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Alors que 9 200 milliards sont consacrés à sa réhabilitation
La Casbah d'Alger, entre volonté politique et contraintes majeures
Publié dans Liberté le 22 - 09 - 2014

Témoin authentique de la genèse urbaine de la capitale par son histoire politique, économique, sociale et culturelle, son architecture puisant à la fois du vernaculaire et de l'universel, allant de la modeste douira aux palais somptueux, de l'humble mausolée aux imposantes mosquées, La Casbah d'Alger constitue un patrimoine de valeur mais qui a subi les dommages du temps aujourd'hui visibles sur son cadre bâti. L'urgence de la sauvegarde de la vieille cité n'est plus à démontrer. Comment faire justement quand les modalités de mise en œuvre d'une telle action visant à réunir les conditions de réussite font face à des contraintes majeures liées essentiellement au problème juridique posé par les héritiers ? Où en est-on avec le plan du secteur sauvegardé, des opérations interminables de relogement, des travaux de restauration et des comités mis en place à cet effet ? Saïd Guellal, CES à la wilaya d'Alger, est l'un des meilleurs spécialistes qui a travaillé sur le dossier. Il a répondu à nos questions et questionnements.
La Casbah d'Alger n'a en réalité jamais été absente des préoccupations des pouvoirs publics, même si les actions menées durant les années 1970 et 1980 restent timides, dans la mesure où les moyens mis à cette époque étaient modestes, à l'exception de la restauration du Bastion-23 en partenariat avec les Italiens. La classification de la vieille cité d'abord comme patrimoine national en 1991 puis patrimoine mondial en 1992 allait aiguillonner les autorités pour sa prise en charge, mais l'intention fut stoppée net durant la décennie sanglante.
L'avènement du gouvernorat du Grand-Alger verra l'approbation de la loi 98/04 relative au patrimoine qui consacrera La Casbah en secteur sauvegardé et où la wilaya d'Alger allouera sur son propre budget 100 millions de dinars chaque année destinés à la restauration, rénovation et réhabilitation du périmètre arrêté au début à 70 ha avant d'atteindre actuellement 105 ha. Les premières opérations ont concerné les palais et les mosquées dont on citera Dar Essof, Dar Mustapha-Pacha, Dar El-Hamra, Dar El-Cadi, les mausolées de Sidi-Abderrahmane, Ouali Dadda, Djemaâ El-Kebir, Djemaâ Jedid ainsi que quelques fontaines (Aïn Mezaouka, Sidi-M'hamed-Cherif). Hormis la restauration du patrimoine historique, d'autres opérations ont été initiées dès 2004 telles que l'évacuation de centaines de tonnes de gravats, le dégagement de la circulation automobile et des piétons des principaux accès à La Casbah, l'amélioration du cadre de vie à l'intérieur de la cité, l'amélioration de la collecte des ordures ménagères, l'installation d'une police d'urbanisme, etc.
En matière de relogement, plusieurs opérations ont été concrétisées et on peut dire dans ce cadre que La Casbah d'Alger a bénéficié de 10 000 logements, un chiffre suffisant pour couvrir toutes les demandes, sachant que le périmètre sauvegardé qui chevauche sur quatre communes (La Casbah, Bab El-Oued, Oued Koriche et Alger-Centre) regroupe environ 52 000 habitants. Pourtant, les services de la wilaya enregistrent continuellement des demandes de logement accompagnées de mécontentements parfois violents lors de chaque relogement.
Une question sur laquelle on reviendra plus loin. Avant cela, il est utile de savoir que le plan de sauvegarde, approuvé en 2012, est précédé d'un autre datant de 2006 inspiré lui-même des dispositions publiées en 2003. La gestion de ce plan est conférée par la loi au ministère de la Culture. 717 bâtisses sur un total de 1 816 ont connu des mesures d'urgence, notamment l'étayement et la stabilisation des structures. Pour faire face à un plan dit d'attaque, l'Etat a alloué une enveloppe financière conséquente de 92 milliards de dinars, dont une tranche a été débloquée en 2013. Côté wilaya, plusieurs actions ont été adoptées et en premier lieu l'installation par Abdelkader Zoukh d'un comité d'orientation et de suivi des travaux de restauration du secteur sauvegardé de La Casbah d'Alger qu'il préside lui-même. En plus des Directions de la wilaya, ce comité englobe des représentants du ministère de tutelle, de la CA et des APC concernées.
Sauver 1 816 bâtisses
Dans le cadre du plan de sauvegarde adopté par le gouvernement en 2012 conformément au décret exécutif n°12/133 du 21 mars 2012, les services concernés ont recensé 1 816 bâtisses à prendre en charge, dont 30% sont en état de dégradation très avancé, 50% en état de dégradation moyen ou superficiel, 10% en ruine, 10% fermées ou murées. Les premières mesures réalisées par le ministère de la Culture ont été développées en deux phases et touché 717 maisons.
Les actions concrètes menées à ce jour par ce comité concernent d'abord l'évaluation domaniale de 57 bâtisses biens privés. Pourquoi cette évaluation en particulier ? L'Agence du secteur sauvegardé (ANSS) a reçu des demandes de propriétaires ayant exprimé le souhait de vendre leurs biens à l'Etat ou de voir ce dernier prendre en charge l'étayement de leurs bâtisses. Ce chiffre fait partie d'un total de 397 demandes déposées au niveau de cette agence, dont 252 souhaitent la restauration de leurs biens, 51 veulent vendre, 84 désirent faire échange et 10 attendent la reconstruction de leurs bâtisses. Les autres actions concrètes ont trait au renforcement de l'effectif de la police d'urbanisme (PUPE), le recrutement d'îlotiers chargés de la surveillance et du suivi des constructions illicites et de squat, installation d'un comité dit réseaux (Sonelgaz, Seaal, Asrout, etc.) avec une équipe d'intervention pour chaque concessionnaire. Un projet d'enfouissement des réseaux est actuellement à l'étude. Il faut savoir que tous les plans des concessionnaires ont été actualisés. De son côté, Algérie Télécom va installer un palmier pour améliorer la couverture du réseau de téléphonie mobile de la vieille cité. Pour sa part, la Direction de l'hydraulique a finalisé les études avec des entreprises coréennes concernant la rénovation des trois collecteurs importants de La Casbah. Les études ont été transmises à l'Office de gestion et d'exploitation des biens culturels (OGEBC) pour prise en charge.
Un plan d'attaque en 5 phases
La stratégie globale d'intervention, ou plan d'attaque qui découle du plan de sauvegarde, dans la vieille cité se fait en cinq phases. En premier lieu, les actions préliminaires simultanées sur le terrain, avec la mise en place du bureau technique d'assistance et de coordination sous forme de groupement de bureaux où tous les intervenants sont présents. Il s'agit surtout dans cette étape de traiter les dossiers des propriétaires et les transmettre au Fonds du patrimoine pour l'achat des biens. La deuxième phase concerne les études de consolidation avec un principe de priorité d'intervention. L'une des priorités à noter, à ce sujet, est la reconstruction des 57 parcelles vides qui constituent un soutien structurel pour les bâtisses en amont, la reconstruction des 128 parcelles en ruine, la restauration des 17 bâtisses murées non squattées, des bâtisses de propriétaires ayant déposé un dossier auprès des structures de la culture, des 6 bâtisses historiques en rapport avec la lutte de Libération nationale et des lieux de culte et monuments majeurs. À noter que les BET retenus ont été chargés de l'élaboration des études de consolidation et restauration. La troisième phase a trait au choix des entreprises nationales publiques et privées (bâtiment et génie civil). La quatrième phase est relative au déplacement de la population dont il convient de noter que 800 familles ont bénéficié d'un relogement définitif (sans retour) et 600 familles d'"un relogement tiroir" ou provisoire en attendant la réhabilitation de leurs maisons. Parallèlement, d'autres opérations revêtaient un caractère urgent. Le dernier Conseil des ministres, consacré à la gestion de la capitale, a inscrit parmi les points à l'ordre du jour la mise en œuvre du plan de sauvegarde de La Casbah. Abdelmalek Sellal a instruit les instances concernées de la poursuite du plan d'action arrêté par le ministère de la Culture. Le wali d'Alger a, pour sa part, constitué un comité d'intervention pour les services basiques. Entre-temps, d'autres opérations revêtant un caractère urgent ont été concrétisées telles que la restauration des deux minarets de la mosquée Ketchaoua qui risquaient de s'effondrer. À rappeler au sujet de ce lieu de culte et dans un cadre d'assistance technique, le gouvernement turc s'est engagé à prendre à sa charge sa restauration totale. Contrairement à ce que l'on pense, cet édifice n'a pas été construit par les Turcs mais par les Français au début de la colonisation, et son aspect de cathédrale est d'ailleurs assez éloquent. Si La Casbah d'Alger a bénéficié de plusieurs opérations de relogement, le problème n'en est pas moins réglé définitivement. Il y a quelque part un dysfonctionnement qui laisse planer des interrogations de savoir quelles explications donner à cette situation qui perdure et risque de ne pas connaître de solution, à moins d'une décision radicale. D'aucuns parlent de volonté politique. Qu'attendent dans ce cas les pouvoirs publics pour prendre le taureau par les cornes et en finir avec un épineux problème ? Ce n'est pas aussi facile qu'on peut le croire, répondent les initiés. Pour notre interlocuteur, La Casbah a connu 0% de relogement. En d'autres termes, toutes les demandes réellement exprimées ont été satisfaites dans un cadre administratif. Pourtant, les insatisfaits ne manquent pas à l'appel. Chaque relogement apporte son lot de mécontents se transformant souvent en émeutes. Pour le représentant de la wilaya, il s'agit d'une situation difficile à contrôler en raison d'un certain nombre de facteurs dus en majorité à la problématique du cadre juridique. Il faut savoir en effet que 85% des bâtisses sont des propriétés privées. Les propriétaires louent leurs biens à des tiers. Les maisons sont souvent louées après le départ des précédents occupants, un manège très difficile à contenir à cause de la complicité des propriétaires qui trouvent leur compte dans ce bizness inespéré. Par ailleurs, un autre problème et non des moindres se pose, en l'occurrence celui des héritiers. À ce titre, la wilaya ne trouve en fait pas d'interlocuteur(s) face à des héritiers eux-mêmes en désaccord sur leurs biens. Il arrive que l'un d'eux quitte les lieux, il est tout de suite remplacé par un autre qui fait prévaloir ses droits. La wilaya, de son côté, ne peut faire aucune intervention dans un bien tant qu'elle n'est pas revêtue du sceau de la justice. Des cas presque impossibles se sont présentés aux services de la wilaya, et l'exemple qui va suivre est assez édifiant. Il y a quelques années, une bâtisse a été recensée avec deux propriétaires qui avaient acheté ce bien dans les années 1930 sans même en parler à leur famille. L'un d'eux décède en 1939 et son copropriétaire en 1943. Ces informations ont été rapportées par les occupants des lieux. Comment traiter un cas pareil qui n'est pas unique ? Même si la loi prévoit "la déclaration de la vacation de biens", il faut attendre quelques années pour intervenir. En attendant, la bâtisse est en train de subir des dégâts, sans parler d'éventuels mouvements de départs et d'arrivées d'occupants. Dans cette attente, la wilaya essaie de négocier avec les propriétaires dont 57 sont d'accord pour confier la prise en charge de leurs biens. D'autres (316 bâtisses) sont prêts à participer à la restauration de leurs biens au taux prévu par la loi qui est de 20%. Après le séisme du 1er août dernier, 3 opérations de relogement ont été concrétisées au profit de 331 familles issues de 45 bâtisses classées rouge par le CTC. Les lieux ont été fermés et un gardiennage a été instauré. Mais il se trouve que quelques familles bravant le danger ont squatté de force ces bâtisses dans l'espoir de bénéficier d'un relogement. Parmi elles, beaucoup ont été rejetées par décision des commissions compétentes. Une décision qui n'a pas été agréée par ces familles. Eu égard à ces contraintes majeures, l'on se rend compte que la gestion de La Casbah, notamment son volet relogement, n'est pas une mince affaire. Ceci oblige les services de la wilaya d'Alger à attendre les résultats des entreprises intervenantes sur les lieux et le traitement des dossiers par ordre de priorité pour pouvoir mener des opérations de relogement sans crainte de réactions d'insatisfaction.
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