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DU 26 FEVRIER AU 1er MARS, THAFSOUTH À MENÂA
Plus qu'une fête, un ciment de cohésion sociale
Publié dans Liberté le 01 - 03 - 2014

Située entre Batna et Biskra, l'une des plus anciennes villes des Aurès a su garder jalousement une fête aux origines millénaires, et qui était vraisemblablement connue et célébrée à l'époque numide. Plusieurs autres villages de Menâa ont pris exemple et ont relancé ce rendez-vous, ce qui peut confirmer que cette commémoration réservée au printemps n'est pas spécifique à un village mais à toute une région.
Seuls les amandiers et abricotiers ont fleuri, il n'en faut pas plus pour annoncer thafsouth (printemps). Fidèles au calendrier agricole, legs des anciens, les habitants de Menaâ sans distinction aucune, célèbrent, depuis le 26 février dernier et jusqu'à demain, la fête de la renaissance de la belle saison. Chaque demeure –aussi modeste soit-elle– accroche le plus beau (ou les plus beaux) tapis au balcon ou l'étale sur la terrasse, comme pour annoncer les couleurs de thifsouine (le printemps est toujours au pluriel).
À plus de 77 kilomètres au sud-ouest de Batna et à moins de 60 kilomètres de la capitale des Zibans, Biskra, l'une des plus anciennes villes des Aurès, a su garder jalousement une fête aux origines millénaires, et qui était vraisemblablement connue et célébrée autrefois à travers toute la Numidie. Plusieurs autres villages et villes, certains proches d'autres lointains de Menaâ, ont pris exemple et ont à leur tour relancé ce rendez-vous à la même date et avec les mêmes rituels, us et pratiques, ce qui peut confirmer que cette commémoration réservée au printemps n'est pas spécifique à un village mais à toute une région. Le relief et la topographie de la ville de Menaâ et ses environs expliquent peut-être les raisons de cette sauvegarde : région inaccessible, relief hostile... telle une oasis au milieu des montagnes dénudées, presque en autarcie, mais la langue maternelle (le chaoui) est intacte.
L'implication de tous les habitants
Si les autorités locales accordent une autorisation pour l'organisation de la fête et fournissent le cadre (sécurité, secours, etc.) ce sont les Menâouis (les habitants de Menâa) et l'association Thafsouth qui s'occupent du reste, c'est-à-dire de la totalité de l'organisation : programme, invités, prise en charge, transport... Les habitants préparent à manger aux invités qui sont fort nombreux, dont certains viennent de la capitale (Alger) et de tout l'Aurès. Selon M. Kala, président de l'association Thafsouth, "il faut garder cette autonomie et ce caractère. Il y a un aspect, certes culturel, mais aussi social, économique, donc cet événement revêt plusieurs facettes. Administrer une telle fête va lui faire perdre ce caractère, surtout que les habitants affichent une disponibilité à nous fournir les moyens nécessaire pour le bon déroulement du rendez-vous printanier." En effet, la population du village, aussi bien de l'ancienne dechra (Thakliâth) que la nouvelle ville, ne lésinent sur aucun moyen pour réussir cette fête. "Nous recevons nos invités avec plaisir et nous les hébergeons chez nous. C'est l'hospitalité chaouie ! Nous devons rester comme étaient nos ancêtres, braves, hospitaliers et généreux. Nos portes sont ouvertes à tous les Algériens", nous dit un des habitants de Menâa. Effectivement, une fois arrivé à Menâa, on ne se pose plus la question de où manger ou où dormir...On ne pense qu'à faire la fête.
La fête (thamghra) n'a rien de solennel, encore moins de protocolaire, même si les tentatives de récupération sont visibles, mais l'association Thafsouth veille au grain.
La fête au village
Comme le veut la tradition, ce sont les troupes traditionnelles qui ont donné la mesure, et ce n'est pas le baroud qui manquait, d'ailleurs, la plus petite baroudeuse ne dépasse pas la quinzaine. Place ensuite au chant et danse où les citoyens et badauds étaient fort nombreux à se laisser prendre par le rythme, sollicités ainsi par la troupe. Les présents se sont donc laissés entraîner, d'autant que la majorité d'entres-eux connaissent les rythmes et les paroles pour chanter en chœur. En outre, les tâches étaient bien réparties : ce sont les femmes, et depuis toujours, qui se sont occupées de bien garnir et nettoyer les petites ruelles de la dechra, mais aussi de préparer les différents mets qu'on présente aux invités à cette occasion: une chekhoukha, et un gâteau traditionnel (gorsset eraabi : des losanges de semoules et des dates écrasées).
Pour cette 4e édition, les femmes ont fait en quelque sorte leur retour puisqu'un stand leur à été réservé, sachant que jadis, c'était elles qui donnaient le coup d'envoi de cette fête, lors d'une partie de thakourth, une sorte de hockey sur terre ferme, mais les temps ont changé... Les membres de l'association Thafsouth, et à leur tête le président M. Kala, espèrent profiter de cette occasion pour sensibiliser aussi bien les citoyens que les visiteurs mais surtout les autorités quant à la protection du patrimoine architectural, en l'occurrence l'ancien village où, hélas, d'anciennes battissent ont été démolies pour céder la place à des cubes en béton froid et sans vie.
Si les responsables locaux disent partager cette inquiétude, ils restent cependant impuissants puisque la pratique se fait malgré eux. Mais l'association Thafsouth compte saisir aussi bien la tutelle (le ministère de la Culture) que l'Unesco. Par ailleurs, Thafsouth et aussi une fête spirituelle et sociale puisque des conflits qui opposent des personnes, même parfois d'autres tribus, sont réglés à l'amiable à cette occasion. Partager le même plat est une manière de signer un pacte de paix et de bon voisinage. Thifsouine (pluriel de thafsouth) indique peut-être les multi-facettes de ce rendez-vous millénaire. Les jeunes de l'association préparent une requête, pour essayer d'organiser un hommage aux deux célèbres femmes qui ont vécu dans la région : l'anthropologue Germaine Tillion et la poétesse Ana Greki née à Menâa.
R H
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