“Le boycott est une prime à Bouteflika�

Saïd Sadi l’a déclaré hier à une délégation des non dialoguistes

Pour le leader du RCD, l’élection pourrait être une réponse à la crise de la Kabylie.
Le candidat à l’élection présidentielle, Saïd Sadi, a reçu hier au siège national de son parti, une délégation de l’aile non dialoguiste du mouvement citoyen de Kabylie. Pendant deux heures, Saïd Sadi a déployé tout un éventail d’arguments pour convaincre ses vis-à -vis du bien-fondé de sa démarche politique, c’est-à -dire la participation à cette échéance capitale pour le pays.
“L’élection présidentielle pourrait être une réponse à la crise de Kabylie et à la crise de la Nation�, a affirmé Saïd Sadi. Promesse est aussi faite par ce dernier de ne pas accepter “une participation alibi�. Aussi il n’a pas manqué de battre en brèche l’option du boycott de ce scrutin, prônée par les partisans de Belaid Abrika. “Le boycott sera une prime pour Bouteflika. Ce serait malheureux que celui qui a été derrière la crise de Kabylie en soit le premier bénéficiaire�.
C’est pourquoi la Kabylie doit voter. Tout en rappelant qu’il était de ceux qui ont été pour le boycott des législatives et des locales parce que “moralement et politiquement c’était impossible�, Saïd Sadi a affirmé que le contexte n’est plus le même. Il s’est dit “tout à fait libéré sur le plan moral puisque même des parents de victimes sont allés chez Ouyahia�. Et d’enchaîner : “On ne va pas rester dans un deuil éternel.� En outre, pour Saïd Sadi,  “on ne peut pas continuer à mettre en stationnement économique et politique tout une région� et “il n’est pas bon politiquement que la Kabylie boycotte seule une élection�. En outre, Saïd Sadi pense que la présidentielle “pourrait être une réponse à la crise de Kabylie et à la crise de la Nation�. Par ailleurs, Saïd ne juge pas plausible l’idée du retrait. “Si on a affaire à des responsables qui ont le sens de la crédibilité des institutions, le souci de la cohésion nationale et la notion de l’honneur de l’État, l’idée du retrait peut se retenir en sachant qu’avec un taux très faible ils tireront les conclusions du désaveu populaire. Ce n’est pas le cas avec Bouteflika qui, même avec une participation de 2%, ne le fera pas�.
Sa détermination à aller jusqu’au bout est dictée par sa conviction que “l’Algérie ne peut pas se permettre 5 autres années de plus avec cette équipe au pouvoir�. “Il y aura un éclatement physique de la Nation�, prévient-il. Mais si retrait il y avait — dans le cas où les conditions d’une élection loyale ne seraient pas réunies —, il ne serait pas “passif�. Saïd Sadi a également indiqué que seul un chef de l’État peut s’engager sur la prise en charge de la plate-forme d’El-Kseur. Un argument de plus pour l’option de la participation à la présidentielle.
Sur cette question de prise en charge de la plate-forme d’El-Kseur, Saïd Sadi estime qu’elle est possible pour peu qu’ “il y ait volonté politique�. Pour sa part, et sur le plan du principe, il assume tous les 15 points de la plate- forme d’El-Kseur. Et il le fera publiquement, a-t-il promis. Mais sur le plan de la concrétisation, les 15 points ne sont pas de la même priorité. Pour lui, tout candidat doit se prononcer sur les mécanismes, les moyens et les délais de cette prise en charge. Une prise en charge qui exige l’élimination de tous les obstacles. “Bouteflika en est un. Il faut tout faire pour empêcher un second mandat�, a estimé Sadi. Pour ce qui est de l’annonce de la neutralité de l’armée, Sadi l’a qualifiée d’ “avancée énorme� puisque le message de la Soummam a trouvé son expression publique. Aussi sa conviction est que cette neutralité constitue “une locomotive à laquelle ne résisteront pas les autres institutions�.
Ceci dit, Saïd Sadi a salué l’action de ses hôtes, consistant en l’interpellation de la classe politique à se prononcer publiquement sur leurs revendications. Tout comme il s’est dit totalement acquis à leur démarche de démocratisation sociale et institutionnelle.
Par ailleurs, cette délégation des archs non-dialoguistes a aussi rencontré hier, le candidat Ali Benflis qui lui a indiqué que globalement il partage les revendications contenues dans la plate-forme d’El-Kseur qui trouveront leur expression dans son programme électoral. Tout comme il lui promet que s’il est élu, il fera tout son possible pour résoudre la crise de Kabylie. La même délégation s’est entretenue avec Taleb Ibrahimi et compte prendre langue avec toutes les organisations sociales.
A. C.