L’heure du pragmatisme

Algérie-France

Il fait figure de cheville ouvrière du gouvernement Raffarin. Bête médiatique en Hexagone, notamment depuis son passage à la tête du département de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, actuel ministre français de l’économie, des Finances et de l’Industrie entame, à partir de demain, une visite de deux jours en Algérie. Une visite a priori placée sous le signe de “la coopération économique� entre Alger et Paris. Selon l’Agence France presse, Nicolas Sarkozy sera accompagné, au cours de son voyage, d’une dizaine de chefs de grandes entreprises françaises comme Véolia, Bouygues, Suez, Total, Alstom, Amec-Spie, la RATP, la SNCF et GDF, spécialisées dans l’eau, l’énergie et le ferroviaire.
Au menu des discussions avec les dirigeants algériens figurent également les questions de la dette et l’augmentation du prix du pétrole. Par ailleurs, la signature d’une convention portant un prêt de 50 millions d’euros destiné au financement du programme de reconstruction des zones frappées par le séisme est aussi inscrit dans l’agenda de la visite. Mais au-delà de l’aspect strictement économique, le séjour algérois du représentant de l’État français revêt un cachet particulier. C’est sans nul doute le premier signe de la volonté des deux capitales de conférer à la coopération bilatérale un cachet pragmatique.
En d’autres termes, donner un véritable prolongement au discours d’intention. Jusque il y a quelques mois, la coopération est réduite à une portion congrue. Quelques visites ministérielles presque circonscrites au protocole, deux ou trois “gestes� et des “déclarations d’intention� dans le pur jargon diplomatique. Et même les visites à haut niveau n’ont pas été suivies d’effets immédiats, du moins dans les proportions et le volume espérés de part et d’autre. Faut-il rappeler dans ce contexte la phrase, restée célèbre depuis, de Bouteflika à l’issue de son séjour à Paris en 2000. “Je reviens les mains vides�, avait-il déclaré. Prisonnière des pesanteurs historiques, frappées de “passion�, les relations algéro-françaises n’ont entamé à vrai dire un tournant décisif que depuis la visite de Jacques Chirac l’an dernier. Un traité d’amitié y avait été signé entre les deux pays, lequel traité devrait être promu en partenariat stratégique. Dès lors, il était inimaginable aux relations entre les deux pays de s’accommoder des atermoiements et autres hésitations. D’où, sans doute, le ballet diplomatique qui s’ensuivit depuis. Et même la visite de demain de Sarkozy a été inspirée, à se fier à certaines sources, par Jacques Chirac lui-même. Reste, cependant, qu’un partenariat stratégique appelle forcément une libre circulation des personnes d’autant que l’Algérie est représentée par une forte communauté dans l’Hexagone. Un partenariat aussi qui suppose le partage des valeurs universelles comme les droits de l’Homme et la liberté d’expression.
K. Â K.Â