Trente pour cent de femmes à l'APN, nous ne pouvons qu'être pour, car cela a couronné 10 années de travail de plaidoyer, entrepris par le Ciddef, les militantes des partis politiques et le mouvement associatif auprès des pouvoirs publics afin d'atteindre cet objectif en 2012. L'accès à l'exercice des pouvoirs ne peut se faire sans l'implication des femmes. Or, force est de constater la sous-représentation féminine en politique en Algérie. Malgré l'égalité en droits inscrite dans les différentes constitutions, malgré le droit de vote des femmes et leur éligibilité, le décalage entre le nombre d'élus hommes et le nombre d'élues femmes, pose problème. Les femmes sont présentes en force dans tous les secteurs, santé, éducation, fonction publique, sauf en nombre réduit en politique et dans les postes de décision. Le nombre de femmes présentes au Parlement a varié entre 3 et 7%, ce qui ne reflétait pas et ne traduisait pas l'égalité constitutionnelle. L'égalité des droits ne suffit pas, il faut s'efforcer d'atteindre une égalité de fait. En 2005, les pouvoirs publics, sensibles au plaidoyer entrepris par le Ciddef et ses partenaires, ont entrepris la ratification des conventions internationales, particulièrement celle relative aux droits politiques des femmes. Ce qui a permis au législateur en 2008 de procéder à une révision de la Constitution, introduisant l'article 31 bis affirmant les droits politiques des femmes. Le président de la République a déclaré que "la réforme de la Constitution permettra d'encourager plus de femmes à se lancer en politique". Ce sera un pas de géant vers la fin de la discrimination, ouvrant sûrement le champ à un grand nombre de femmes qui ambitionnent d'embrasser la carrière politique. La loi organique n°12- 04 du 12 janvier 2012 relative aux partis politiques (JO du 15/01/2012) a été plus entreprenante en introduisant la référence aux femmes. Dorénavant, le rôle et les missions des partis seront de former et de préparer les élites, aptes à assumer des responsabilités publiques, à œuvrer à la consécration de l'action démocratique et de l'alternance au pouvoir et à la promotion des droits politiques de la femme (Art. 11).La loi fixant les modalités augmentant les chances d'accès de la femme à la représentation dans les assemblées élues a permis l'arrivée de 147 femmes parlementaires sur 462 députés aux élections législatives du 10 mai 2012. L'arrivée de ces 147 femmes a dérangé de nombreux partis, il n'y a qu'à lire les réactions de certains d'entre eux. Nous retiendrons que la loi et la volonté politique ont forcé les partis politiques à utiliser le mécanisme mis en place pour augmenter les chances de représentativité des femmes en politique. Néanmoins, petit à petit et sur impulsion des militantes, les partis politiques se familiariseront davantage avec la loi. Le rejet de la liste ne contenant pas les proportions exigées par la loi organique les amènera à mettre en place des mesures de type organisationnel, éducationnel ou logistique. N. A. Z. (*) Juriste et directrice du Centre d'information et de documentation sur les droits de l'enfant et de la femme (Ciddef). Nom Adresse email