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Le chant des cigognes 2eer partie
Publié dans Liberté le 01 - 04 - 2014

Résumé : La sonnerie du téléphone résonna. Je repensais à ces après-midi où on prenait le thé ici même, chez ma grand-mère, alors que j'étais encore adolescente. Ma cousine vint enfin répondre au téléphone et me lance d'une voix aigre-douce que ma mère n'avait aucun droit à l'héritage.
Hanifa prend une longue inspiration avant de lancer d'une voix courroucée :
- Heu, je ne crois pas que papa soit aussi idiot. Il a toujours répété que les filles n'avaient rien à espérer. Tout lui revient. C'est lui maintenant le doyen de la famille. Le seul héritier. Ta mère et tante Keltoum, n'ouvrent droit à aucun centime. Je hausse les épaules. A quoi cela servirait-il de discuter avec une tête de mule comme cette cousine prétentieuse et complexée à souhait ? L'aristocratie des temps modernes semble prendre une autre tournure.
Sans lui porter intérêt, je replonge dans mes souvenirs.
Le jour de ma rage de dents, je venais de boucler mes quatorze ans. J'étais aussi plate qu'une planche à laver, et mes cheveux châtain et fournis, constamment retenus en une longue queue de cheval, me donnaient un air sévère, un air de madone.
J'avais l'impression que, ce jour là, ma maigreur ressortait davantage. Je portais une robe blanche au col relevé et des sandales à semelles compensées.
Lorsqu'on vint servir le thé, je ne pus que regarder les autres rire et boire ce breuvage chaud, alors que j'avais l'impression que ma mâchoire allait exploser, et que des coups de marteau redoublaient d'intensité dans ma tête.
Devant mes poings serrés et mon visage fermé, ma grand-mère tape de sa canne un coup sur la dalle du sol recouverte d'un léger tapis persan :
- Pourquoi ne prends-tu pas ton thé, petite?, lance-t-elle d'une voix à donner froid dans le dos.
Une sueur inonda mon corps. Ma rage de dents s'éclipsa un moment devant la frayeur.
Ma grand-mère avait de l'autorité. Beaucoup d'autorité. Ses yeux perçants et sa voix au timbre profond et fort pouvaient intimider le plus hardi des hommes. C'était elle la maîtresse de maison. C'était elle qui gérait les affaires familiales, et de ce fait, régnait sur le trône des coutumes ancestrales. Gare à celui qui oserait la contrarier.
- Cette petite est trop gâtée, Nafissa.
Ma mère sursaute. Elle pâlit, puis se reprend pour répondre :
- Mais non, maman, Narimène souffre d'une rage de dents, et le dentiste ne travaille pas aujourd'hui. Malgré tout, elle a tenu à respecter le rendez-vous familial du week-end.
Ma grand-mère hoche la tête d'un air hautain, puis rapproche son monocle de son œil pour m'observer :
- Approche un peu petite...
Les jambes tremblantes, je contourne l'assistance pour m'approcher de mon aïeule. Elle tendit son bras et m'attira un peu plus vers elle :
- On dirait que tu ne manges pas, tu es aussi sèche et maigre qu'un épi de blé en été.
Je déglutis difficilement en retenant encore mes larmes et mes sanglots. J'avais la gorge nouée et les coups de marteau dans mon crâne allaient crescendo.
- Narimène grandit, maman. Elle pousse comme une tige, et cela la fait paraître plus maigre et...
- Nafissa !
Ma mère se tût. Elle n'était pas autorisée à parler. Ma grand-mère devait donner la parole et autoriser elle-même les conversations.
Je lève les yeux et croise le regard de mon défunt grand-père. Du haut de son portrait au-dessus de la cheminée, il semblait me transmettre un message. Pour lui, toutes les femmes se valent. Des pies, que des pies. J'entendais nettement sa voix, et voyais ses lèvres qui remuaient en dessous d'une moustache drue et parsemée d'un soupçon de poils poivre et sel.
"Ta grand-mère est comme toutes les autres, une femme qui veut démontrer une autorité mal placée".
Mon grand-père était mort cinq années plus tôt d'une méchante pneumonie. Il était le propre cousin germain de ma grand-mère. Tous les deux étaient les petits enfants d'un noble Turc, un grand vizir de l'ancien Empire ottoman. Que d'histoires là-dessus ! L'aristocratie, la noblesse, les origines, que sais-je encore ?
- Tu as perdu ta langue ?
La voix de ma grand-mère me ramène sur terre.
Je regarde autour de moi. Hanifa met la main devant sa bouche pour étouffer un fou rire, puis me tire la langue.
Ma tante Keltoum et ses enfants se taisaient. Mon oncle Wahid et sa femme se croisaient les doigts, et la bonne qui était chargée du service ce jour-là me jeta un regard discret et plein de pitié.
Je serrais mon mouchoir dans la paume de ma main avant de le porter à ma joue, puis je pris une longue inspiration avant de murmurer :
- Grand-mère, je... j'ai une rage de dents depuis hier soir. Vous m'excuserez, mais je vis un calvaire sans pareil. Je... je ne peux ni parler, ni manger, ni me concentrer.
Ma grand-mère dépose son monocle sur une table basse et reprend son éventail. Elle l'ouvre devant son visage, et nous pouvions tous contempler admirativement le grand paon qui déployait ses plumes au ton criant... Il est magnifique cet éventail, me surpris-je à penser.
- Tu as mal, tu es maigre, tu ne peux pas manger, drôle de répertoire pour une jeune fille de ton âge. Au fait, quel âge as-tu maintenant Narimène ?
(À suivre) Y. H.
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