La coalition menée par Washington a frappé dans la nuit de dimanche à lundi un complexe gazier syrien contrôlé par Daech, après avoir détruit, la veille, quatre raffineries de taille moyenne, exploitées jusque-là par cette organisation terroriste. Ces frappes ont pour finalité de tarir les sources de financement de Daech, autoproclamé Etat islamique, dont l'or noir constitue le principal revenu et qui exploite une douzaine de champs pétroliers dans les zones qu'elle contrôle en Syrie et en Irak. De 25 000 à 40 000 barils par jour y sont produits. Ce qui lui rapporterait environ 1,2 million de dollars au marché noir, a indiqué au New York Times, dans ce sens, Luay al-Khatteeb, professeur adjoint au Doha Center du Brookings Institution, au Qatar. Daech empocherait des sommes de 1 à 3 millions de dollars par jour de la vente du pétrole, estime pour sa part, la Fondation Carnegie. "La raison qui explique leur montée en puissance en Syrie et à travers l'Irak, c'est parce qu'ils se sont emparés de gros gisements pétrolifères", a expliqué quant à lui Samuel Laurent, consultant international, spécialiste du monde arabe, chez Jean-Jacques Bourdin. Afin de mesurer l'ampleur des moyens financiers engagés par cette organisation terroriste, il suffit de se référer aux estimations des services de renseignement américains, telles que rapportées par le journal américain Huffington Post. Daech empocherait jusqu'à 3 millions de dollars par jour, ce qui fait d'elle l'une des organisations terroristes les plus riches de l'histoire. Pourtant, au commencement les innombrables groupuscules terroristes qui combattaient le régime de Bachar al-Assad, comme le Front al-Nosra ou Daech, comptaient essentiellement sur la générosité des émirs du Golfe, ou prédicateurs de renom, qui agissaient à titre privé ou au nom d'organisations caritatives. À telle enseigne que l'on fait état de sommes par millions de dollars, acheminées vers la frontière turco-syrienne, à destination des combattants islamistes, en provenance d'Arabie saoudite, du Qatar et du Koweït. De généreux donateurs dans ces pays auraient ainsi contribué discrètement à financer l'achat d'armement et au recrutement, au profit de la rébellion armée sunnite contre le régime de Damas. Michael Stephens, directeur du Royal United Services Institute, au Qatar, a récemment déclaré à la BBC que les Etats du Golfe soutiennent des groupes, à l'instar du Front al-Nosra, Liwa al-Tawhid, d'Ahrar al-Sham et de Jaïsh al-Islam. Mais ces groupes se sont alliés récemment à Daech, ce qui signifie un financement indirect de l'Etat islamique. Mais depuis cette date, les éléments de cette organisation se sont emparés des réserves de la banque centrale de Mossoul, en juin dernier, et multiplié leurs sources de financements. Le nerf de la guerre proviendrait non seulement de la vente de pétrole mais aussi de différentes autres sources, à savoir des dons, pillages, contrebande et impôts, ainsi que des kidnappings et trafics d'êtres humains. Daech compte également pour renflouer ses caisses sur les impôts auxquels sont soumises les populations des territoires sous son contrôle. Les entreprises, petites et grandes, y contribuaient également à hauteur de plus de huit millions de dollars par mois, estime le Council on Foreign Relations, selon la publication susmentionnée. Cela vient se greffer sur le commerce illégal d'antiquités, grâce auquel il a pu récolter au moins trente-six millions de dollars dans une seule province syrienne en vendant des objets vieux de parfois huit mille ans. Les militants de Daech ont également obtenu des millions grâce aux rançons payées par les familles et les gouvernements de plusieurs pays européens, en échange de la libération des otages. Selon les déclarations récentes de fonctionnaires américains sur NBC, certains gouvernements ont versé des rançons à sept chiffres. Amar R.