“Le professionnalisme fait peur aux dirigeants du Mouloudia�

Hervé Revelli, ex-entraîneur du MC Alger à Liberté

Dans cet entretien, le technicien français revient sur les raisons de son départ du Mouloudia et dresse un sévère réquisitoire contre la direction du club.
Liberté : M. Revelli, voulez-vous nous parler des raisons qui vous ont amené à partir prématurément de l’équipe, alors qu’il vous reste encore deux semaines de contrat à honorer avec le Mouloudia ?
Hervé Revelli : Vous me connaissez assez bien, je n’ai pas l’habitude de polémiquer. Mais là , concernant mon départ, je sais bien qu’il y a eu plusieurs versions et je tiens ainsi à dire ce qui s’est passé réellement. Pour vous dire, tout a commencé lors de la réunion que j’ai eue avec les responsables du club, et je pense que vous êtes au courant quant à ma rencontre avec le président Messaoudi et le professeur Rachedi, il y a de cela plusieurs jours. Déjà j’étais très déçu parce que cela n’a duré qu’une demi-heure, alors que je voulais avoir une sérieuse discussion avec les responsables du club, car pour moi, c’était très important du moment qu’il s’agit de l’avenir de l’équipe. J’ai voulu donc savoir leur position concernant la saison prochaine, en essayant de leur dire qu’il faut penser dès maintenant à l’exercice prochain. J’ai été clair, franc et sincère avec eux, en leur affirmant qu’il faut dès maintenant préparer une bonne équipe capable de conquérir des titres. Pour ce faire, je leur ai dis que c’est à cette période-là qu’ils doivent bouger afin de mettre en place une grande équipe. C’est-à -dire qu’il faut dès maintenant dénicher les meilleurs joueurs, préparer le stage d’intersaison et surtout mettre plus de moyens à la disposition de l’équipe afin qu’on puisse accomplir un bon travail… Si on veut passer au professionnalisme, c’est la seule solution qui existe.
Et quelle a été leur réponse ?
Je ne sais pas si le professionnalisme leur fait peur ou non, mais je ne comprends rien à leur attitude. Ce que je trouve malheureux, en fait, c’est le fait de n’avoir eu aucune réponse de leur part, voire aucun contact avec eux, alors que j’ai insisté à ce qu’on me réponde clairement avant mon départ en France. Et pourtant, en aucun cas, je n’ai parlé d’argent. Ce que je voulais, c’est faire du Mouloudia une grande équipe, parce que le bricolage ne m’intéresse pas.Â
Bref, ce qui s’est passé ensuite c’est qu’un dirigeant est venu chez moi, une heure pratiquement après notre dernier match devant le RCK pour me retirer les clés de ma voiture, en me disant qu’il va revenir demain pour prendre celles de la villa où j’ai été logé. Et effectivement, il s’est présenté à l’aéroport mardi et je lui ai remis les clés. Pour moi, ça aurait été plus correct que le président discute avec moi d’abord, mais il a préféré encore une fois se dérober.
Vous pensez donc que vous avez été poussé à la porte ?
Absolument, ça ne demande pas beaucoup d’intelligence pour comprendre les desseins de cette manœuvre. Ils savaient bien que j’avais mon vol mardi matin, et c’est d’ailleurs eux qui m’ont acheté le billet. C’est dire que mon départ en France était programmé depuis déjà plusieurs jours, et en aucun moment, j’ai songé à ne plus revenir. Mais maintenant qu’on m’a tout retiré, la voiture, la maison, mes papiers qui sont depuis dix jours au commissariat, comment voulez-vous que je retourne à Alger ?
Mais la direction du club ne semble pas apprécier votre départ, elle menace de porter l’affaire devant la FIFA, pour rupture unilatérale de contrat …
Je pense que le docteur Messaoudi a toujours été un homme intelligent. Il sait très bien que je devais partir chez moi mardi, et je vous ai dis déjà que ce sont eux qui m’ont payé le billet. Il doit donc faire attention à ce qu’il dit parce que ça ne sert à rien d’être malhonnête maintenant. J’attends toujours un contact de sa part pour revenir et continuer ce qui reste de ma mission avec le club. Moi j’ai la conscience tranquille et je suis persuadé que les dirigeants ne font que bluffer en disant cela. Je vous informe que la FIFA est déjà au courant de ma situation et j’ai été assuré que je ne risquais absolument rien du tout.
Certains joueurs vous ont accompagné à l’aéroport pour vous apporter leur soutien. Est-ce vrai ?
Effectivement, plusieurs joueurs sont venus me saluer à l’aéroport et m’ont affirmé même qu’ils ne vont pas rempiler au sein de l’équipe du moment que je suis partant. Cela prouve que les prétendus problèmes entre moi et les joueurs n’étaient que de purs mensonges. Ces mêmes joueurs m’ont également déclaré qu’ils ont connu avec moi le vrai professionnalisme et que si je partais, le MCA redeviendrait comme avant. Sachez aussi qu’il y a plusieurs autres joueurs qui étaient disposés à venir au Mouloudia pour travailler avec moi, mais je suis certain que maintenant, ils déchanteront rapidement.
M. B.