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"Les secrets..." 61e partie
Publié dans Liberté le 27 - 09 - 2014

Résumé : L'adresse les mène dans une ville de l'intérieur, dans un vieux quartier. Ils découvrent que la maison a été abandonnée. Ihssane voudrait entrer, mais son grand-père ne la laisse pas. Elle va frapper aux portes des maisons avoisinantes. Personne n'a de contact avec eux depuis des années. Ils tentent leur chance en se rendant au café du quartier. Son vieux propriétaire doit pouvoir les renseigner...
Hadj Makhlouf les invite d'un geste de la main à prendre place en face de lui.
- Je ne vous connais pas ! Vous n'êtes pas d'ici !
- En effet, confirme hadj Ahmed. Le destin nous a amenés jusqu'ici pour retrouver une famille. Mais la maison dans laquelle ils vivaient est complètement abandonnée ! Savez-vous ce qu'il leur est arrivé ?
- Peut-être, émet-il. De quelle famille s'agit-il ?
- Nous cherchons la famille X, ils avaient des filles étudiantes. Ma fille et les siennes se sont perdues de vue ! On tente de les retrouver mais personne ne sait où ils sont allés !
- Maître Abderrahmane a vu sa vie se transformer ! En plus d'avoir bien marié ses filles, il s'est vu offrir un poste clé dans un ministère ! Il n'a plus jamais remis les pieds ici !
- Quel ministère ?, demande Ihssane. Avec qui se sont mariées ses filles ?
- Pour ce qui est du père, il n'est plus en poste ! Il est à la retraite ! Quant à ses filles, l'une est une grande juge, la deuxième est médecin, et je crois que la cadette est ingénieure ! Les garçons sont dans le corps diplomatique...
- Comment savez-vous tout ça s'ils ne sont jamais revenus ici ?, s'écrie Ihssane. Quelqu'un sait-il où ils habitent ?
Hadj Makhlouf hoche la tête.
- Oui. Quand je disais qu'il n'a plus jamais remis les pieds ici, ça ne veut pas dire que les gens qui ont recours à lui reviennent bredouilles ! Au contraire, il est généreux et aide quand il peut. Je vais appeler le pharmacien.
D'après les rumeurs, il lui a déniché un bon poste !
Il leur demande de le suivre à l'intérieur du restaurant d'où il appelle le pharmacien. Ce dernier confirme que grâce à Abderrahmane, son fils travaille à Alger. Il l'a reçu chez lui...
- Ecoute, j'ai besoin de lui rendre visite, peux-tu me dire où il habite ?
Ihssane ne perd pas un mot de la conversation. Le cœur serré, elle écoute, pleine d'espoirs.
- A Ben Aknoun... A la rue X... Il y a un grand portail rouge ? En face d'un fleuriste ? Bien, c'est noté ! Merci mon frère ! Passe quand tu as un moment, on déjeunera ensemble ! Il raccroche puis se tourne vers eux, satisfait.
- Vous avez bien entendu...
Il reprend un par un les renseignements collectés.
- Merci pour votre aide, dit Ihssane.
- De rien ma fille... Restez déjeuner. Vous êtes mes invités !
Mais ils refusent gentiment.
Les deux hommes échangent une poignée de main.
- Ce sera pour une autre fois, promet hadj Ahmed. Bonne journée !
Ils ne tardent pas à reprendre la route. La jeune fille est impatiente d'arriver à Alger, hâte de retrouver la demeure de ses grands-parents.
- Dire que j'étudie à Ben Aknoun ! Si ça se trouve, je connais mes cousins, mes cousines...
- Tout est possible ! Mais Ihssane, tu oublies parfois que c'est pour "bien la marier" qu'ils avaient refusé qu'elle se marie avec son ami, ton père !
- Oui, mais cette histoire fait partie du passé !
- Du passé ? Crois-moi, ils ne vont pas sauter de joie, dit gravement le grand-père.
C'est comme déterrer les cadavres !
- Je ne vais pas le leur dire tout de suite, le rassure-t-elle. Peut-être même qu'ils ne le sauront jamais ! Je te promets de ne pas les approcher tout de suite ! Je verrai la maison, me renseignerai sur eux et leurs habitudes. Après j'aviserai !
- Jure-moi de me tenir au courant !
- Et comment !, rétorque-t-elle en soupirant. Il n'y a que toi qui me comprennes vraiment ! Maman Zina et grand-mère m'en veulent beaucoup ! Elles l'ont prise pour de la trahison, de l'ingratitude... Dans le fond, je dois être une mauvaise fille !
- Non, ne dis pas ça ! Leur colère finira par s'estomper et leur amour sera encore plus fort, affirme-t-il, quand tu te consacreras à elles, à la maison, à tes études.
Comme avant que tu n'aies ces idées de retrouver ta mère biologique !
(À suivre)
A. K.


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