L’économie nationale reste dangereusement vulnérable

Dernière note de conjoncture de la Banque d’Algérie

La hausse de l’euro influe négativement sur le poids de la dette et le coût des importations.
La nette amélioration de la liquidité bancaire et la consolidation marquée de la position financière extérieure, avec des réserves de change évaluées, fin décembre 2003, à 32,9 milliards de dollars et un excédent de la balance de paiements extérieurs d’environ 7 milliards de dollars, ont constitué le principal déterminant de l’évolution de la situation monétaire au cours de l’année 2003 relève la note d’information de la Banque d’Algérie.
Pour autant, le document de la Banque d’Algérie souligne aussi, en filigrane, la vulnérabilité de notre économie. Elle indique clairement, que ces performances sont dues, essentiellement, à la bonne tenue des prix des hydrocarbures sur le marché mondial, avec un prix moyen du baril de pétrole estimé à 28,9 dollars. Le drame de l’Algérie est dans son statut d’économie mono-exportatrice, dont les recettes extérieures dépendent exclusivement des cours du pétrole et du taux de change du dollar.
Justement, en raison de la dépréciation du dollar par rapport notamment à l’euro, l’encours de la dette extérieure à moyen et court terme a légèrement augmenté à 23,2 milliards de dollars à fin 2003, après une stabilisation à 22,5 milliards de dollars en 2002. Le remboursement par anticipation de la dette algérienne, du moins une partie celle qui nous revient plus chère, prend ici tout son sens. Dans son évaluation de la situation économique et sociale de l’Algérie, le FMI abonde dans le même sens. Un remboursement anticipé de 2,5 milliards de dollars économise à l’Algérie 250 millions de dollars. Le remboursement de la dette par anticipation aura aussi pour effet de réduire son service.
Concernant le service de la dette, c'est-à -dire ce que paye annuellement l’Algérie à ses créanciers, la Banque d’Algérie enregistre un recul significatif de son ratio à 17,7% en 2003 contre 21% en 2002 et 47,7% en 1998, année de fin de rééchelonnement.
Ce qui est une bonne nouvelle. La forte appréciation, d’environ 20%, de l’euro par rapport au dollar, n’a pas seulement influé négativement sur l’encours de la dette. Elle a aussi renchéri les importations, estimées pour 2003 à 13,3 milliards de dollars. Il faut signaler que le problème de couverture de risque de change préoccupe beaucoup les opérateurs économiques, lesquels ne disposent pas d’instruments classiques, comme le marché à terme de la devise, qui, dans une économie de marché, devrait normalement leur permettre de se couvrir contre les fluctuations monétaires. La Banque d’Algérie soutient que l’effet négatif de l’appréciation de l’euro, à partir de mai 2003, sur l’économie nationale, est resté limité grâce à la gestion des réserves de change. L’année 2003 est aussi caractérisée par une situation de la liquidité bancaire marquée par un excès d’offre.
La Banque d'Algérie a opéré des ponctions, additionnelles de surliquidités sur le marché monétaire, pour prévenir tout risque d’inflation. Malgré cette disponibilité, note la Banque d’Algérie, le ratio crédits à l’économie par rapport au Produit intérieur reste faible comparativement aux pays du Sud méditerranéen. La réforme du système bancaire et du mode de financement de l’économie nationale devient une urgence.
M. R.