Bush tient Sharon en laisse

Enième menace de mort contre Yasser Arafat

Sommé par Washington de ne pas attenter à la vie du président de l’Autorité palestinienne, le boucher de Sabra et Chatilla ne cherche certainement qu’à faire peur à Arafat, qui en a vu d’autres.
Les menaces d’Ariel Sharon d’assassiner le leader de l’OLP ne sont pas des paroles en l’air. C’est le vœu le plus cher du général à la retraite. Néanmoins tout indique que cette manière de faire n’est qu’une tentative d’intimidation. Plusieurs membres de son cabinet ont affirmé qu’aucune décision n’a été prise en ce sens. D’ailleurs, il suffit de voir la manière avec laquelle les Israéliens ont opéré dans les assassinats des deux responsables du mouvement Hamas et la réaction des Américains, pour comprendre que Tel- Aviv ne fait rien sans l’aval des États-Unis. En effet, même si la pression du lobby juif sur l’Administration Bush n’est qu’un secret de Polichinelle, il n’en demeure pas moins que l’État hébreu n’agit pas à sa guise vis-à -vis des Palestiniens. Ariel Sharon qui n’a jamais caché son souhait d’éliminer physiquement Yasser Arafat, n’est pas encore passé à l’acte, et ce ne sont pas les occasions qui ont manqué, parce qu’il n’a pas eu le feu vert de la Maison- Blanche. L’on se rappelle l’enfer vécu par le leader palestinien durant son encerclement pendant plusieurs mois dans sa “Mouquatâa� à Ramallah. Cette fois-ci, il a tenté de forcer la main à George Bush, en vain. Conscient des graves répercussions qu’aurait l’assassinat du chef de l’OLP sur toute la région, le président américain a rapidement réagi aux déclarations de Sharon où il affirmait ne plus être engagé par la promesse de ne pas attenter à la vie du président de l’Autorité, qu’il lui aurait faite il y a trois années. Aussi, le patron de la Maison-Blanche a chargé sa conseillère à la sécurité intérieure et d’autres de ses proches collaborateurs, de bien faire comprendre au chef du Likoud qu’il assumera seul tout acte de ce genre. Il est clair que le cas de Yasser Arafat est particulier, car il s’agit d’un élu du peuple palestinien reconnu en tant que tel par la majeure partie de la communauté internationale. C’est la position ferme de l’Union européenne, qui se charge de le rappeler à chaque fois que c’est nécessaire aux responsables israéliens. Devant cette situation, Américains et Israéliens réfléchiront sans aucun doute à deux fois avant de songer à autoriser toute entreprise de ce genre. À cela s’ajoutera la réaction des pays arabes et musulmans, notamment ceux qui ont des relations avec Israël, à l’image de l’Égypte ou de la Jordanie, qui ne pourront plus contrôler la réaction de la rue, qui ne cesse de manifester sa grogne. Il faut dire que l’hostilité, voire la haine des peuples arabes et musulmans à l’égard d’Israël, ne fait que croître depuis les assassinats de cheikh Ahmed Yassine et du Dr Abdelaziz Al-Rantissi, par l’armée israélienne. Toute atteinte à la vie de Yasser Arafat, qui symbolise la lutte du peuple palestinien, ne fera qu’aggraver la situation. Aussi, l’Amérique, dont l’un des objectifs majeurs est de garder sous son aile le monde arabe, particulièrement le Moyen-Orient, se gardera de laisser Sharon fausser tous ses plans, en s’en prenant au chef du Fatah.
K. A.