L’Amérique tourne le dos à Bush

À un mois du transfert de la souveraineté aux Irakiens

En chute libre dans les sondages, le patron de la Maison-Blanche est même critiqué par d’anciens proches. Son discours dans la nuit de lundi à mardi n’a pas convaincu.
La cote de popularité du président des États-Unis est tombée bien bas, à en croire les résultats de trois derniers sondages. Il est même distancé dans la course à la Maison-Blanche par son rival démocrate, John Kerry. Plus de la moitié des Américains ne sont pas satisfaits de sa politique, alors que 61% désapprouvent sa gestion du dossier irakien. Et ce ne sont pas les mesures qu’il a annoncées dans son dernier discours qui risquent de renverser la vapeur en sa faveur.
En effet, la destruction de la prison d’Abou Gharib ou la confirmation du transfert de la souveraineté aux Irakiens le 30 juin prochain ne constituent pas des faits nouveaux en mesure de modifier les données du conflit irakien. Alors que tout indique que la coalition a été sérieusement affaiblie, notamment après le retrait de l’Espagne, Bush a tenté de rassurer, plutôt se rassurer lui-même, en affirmant le contraire. Sa stratégie de sortie de crise a des relents de déjà vu, car n’apportant rien de nouveau par rapport à ce qui était prévu auparavant. La seule nouveauté demeure l’annonce des postes retenus devant composer le futur gouvernement intérimaire irakien, que rendra publique, la semaine prochaine, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, Lakhdar Brahimi. D’ailleurs, son discours a été qualifié ni “d’honnêteâ€� ni de “convaincantâ€� par la presse américaine parue hier. Certains ont estimé qu’il est en décalage d’un an par rapport à la situation prévalant actuellement en Irak, parce qu’il sied beaucoup plus à l’Irak juste après la fin de l’opération d’occupation. Il est reproché au locataire de la Maison-Blanche de faire dans la fuite en avant en ne reconnaissant pas ses fautes. En attendant, George Bush continue de dégringoler dans les sondages d’opinion et fait aussi l’objet de vives critiques de la part de l’un ses plus sûrs alliés avant le déclenchement de la guerre contre l’Irak. Richard Perle, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a accusé le président US d’avoir transformé la libération de l’Irak en occupation, tout en admettant sa part de responsabilité dans cette opération. “La plus grave erreur a été de ne pas rendre l’Irak aux Irakiens plus ou moins immédiatement. Nous n’étions pas obligés de nous retrouver dans le rôle d’occupants. Nous aurions pu faire en sorte que la transition qui va avoir lieu à la fin juin se passe immédiatementâ€�, a déclaré celui qui était l’un de plus farouches partisans de l’invasion de l’Irak à radio BBC. Continuant sur sa lancée, il n’a pas manqué d’étaler publiquement ses doutes au sujet de l’honnêteté de la CIA. Saisissant l’occasion qui lui était offerte sur le cas d’Ahmed Chalabi, que la CIA accuse d’avoir divulgué à l’Iran des informations confidentielles, Richard Perle a estimé que les responsables de cette agence “essaient de transférer sur d’autres la responsabilité de leurs propres erreursâ€�. Au vu de la dégradation quotidienne de la situation en Irak, les observateurs estiment que les chances de George Bush de voir sa présence à la Maison-Blanche se prolonger au-delà de l’expiration de son premier mandat sont très réduites.  Â
K. A.