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Aucune politique sérieuse n'a été lancée depuis l'indépendance
Tourisme algérien, ou la régression féconde !
Publié dans Liberté le 16 - 08 - 2014

Nous sommes le 2 août 2014 et Bison fûté prévoit une journée noire, à l'occasion du chassé-croisé des juilletistes et des aoûtiens ; toutes les voies d'autoroutes sont prises d'assaut, mais la circulation est sous contrôle, en France !
En Algérie, une chose est sûre : les vacances commencent à peine à prendre un sens, mais elles sont déjà gâchées par la fluidité de la circulation le long du littoral qui est impossible et même les ambulances n'arrivent pas à se frayer un chemin. Les gardiens des parkings font la loi et "les gros bras" sont les maîtres des plages dont l'accès, selon les pouvoirs publics, était censé être gratuit ! À ce rythme, on payera pour accéder à nos maisons et même pour voir nos enfants comme l'a affirmé, dernièrement, l'éditorialiste du Quotidien d'Oran !
Le pays compte 220 plages interdites à la baignade pour cause de pollution et au total, les deux tiers sont infréquentables ! Hôtes par-devers eux, de tant de peuples au cours des siècles, les Algériens dès qu'ils en eurent les moyens, s'en allèrent découvrir le monde, avides de voir, de toucher et d'acheter ce qu'on leur avait pris ou interdit. Pour les anciens parmi nous, "Partir, c'est mourir un peu" ; pour nos enfants, "Partir, c'est vivre un peu !", mais avec les sérieuses restrictions de l'allocation devises, le nombre d'Algériens sortant à l'étranger a chuté de plus de 50% ; tout porte à croire que cette tendance à la baisse se confirmera, d'autant plus, que les chancelleries des pays de destination visés, européens, notamment, ne donnent aucun signe de facilitation pour la délivrance, sans restriction, du fameux visa. En conséquence, les gens ne voyagent plus hors du territoire national, ou très peu et se rabattent, sur le produit touristique local : mais voilà, tout est complet, saturé, râpé pour les Algériens qui ont opté pour le tourisme domestique. À Constantine, par exemple, on apprend qu'aucune piscine publique ne sera ouverte cet été, et tant pis pour les habitants et leurs enfants ! Le pays est pourtant très vaste, les sites innombrables, la côte interminable mais les places d'hôtels vacantes sont inexistantes ou infimes au regard des besoins exprimés ou latents ; ni les hôtels de gamme moyenne encore moins les auberges bon marché ne sont disponibles ; l'Algérie se targue d'avoir 60 hôtels parmi la gamme de luxe, mais il n'existe que très peu d'hôtels classés dans la gamme moyenne (2 et 3 étoiles) et souvent les estivants sont confrontés aux tarifs dissuasifs et rédhibitoires de la nuitée à 10 000 DA et plus. L'autre handicap réside dans la cherté des billets d'avion du réseau intérieur, même si la compagnie nationale Air Algérie a réduit de moitié ses tarifs à destination du sud du pays. Là aussi, il y a à dire sur cette compagnie qui fait parler d'elle avec ses retards, reports et annulations de vols et de mauvaise prise en charge des passagers : sur la période allant du 9 au 11 août courant, et sur 19 vols programmés à partir de l'étranger, aucun avion n'a décollé à l'heure ! On a toujours parlé au ministère du Tourisme de lancer le tourisme, ou de le relancer et, selon le point de vue de tel ou tel ministre, on vise en même temps satisfaire la demande interne et nous ramener des devises, est-ce possible ? Faut-il commencer par réanimer le tourisme domestique et donc commencer par satisfaire une demande intérieure, pesante et urgente ou alors tout miser sur une demande extérieure, hypothétique et virtuelle, soumise de plus en plus à une impitoyable concurrence ?
Peut-on mener les deux actions en parallèle ?
Certes, beaucoup a été fait, des agences de tourisme ont vu le jour, des formules de voyages ont été testées, des assises du tourisme et même des salons sont ponctuellement organisés, à l'étranger, pour appâter le chaland, en vain. Mais voilà, le secteur s'échine encore comme si le tourisme n'était pas l'affaire de la société toute entière. Un ministre chasse l'autre et l'instabilité du secteur n'en finit pas alors que le pays reste le même, dans ses constantes :
plus de 1 000 km de bord de mer, des montagnes boisées surplombant plusieurs vallées et même des cours d'eau des sources minérales à ciel ouvert ; dans le Sud et l'immensité saharienne, on trouve les ergs, les oasis et les parcs du Tassili du Hoggar. En amont, des installations touristiques louables mais franchement insuffisantes. En aval, une demande interne de plus en plus croissante de vacanciers, effectifs ou potentiels, aspirant à la détente ! Comment appréhender cette équation sachant que les Algériens ne sont pas difficiles ; pour eux, il suffit de créer ceci et cela, disent-ils, pour que les choses aillent mieux et que tout le monde puisse profiter de ses vacances ! En cette période et en attendant la rentrée de septembre, ce sont au moins 2 millions de vacanciers qui vont se ruer sur les sites et structures du pays et les responsables de la promotion touristique, publics ou privés, doivent profiter de cette demande et proposer des prestations en rapport et à tout le moins lutter contre ces incompréhensibles pénuries d'eau minérale, comme à Hammam Boughrara ou Marset-Ben-M'hidi dans la wilaya de Tlemcen où la bouteille se négocie à 100 DA ! Le tourisme, c'est une véritable locomotive économique et l'enjeu qu'il implique ne peut relever du seul secteur chargé de sa mise en œuvre. Il interpelle toutes les institutions, politiques et privées, jusqu'au moins planifiable possible, l'Algérien et sa mentalité. Elles sont deux femmes à avoir été choisies par Abdelmalek Sellal pour réanimer le secteur touristique et mettre de l'ordre dans les hôtels et les complexes ; c'est déjà une priorité ; intervenir sur les mentalités des opérateurs touristiques, c'est aussi une urgence à prendre en considération ! Sauver l'artisanat, protéger le patrimoine archéologique, rendre nos villes plus attrayantes, conserver une politique de loisirs, améliorer nos transports, renforcer la sécurité partout, promouvoir la gastronomie et l'habit traditionnel algérien, sortir le tapis de Ghardaïa du néant dans lequel il se trouve, rendre nos banques agréables, mettre le Wifi partout, voilà un programme plus qu'alléchant pour sortir le tourisme national de sa régression ! Potentialités extraordinaires, sites naturels et historiques inestimables, jeunesse de la population, tout plaide pour une "naissance" du tourisme algérien qui est, présentement, confronté à une double exigence de compétition internationale et de réponse à des besoins sociaux et culturels. Les autorités tunisiennes espèrent, en effet, dépasser le seuil du million de touristes algériens, accueillis chez eux, sur l'ensemble de l'année 2014. Oui, nous avons bien dit un million !
Au poste frontière de Bouchebka, on enregistre, quotidiennement, 900 sorties d'Algériens à destination du territoire tunisien ; à Ras El-Ayoun, ils sont 200 compatriotes à vouloir changer d'air, fuir la canicule pour se baigner, tranquillement, en famille, dans les belles plages de Sousse ou à Hammamet pour profiter des délices de la thalassothérapie !
Voilà les recettes simples des Tunisiens, de celles qui font leur label et le bonheur de nos concitoyens qui se ruent dans ce pays frère, à longueur d'année ; ils sont déjà plus de 509 000 personnes à y avoir séjourné, ce qui correspondrait selon l'Office national du tourisme tunisien à une hausse de 26% par rapport à l'année 2013 !
La crise que vit l'Algérie en matière touristique n'est pas le résultat d'une fatalité, mais la conséquence directe des errements de tous ces ministres qui, pour le moins, n'avaient pas les compétences requises pour gérer un tel secteur. Pour justifier leurs insuffisances, ces responsables qui se sont succédé à la tête du département et qui ont grandement contribué à se décrépitude invoquent la question de l'insuffisance des budgets alloués au secteur. Certes le parc hôtelier a besoin d'argent pour son développement, comme il est nécessaire aussi de libérer le foncier pour permettre un maximum d'investissements. Mais le secteur a aussi besoin de se débarrasser de tous ceux qui font fuir les investisseurs, lassés d'être rackettés par des responsables beaucoup plus soucieux de leur avenir que de celui du tourisme national ! Depuis 1976, d'ailleurs il n'y a eu qu'une seule véritable politique de tourisme qui accordait la priorité au tourisme interne en faveur des nationaux. Depuis plusieurs décennies donc, il n'y a que des tentatives puériles et sporadiques qui n'ont pas produit de résultats probants ; sur le terrain, les nationaux se plaignent de la médiocrité des services et les étrangers se sont raréfiés déjà bien avant 1991, début des années tragiques ; quant aux émigrés, malgré l'accueil officiel et personnalisé qui leur a été réservé par Ramtane Lamamra, Amar Ghoul et consorts, ils s'en retourneront dans leur pays d'accueil, lourdement chargés, mais néanmoins mécontents de n'avoir pas réussi à négocier au plus fort leurs euros au "black change". Ce grand gâchis touristique est à inscrire en caractères gras sur le registre des faillites de l'Algérie indépendante. Le nom des ministres qui ont mal géré le secteur et contribué à sa ruine aussi !
Le ministère du Tourisme, et c'est son principal défaut, a toujours voulu évoluer en solitaire, dans une insularité criante, sans aucune intersectorialité ou complémentarité.
Il lui manque, à ses côtés, et cruellement, un ministère de la Culture fort de ses compétences et de son budget, un ministère de la Communication percutant et un ministère des Collectivités locales géré par des experts ; il lui faut aussi, en appoint, un secteur bancaire réformé, affranchi de ses carcans, et des partenaires privés mus par l'esprit gagnant-gagnant !
Selon les chiffres, l'Algérie n'a jamais dépassé le seuil d'un million de visiteurs étrangers, depuis 1963 ; ce chiffre inquiète et rassure dans le même temps, car il peut être un atout dans le sens où des destinations voisines (Maroc et Tunisie) peuvent connaître la saturation, contrairement à la Turquie et la Croatie, ces nouvelles destinations en vogue qui en profitent ; pourquoi pas notre pays.
C'est ça, en fait, la régression féconde de notre tourisme qui, après avoir atteint les abysses, ne peut que se relever pour avancer.
Pour l'instant, l'Office national du tourisme (ONT) est à court d'idées, après s'être dépensé (inutilement ?) dans les salons internationaux de second plan, voire insignifiants et dont la cible de clientèle, en termes de marketing, ne correspond pas aux deux produits algériens phares "saharien et balnéaire" ; il s'agit des salons de Moscou, Budapest (Hongrie), Varsovie (Pologne), Tunis, Casablanca et Le Caire.
Les pays européens de l'Est s'intéressent au produit balnéaire de qualité et bon marché, et présentement seule la Tunisie les intéresse et les attire grâce à sa politique d'ouverture et ses prix imbattables ! Les pays arabes, Tunisie en tête, reçoivent en masse nos nationaux et ne nous envoient pas les leurs en retour ! En conséquence, un changement de braquet dans la politique touristique est plus que nécessaire.
Les pays qui doivent être ciblés à l'avenir sont l'Allemagne, à travers le salon de Berlin, et la France via les salons de Deauville et de Cannes où réside une forte communauté de pieds-noirs, avides de visiter l'Algérie.
Un éminent spécialiste en tourisme international, Saïd Boukhalfa, l'affirmait : "Une destination touristique, en tant que produit national, se construit sur la durée, 10 à 20 ans (construction d'infrastructures adaptées, formation de personnel, campagnes promotionnelles ciblées, etc.)."
Dieu et la nature ont doté l'Algérie d'une richesse aussi variée qu'exceptionnelle, mais l'apport des hommes qui avaient la charge de promouvoir et de séduire les touristes n'était pas en rapport. Comme l'Office Riadh El-Feth, censé être le "Beaubourg" algérien mais qui, faute de gestionnaires compétents et surtout "banquables" comme Amine Zaoui, Abdelkader Bendaâmache ou encore Safy Boutella, véritables hommes de culture, se complaît dans une routine au grand dam des quelques visiteurs qui fréquentent encore ce désert culturel !
La beauté de l'Algérie ne suffit pas pour le retour du tourisme qui reste tributaire de notre capacité à transformer ce potentiel en produits touristiques de qualité en lui conférant une dimension à la hauteur de ses atouts.
Pour cela, il faut des hommes... et aussi des femmes, non pas pour porter le tourisme national sur des fonts baptismaux, pas encore, mais pour "secouer le cocotier", maintenant !
C. A.
(*) Cadre supErieur en retraite
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