Ighil Nacer est l'une des vingt agglomérations importantes, en nombre d'habitants, du douar Ighram. Se situant sur les hauteurs entre les villages d'Irsen et celui de Tizi Maâli, sa vue dominante sur une grande partie du douar et sur celle de la vallée de la Soummam lui confère, dès lors, une position stratégique de premier plan et a donné lieu aux compagnies de l'ALN d'accrocher, à plusieurs reprises et avec beaucoup de succès, les forces ennemies lors des multiples ratissages intervenus dans le douar. Ce village, appelé précédemment Ighil-Guilef (la colline du sanglier), fut débaptisé pendant la Révolution par le colonel Mohammedi Saïd, dit Si Nacer, pour lui donner le nom d'Ighil Nacer, n'ayant sans doute pas admis qu'un village si accueillant puisse porter un nom aussi repoussant. Or, sa bonne réputation n'est nullement usurpée d'autant plus que ses quatre-vingt-dix meilleurs fils, tombés au champ d'honneur, témoignent de l'engagement, du courage et de l'abnégation dont a indéniablement fait preuve sa population, qui fut en proie à la répression féroce, tout au long de la terrible guerre. C'est, de toute évidence, pour maintenir toujours vivace ce souvenir glorieux et rendre hommage à ses glorieux martyrs que l'Association des jeunes d'Ighil Nacer et le comité des notables ont eu l'excellente idée de commémorer cette année le 57e anniversaire du Congrès de la Soummam perpétuant ainsi cet événement exceptionnel qui avait singulièrement doté la Révolution d'institutions pérennes et d'une direction capable de poursuivre le combat libérateur jusqu'à l'Indépendance. À cet égard, dans le cadre du programme des festivités qu'elle a élaborées, l'association et le comité des notables ont invité Mohamed Arab Agsous, Mohand Larbi Mezouari et Abdelmadjid Azzi, un trio d'anciens maquisards ayant exercé des responsabilités dans la région, pour venir animer une conférence-débat. Cette conférence, où sont évoqués des sujets importants tels que les événements intervenus dans la région mais aussi la sombre période coloniale a, dès lors, suscité un engouement sans pareil d'une assistance venue nombreuse et où l'on remarque, parmi elle, la présence d'une jeunesse intrépide et avide de connaître la vraie histoire de son pays comme en témoignent, d'ailleurs, les nombreuses questions pertinentes soulevées. Celles-ci concernent la période coloniale, le mouvement national, le déclenchement de la lutte armée, le Congrès de la Soummam, le MNA de Messali El-Hadj, les accords d'Evian, les douloureux événements de 1962, le GPRA, la situation actuelle, la corruption, bref tout ce que l'école algérienne a mal, ou pas du tout, enseigné. Les réponses franches, même celles aux questions qui fâchent ont largement satisfait l'assistance qui, du reste, n'a pas manqué de l'exprimer par des applaudissements chaleureux. En outre, parmi les invités figurent d'anciens moudjahid mais aussi des élus locaux parmi eux le premier magistrat de la commune d'Ighram, Boussad Ibelaïden, un personnage honnête, totalement dévoué à la cause de ses administrés mais qui, malheureusement, vient d'être victime d'une sauvage agression, couverte, semble-t-il, par le silence complice des autorités, à cause d'une singulière revendication individuelle d'un terrain d'assiette appartenant à la communauté et destiné à la construction d'un lycée. Cela n'a pas, pour autant, découragé ces hommes et ces femmes valeureux qui, tout en restant dignes, continuent hardiment, en dépit de toutes les entraves, de mettre leur capacité au service du peuple et du pays. Abdelmadjid Azzi Nom Adresse email
