de dire.
S. L.


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