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Dr Farid Cherbal, enseignant-chercheur à l'USTHB
"L'université vit une crise multidimensionnelle endémique"
Publié dans Liberté le 02 - 10 - 2013

Face à la dégradation des conditions d'enseignement et de travail des étudiants, le spécialiste du dossier préconise en urgence l'organisation d'états généraux de l'université permettant une radioscopie de l'enseignement supérieur algérien.
Liberté : Quel est l'état des lieux de l'université algérienne, plus de 50 années après l'indépendance ?
Dr Farid Cherbal : Il faut commencer par rappeler tout d'abord le parcours exceptionnel et les acquis de l'université algérienne depuis le 5 juillet 1962. L'évolution des effectifs et de l'infrastructure universitaire le montrent bien : les 503 étudiants de l'année 1953-1954 et les 2.750 étudiants de la rentrée 1962-1963 deviennent, à la rentrée 2013-2014, 1.277.000 encadrés par 47.000 enseignants (sans compter les 8105 nouveaux postes budgétaires pour les enseignants, disponibles à la rentrée de 2013/2014). Le nombre d'enseignants passa de 1.854 en 1972-73 à 27.067 en 2005-06 et à 44.000 en 2012. En 1962, l'Algérie ne disposait que d'une seule université, héritage colonial et de deux petites annexes à Oran et Constantine. En 2012-2013, le réseau universitaire est constitué de 97 établissements répartis dans 48 wilayas (47 universités, 10 centres universitaires, 4 annexes universitaires, 19 écoles nationales supérieures, 5 écoles normales supérieures, 10 écoles préparatoires et 2 classes préparatoires intégrées) sans parler des établissements hors MESRS. La gratuité de l'enseignement supérieur et la politique des œuvres universitaires de notre pays demeurent une exception rare dans le nouveau système mondial de l'enseignement supérieur dominé par une gestion marchande qui obéit aux diktats de l'économie néolibérale et à la dictature du marché. La bourse est octroyée à l'écrasante majorité des étudiants, l'hébergement en cité universitaire atteint 52% de l'effectif étudiant, et le transport universitaire sont des caractéristiques spécifiques du système universitaire algérien. Enfin, il faut souligner un fait important, de l'indépendance à l'année 2012, l'université algérienne a formé deux millions de diplômés (statistiques du MESRS). Cependant, ce parcours exceptionnel de l'enseignement supérieur 50 ans après l'indépendance, ne doit pas nous faire oublier, que l'université algérienne vit aujourd'hui une crise multidimensionnelle endémique qui dure depuis trois décennies. Cette crise trouve son origine dans un certain nombre d'éléments, dont on peut citer l'arrivée des premiers flux massifs, au début des années 80, des étudiants qui va se traduire par la fin de la politique nationale de l'enseignement supérieur et de la recherche qui il faut le rappeler à permis à l'Algérie dans les années 1970-1980 de jeter les fondations d'une université nationale, publique au service du développement économique et culturel de la société, au profit de la politique de gestion des flux d'étudiants (encore en vigueur à nos jours). Cela c'est également traduit par la dégradation dramatique des conditions pédagogiques et de l'exercice du métier d'enseignant: amphis et salles de TD surchargés, faiblesse des moyens matériels, suppression des TP, des mémoires de fin d'études et des stages de terrain, non respect des normes pédagogiques de l'UNESCO, vont faire perdre l'équivalence aux diplômes universitaires algériens avec les diplômes européens et américains. La précarisation et la dépermanisation du métier de l'enseignant, une diminution du ratio d'encadrement à cause du grand déficit en enseignant permanents. L'absence d'une gestion démocratique de l'université, notre pays est l'un des rares pays membres de l'UNESCO où les responsables académiques (Recteurs, Vice-recteurs, Doyens et Chefs de département) ne sont pas élus par la communauté universitaire, mais sont encore désignés par le pouvoir politique.
Il y a aussi l'aggravation de la crise politique, économique et sociale du pays au début des années 1990, qui s'est traduite au niveau de l'université par une diminution du budget de formation de l'étudiant qui va passer de 700 dollars en 1987 à 200 dollars en 1999 (2). L'arrêt des investissements économiques à partir de l'année 1986, le démantèlement du tissu industriel national suite au programme d'ajustement structurel imposé par les institutions de Bretton Woods en 1994 à notre pays, la politique économique néolibérale suivie de 1999 à 2008 qui a favorisé une économie basée sur l'importation effrénée des biens de consommation, au détriment d'un projet économique national souverain producteur de richesses et d'emplois, vont entraîner une diminution dramatique des débouchés pour les diplômés de l'université, qui vont grossir le rang de l'armée des chômeurs. La dissolution dans la plus grande opacité de l'Office National de la Recherche Scientifique en 1983, mettra fin brutalement, à la politique ambitieuse de la recherche-formation initiée par notre pays à partir de l'année 1973, nécessaire à la reproduction de l'université algérienne et la formation des cadres de haut niveau. Et enfin, l'exil économique des enseignants du supérieur et des diplômés universitaires.
Durant la dernière décennie, de gros budgets ont été alloués à l'enseignement supérieur. Est-ce que les résultats sont à la hauteur de ces investissements ?
Oui, il faut rappeler que le budget du secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, qui représentait environ 2% du PIB en 1999, est passé à 3,81% en 2011. à court terme, je dirais que les résultats de ces investissements sont importants, car ils ont permis aux centaines de milliers des bacheliers de 1999 à 2012 de trouver une place à l'université. Ces investissements ont permis aussi de donner une formidable impulsion à la démocratisation de l'enseignement supérieur, puisque le réseau universitaire s'étend aujourd'hui sur l'ensemble des wilayas de notre pays. L'université aujourd'hui (comme le système éducatif en général) dans notre pays est un espace social très important dans le maintien et la défense de la solidarité et de la cohésion nationales, qui sont nécessaires au futur développement économique harmonieux et à la défense du projet national souverain de notre pays. Bien sûr, à long terme, ces investissements doivent faire de l'université algérienne une université publique et performante, riche d'un potentiel humain et matériel, un moteur dans la construction d'une économie forte et prospère au service du bien-être du peuple algérien, comme l'ont fait les universités chinoise et indienne. Pour cela, pour moi, l'enjeu principal aujourd'hui pour l'université algérienne se pose en ces termes : comment réformer l'université actuelle pour en faire une université publique performante au service du bien-être de la majorité de la société algérienne ?
Comment expliquez-vous le retard qu'enregistre l'université algérienne en matière de recherche scientifique et de production scientifique (publication d'articles) ?
Si vous parlez du retard pris par rapport aux 500 premières universités qui figurent dans le prestigieux classement de Shanghai de 2013, oui je suis entièrement d'accord avec vous, car aucune université algérienne ne figure dans ce classement. C'est l'amère réalité qui s'impose à nous. Cette année, l'université de Téhéran et l'université du Caire sont rentrées dans le classement de Shanghai. La question qui se pose aujourd'hui pour nous enseignants chercheurs algériens : comment faire pour que certaines universités algériennes fassent partie du classement de Shanghai dans les 5 à 10 années à venir ? Toutefois, personne ne peut nier les progrès réalisés par le système de recherche en Algérie issu de la loi 98-11 du 22 août 1998 portant loi d'orientation et de programme à projection quinquennale sur la recherche scientifique et le développement technologique (1998-2002). La mise en place des laboratoires de recherche en 2000, les projets de recherche Cnepru et le budget alloué à la recherche scientifique au titre du quinquennat 2010-2014 (qui représente 0,63% du PIB – certes nous sommes loin du 1% du PIB consacré à la recherche scientifique par un grand nombre pays et le 1,5% du PIB des USA) ont permis au nombre de chercheurs d'atteindre 23 819 en 2012. En termes de publimétrie, cela a permis en sciences et technologie par exemple (nous le voyons très bien dans les banques de données Pubmed et Scopus) l'augmentation significative et constante du nombre d'articles de chercheurs algériens à partir de 2005, avec un pic en 2008.
Quelles solutions proposez-vous pour faire sortir l'université algérienne de sa crise multidimensionnelle ?
Tout d'abord, il faut rappeler que l'Algérie fait partie des rares pays du Sud qui possèdent une université nationale riche d'un potentiel humain et matériel, capable de jouer un rôle stratégique dans la construction d'une économie forte et prospère au service du bien-être du peuple, comme l'ont fait les universités chinoise, indienne et brésilienne. Comment réformer l'université actuelle pour en faire une université publique performante au service du bien-être de la majorité de la société algérienne ? Une radioscopie et un audit lors de l'organisation d'états généraux de l'université sont nécessaires en urgence sur l'enseignement supérieur et la recherche scientifique en Algérie. Avant tout, il faut consacrer définitivement la démocratisation de la gestion de l'université par l'élection des recteurs ou présidents d'université, des doyens de faculté et des chefs de département sur la base d'un programme et d'un mandat unique de 3 ans, conformément aux recommandations de l'Unesco. Il faut veiller à assurer une représentation réellement démocratique de l'ensemble de la communauté universitaire au niveau des organes de gestion de l'université qui seront élus. C'est aux recteurs et aux organes de gestion élus que reviendra la tâche de piloter les réformes qui seront issues des états généraux de l'université.
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