Le souvenir du drame d'El-Khroub en novembre 2007, un 27e jour du mois de Ramadhan, lors d'une circoncision collective, est toujours vivace dans les esprits. Des générations de garçonnets avaient été circoncis dans le passé dans une ambiance conviviale en présence des proches, des amis, des voisins qui s'associaient pleinement à cet événement heureux. D'aucuns se remémorent cet épisode marquant de leur vie, et les parents accordaient une importance primordiale à cette pratique religieuse. A cette époque, c'était le tahhar, généralement un vieil homme enturbanné, exerçant la profession de coiffeur-barbier, qui pratiquait cette délicate circoncision. Il coupait le prépuce à l'aide d'une paire de ciseaux ou d'un couteau aiguisé, pendant que des membres de la famille immobilisaient l'enfant qui pleurait à chaudes larmes sous l'effet de la douleur. L'officiant déposait une mixture ou du beurre frais sur la plaie pour accélérer la cicatrisation. La gent féminine saluait cet événement avec des youyous stridents, et des chants religieux étaient entonnés par l'assistance qui sera conviée à une délicieuse tammina et à un couscous garni, agrémenté de généreux morceaux de viande. Le circoncis était revêtu d'une gandoura blanche, coiffé d'une petite chéchia rouge et chaussé de blira et trônait sur un matelas pour recevoir des cadeaux et des pièces de monnaie de la part des invités. A cette époque, les familles qui étaient de condition modeste organisaient une fête selon les moyens dont elles disposaient, mais la solidarité et l'entraide n'étaient pas de vains mots en ces temps-là, puisque chacun apportait sa contribution, aussi modeste soit-elle, qui était toujours la bienvenue. La cérémonie se déroulait à domicile, et les complications étaient rares, car le tahhar possédait une certaine dextérité. Les femmes, essentiellement des mères de famille, ramenaient en chantant une gassâa en cuivre où elles déposaient des poignées de terre ramenée de l'extérieur et qu'elles recouvraient d'un tissu. Le prépuce y est déposé et sera enterré après la cérémonie, comme le veut la tradition. Cette pratique était saluée par tout le voisinage qui y adhérait pleinement. Depuis quelques dizaines d'années, les mœurs ont changé, et ce sont des infirmiers ou des agents paramédicaux qui ont pris le relais en utilisant des moyens plus modernes et plus sophistiqués. En effet, ils recourent au bistouri électrique, stérilisent les instruments et désinfectent la plaie. En dépit de ces mesures préventives, des hémorragies surviennent assez fréquemment, et ce sont les services des urgences des milieux hospitaliers qui sont sollicités par des parents affolés. Le souvenir du drame d'El-Khroub en novembre 2007, un 27e jour du mois du Ramadhan, lors d'une circoncision collective, est toujours vivace dans les esprits. Cette tragédie avait fait réagir le ministère de la Santé qui avait pris des mesures draconiennes pour sauvegarder la vie d'innocents garçonnets. Désormais, la circoncision doit impérativement se dérouler dans une unité sanitaire disposant d'un bloc opératoire, et seuls des chirurgiens sont habilités à la pratiquer. Les familles, conscientes des dangers encourus, s'adressent désormais aux chirurgiens des secteurs public ou privé, et c'est principalement le jour de Leilet El-Qadr, durant le Ramadhan, que l'ablation du prépuce est pratiquée. Toutefois, des agents paramédicaux continuent à exercer en dépit des strictes instructions ministérielles. Ils reçoivent dans leur appartement aménagé les garçonnets accompagnés de leurs parents et pratiquent au bas mot deux dizaines de circoncisions par jour et exigent 3000 DA pour chacun ! Selon un urgentiste de l'hôpital Dr-Okbi, des complications surviennent parfois avec des hémorragies. Les services de la direction de la santé sont interpellés aux fins de veiller scrupuleusement à l'application de la directive ministérielle. La vie de nos enfants est sacrée et nul n'a le droit de la mettre en danger ! H B Nom Adresse email