Décédé samedi des suites d'une longue maladie, le défunt a été inhumé samedi au cimetière de Berrahal. Né le 21 avril 1935 à Tobeïga dans la commune de Ben Azouz (ex-Sanhadja), Noui Bouguessas a perçu très jeune l'iniquité de l'ordre colonial. Son oncle, le chahid Ahmed Bouguessas dont une localité de la commune de Berrahal porte aujourd'hui le nom, s'était illustré par une vaillante et farouche opposition aux spoliations du caïd local. Véritable moudjahid de l'intérieur, Noui Bouguessas, dit Loma, n'aura pas quitté ce qu'on appelle communément le Nord-Constantinois de 1955 à 1962. Du lac Fetzara au massif de Collo en passant par Zerdazas, aucun thalweg ni forêt n'avait de secrets pour le défunt. Ses faits d'arme seront nombreux. On peut citer notamment l'embuscade du plateau de Bouzizi dans le massif de l'Edough durant laquelle une équipe d'ingénieurs et d'opérateurs radio de l'armée française avaient été neutralisés. L'un de ses compagnons lors de cette opération, Amar Khelfaoui, dit S'ghir, se souvient qu'un "half track" surpris par un feu nourri avait dû rebrousser chemin. Noui Bouguessas est, par ailleurs, l'un des rares survivants du terrible accrochage de Sidi-Salem au cours duquel des dizaines de Chouhada, originaires notamment de Kabylie, avaient perdus la vie en juillet 1959 à l'embouchure même de l'Oued Seybouse. La mission, du reste périlleuse, à laquelle avait pris part le défunt Bouguessas consistait à acheminer de l'armement vers la Wilaya III qui en avait alors un besoin vital. À Annaba, quand on évoque aujourd'hui ce lourd sacrifice, on affirme souvent qu'il s'agissait, dans le cas d'espèce, d'une "zefa", en patois local, une délation qui serait à l'origine de cette hécatombe. Les bombardiers de l'aviation française avaient, en effet, été mobilisés pour la circonstance et avaient causé de lourdes pertes parmi les troupes de l'ALN. La mémoire annabie garde de ce triste événement le souvenir de l'image horrible des cadavres emportés par les eaux. Noui Bouguessas est non seulement un rescapé de la guerre de Libération nationale mais aussi de la terrible crise de l'été 62 durant laquelle la Wilaya II était devenue, bien malgré elle, un enjeu dans la lutte pour la conquête du pouvoir. Légaliste et fidèle aux troupes du colonel Salah Boubnider dit Sawt El-Arab, Si Noui échappera alors de justesse aux violents affrontements fratricides et autres règlements de comptes. Il sera quand même arrêté et mis en prison par l'armée des frontières sous l'instigation de leurs sbires, les Marsiens. Son habitation à Séraïdi fut confisquée sans aucune forme de procès. Ce ne sera qu'aux cris de "Sebaâ s'nin barakat !" (sept ans ça suffit !) qu'il sera enfin libéré. À l'Indépendance, il s'en ira trimer en 3x8 au complexe sidérurgique d'El-Hadjar d'où il partira à la retraite en 1987. Et pour la reconnaissance de sa contribution à la Révolution, l'Etat lui octroiera une modeste Zastava qui, d'ailleurs, ne fera pas long feu. Aujourd'hui, Si Noui a rejoint ses nombreux frères d'armes auprès desquels il repose à jamais. M C L Nom Adresse email