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Le mouvement indépendantiste breton devant la Justice
France
Publié dans Liberté le 09 - 03 - 2004

En Grande-Bretagne, en Espagne ou en France, les groupes séparatistes, comme l'IRA, l'ETA ou les organisations corses, sont impitoyablement pourchassés.
Onze militants, dont six en détention provisoire depuis 4 ans, ont été jugés, à partir du 28 février, devant la cour d'assises spéciale. En matière de terrorisme, tout le monde est en train de découvrir que les États frappent d'une main de fer les groupuscules susceptibles de porter atteinte à leur sécurité. La lutte est menée sans complexe et pas systématiquement sous l'étendard de la charte universelle des droits de l'Homme. C'est, d'ailleurs, une des leçons administrées par le 11 septembre.
Et ce n'est pas uniquement le terrorisme d'inspiration religieuse qui est combattu avec la même force. En Grande-Bretagne, en Espagne ou en France, les groupes séparatistes, comme l'IRA, l'ETA ou les organisations corses, sont impitoyablement pourchassés. Dernière illustration de cette détermination, le procès des onze militants indépendantistes bretons qui s'ouvre aujourd'hui à Paris. L'un d'entre eux est en détention depuis 4 ans et demi et les autres depuis bientôt 4 ans. Le procès a eu lieu devant la cour d'assises spéciale, héritière de la cour de sûreté de l'État dissoute au début des années 1980. La spécificité de ce tribunal est d'être composé uniquement de magistrats et de ne pas compter de jury populaire. Même dans un pays démocratique, le droit en matière de terrorisme accorde des pouvoirs supérieurs aux services de police et de gendarmerie et prévoit des mesures de contrainte particulières dans le cadre de l'enquête. En Algérie, les cours spéciales créées en 1993 dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ont été rapidement dissoutes sous la pression des organisations de défense des Droits de l'homme qui les assimilaient à des tribunaux d'exception. En fait, la décision illustre tout simplement la complexité des relations que le pouvoir entretient avec l'islamisme, redevenu fréquentable malgré les victimes qu'il continue de faire... À titre de comparaison, le mouvement indépendantiste breton, qui sera jugé durant une vingtaine de jours est soupçonné d'avoir fait une victime. Il s'agit d'une jeune employée d'un Mac Donald's dans une petite ville appelée Quévert. En plus de 40 ans d'activisme pour l'indépendance de la Bretagne, région de l'ouest de la France, à laquelle elle a été rattachée au XVIe siècle et qui conserve une certaine particularité identitaire, les militants de l'Armée révolutionnaire bretonne (ARB) ont perpétré une centaine d'attentats, ne provoquant que des dégâts matériels.
Le quotidien Ouest France avait rappelé, samedi dernier, que lorsque les engins étaient susceptibles de faire des victimes, ils ont été désamorcés par ceux qui les posaient, parfois au prix de leur vie. À partir d'aujourd'hui, onze militants indépendantistes doivent répondre d'une série d'attentats, dont celui de Quévert pour lequel ils sont jugés simplement comme complices puisque le ou les auteurs n'ont jamais été identifiés. L'un d'entre eux, Gaël Roblin, porte-parole du parti Emgann, avait même accusé la DST d'avoir commis cette action. Dix-sept attentats ou tentatives, commis entre 1993 et 2000, sont visés dans ce dossier, marqué selon l'accusation, par l'amateurisme et la dérive d'une poignée de militants soupçonnés d'avoir été les principaux activistes de l'Armée révolutionnaire bretonne (ARB). Six des accusés comparaîtront détenus. La durée très longue de leur détention provisoire, “exceptionnelle�, selon leur défense, a suscité un vif émoi en Bretagne, où se sont tenus plusieurs rassemblements réclamant leur libération. Des protestations sont également venues d'hommes politiques de diverses tendances. Parmi les onze personnes renvoyées aux assises, quatre sont poursuivies pour “complicité� dans l'explosion mortelle de Quévert et encourent la prison à vie. Bien que la responsabilité de l'attentat ait toujours été rejetée par l'ARB, les enquêteurs sont convaincus qu'il a été commis à l'aide d'explosifs volés en septembre 1999 à Plévin, une bourgade de Bretagne, par un commando conjoint de séparatistes basques d'ETA et de militants bretons. Dans ce dossier, les avocats soulignent surtout la faiblesse des éléments portés par l'accusation contre leurs clients, notamment concernant le principal attentat. “Rien dans le dossier, à aucun moment, ne fait apparaître que mon client, premièrement, aurait appartenu à l'ARB (Armée révolutionnaire bretonne), et deuxièmement aurait désigné des cibles à qui que ce soit. En ce qui me concerne, je plaiderai donc l'acquittement�, affirme ainsi l'avocat de Gaël Roblin, une des principales figures du mouvement indépendantiste breton, qui n'a jamais réussi à traduire ses revendications en entrant sur l'échiquier politique de la région. Baptisé Emsav (redressement), le mouvement reste divisé sur ses aspirations politiques, entre régionalistes, autonomistes et indépendantistes, mais aussi entre formations engagées à gauche, marquées à droite ou se voulant apolitiques. Le mouvement a signé son renouveau dans les années 1960, après quinze ans de purgatoire consécutif à l'engagement dans la collaboration du parti national breton (PNB) pendant la Seconde guerre mondiale. En 1964, de jeunes étudiants créent l'Union démocratique bretonne (UDB), autonomiste, clairement positionnée à gauche, qui reste aujourd'hui le plus important mouvement breton, avec 750 adhérents revendiqués. L'année suivante, des militants davantage portés sur l'action directe fondent le Front de libération de la Bretagne (FLB), indépendantiste. Inspirés par l'exemple de l'IRA en Irlande du Nord, ils organisent en 1968 une structure de type militaire, l'ARB (d'abord Armée républicaine bretonne, puis Armée révolutionnaire bretonne). Les années 1970 voient les actions les plus spectaculaires du mouvement, ensuite le combat linguistique prend une nouvelle dimension avec la fondation de Diwan (le germe) en 1977, qui scolarise aujourd'hui plus de 2 700 élèves avec un enseignement en breton. L'Observatoire de la langue bretonne estimait le nombre de brittophones à environ 300 000 en 2002. La culture bretonne connaît également une véritable renaissance dans les années 1970, autour de la musique (Alan Stivell, Tri Yann, multiplication des bagadou) et de ses festivals, notamment le Festival interceltique de Lorient. Un pôle plus radical se développe à la gauche de l'UDB autour d'Emgann (combat), qui se présente comme la gauche indépendantiste bretonne, en 1982. L'un des fondateurs du mouvement est condamné en 1984 à trois ans de prison, dont deux ferme, après un attentat contre un poste de distribution EDF. À la différence de l'UDB, qui refuse la violence, Emgann ne condamne pas les attentats. La police considère ce mouvement comme la vitrine légale de l'ARB. Ce n'est qu'à partir de l'attentat tragique de Quévert, dénoncé par Emgann, mais pour lequel son porte-parole, Gaël Roblin, est mis en examen pour complicité, que le mouvement juge que la lutte armée n'a plus de raison d'être en Bretagne. Pour autant, le poids électoral du mouvement breton reste modeste : aux régionales de 1998 en Bretagne, l'UDB obtient 3,24% des voix, les autres listes régionalistes 3,74%. Aux législatives de 2002, les candidats de “Régions et peuples solidaires�, principalement des membres de l'UDB, présents dans toutes les circonscriptions, obtiennent en moyenne 1,53% des voix. Pour les régionales des 21 et 28 mars 2004, seule l'UDB présentera une liste, mais aux côtés des Verts. Gaël Roblin et une dizaine de proches d'Emgann ont, eux, annoncé leur candidature aux cantonales.
Y. K.


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