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La ruée vers l'eau
Un été sur la côte de Béjaïa
Publié dans Liberté le 20 - 07 - 2004

Les plages et criques de la côte béjaouie ont connu un afflux sensiblement plus important que l'année dernière. Les estivants sont ravis, les commerçants sont optimistes, mais quelques tensions subsistent entre ces derniers et les autorités locales.
Nous sommes jeudi 1er juillet et il fait un soleil à assommer un troupeau de chameaux. C'est le week-end et le début officiel des vacances pour un bon nombre de fonctionnaires. Les plages de la côte béjaouie sont un peu plus bondées qu'hier. Toutefois, on ne se marche pas pour autant sur les pieds, et l'espace vital de tout un chacun semble préservé. Ce n'est pas encore le grand rush mais il y a assez d'estivants en quête de bronzage et de détente pour faire le bonheur d'un gardien de parking. Celui de Lotta à Souk El-Tenine en l'occurrence. Il a déjà épuisé son premier carnet de tickets de stationnement et il affiche un sourire qui va d'une oreille à l'autre.
Officiellement, la saison estivale a débuté le 1er juin. Son coup d'envoi a été donné au complexe touristique El-Djorf Eddahabi de Melbou. Un complexe étatique d'une centaine d'appartements et de bungalows avec toutes les commodités qui vont avec ce genre d'établissements. Construit en 1990 à la sortie du village, il se retrouve aujourd'hui en plein milieu, cerné par les immeubles et les constructions. En une dizaine d'années, le tourisme a transfiguré le petit village de Melbou qui s'est mué en une coquette petite ville. Le directeur du Djorf n'est pas là mais le réceptionniste, débordé par la clientèle, laisse entendre que l'on s'attend à une excellente saison. Les réservations vont bon train et les clients reviennent peu à peu après avoir boudé la région pour cause du climat insurrectionnel lié au mouvement des archs. Avec 29 plages ouvertes à la baignade, sur les 32 que compte la wilaya, Béjaïa offre à ses amoureux des kilomètres et des kilomètres de sable fin caressé par les vagues.
Au complexe Safsaf, situé à la sortie de Souk El-Tenine en allant vers Sétif, on affiche le même optimisme. M. Zaïdi, le patron, un homme jovial et entreprenant, nous indique qu'il a affaire plutôt à un tourisme de consommation locale. “Le touriste de passage n'est pas le vrai touriste. Seule une coopération touristique avec d'autres pays pourra sauver le tourisme national”, dit-il. En attendant cette panacée, il lutte pour changer les mentalités et contre l'esprit gargote qui sévit dans le secteur. Un secteur qui commence tout juste à se structurer autour du CAP, la confédération des patrons de Béjaïa. Les promoteurs touristiques viennent de créer leur section appelée hôtellerie et services afin de mieux défendre leurs intérêts.
Le complexe Safsaf est bien situé. Sur une route à grande circulation, au bord d'une très belle rivière, à un jet de pierre de la mer et à quelques encablures de la fameuse cascade de Kefrida et des gorges de Kherrata. Autant d'atouts à faire valoir sur une carte de visite en ajoutant l'accueil et la convivialité. “Nous avons ouvert en 2000 mais nous avons beaucoup souffert de la crise qui a secoué la région en 2001. Ces derniers temps, les touristes ont repris confiance et commencé à revenir, et voilà que l'attentat de Oued Ddas nous replonge en arrière”, poursuit notre homme tout en nous faisant faire le tour de la propriété. Il est vrai que cet attentat qui a eu lieu sur la côte ouest, à 40 kilomètres de la ville de Béjaïa, a eu des répercussions néfastes sur les réservations des touristes dans toute la région. Pour le grand public, il a eu lieu à Béjaïa, point barre. “L'année passée, nous n'avons commencé à travailler que le 15 juillet et aujourd'hui, nous tournons à 20 ou 30 % du taux de remplissage en semaine et à 50 % le week-end”, ajoute-t-il. Il faut croire que l'optimisme est de rigueur car même si les clients, aujourd'hui, ne se bousculent pas vraiment au portillon, l'hôtel est en plein expansion.
Parmi les sites à visiter absolument et à ne rater sous aucun prétexte, figure la cascade de Kefrida. Au classement des endroits qui drainent la grande foule bigarrée des touristes en mal de sensations fortes ou d'exotisme, cette chute d'eau de quarante-quatre mètres est au top. C'est la super star de l'été. Nous l'avons déjà visitée de par le passé mais cette fois, nous sommes sidérés par l'exploitation commerciale anarchique des lieux. Il y a quelques années, deux ou trois vendeurs proposaient des épis de maïs grillés, des fruits ou des limonades. On pouvait s'y promener à son aise et profiter de la beauté des lieux. Aujourd'hui, le moindre espace disponible à proximité de la cascade est exploité. Des dizaines et des dizaines de cabanes en roseaux ont poussé comme des champignons après l'averse. Même le ravin où coule le torrent qui se jette du haut de la falaise est squatté dans ses moindres recoins en dépit du réel danger qui plane au-dessus des têtes, car les chutes de pierres sont fréquentes. On y vend de tout. Biscuits, gâteaux faits maison, objets artisanaux, fruits, photos souvenir, sodas, sandwiches, bonbons, tout est bon à fourguer au touriste vache à lait. Au bruit naturel provoqué par l'eau qui tombe en trombe, ajoutez un fond sonore de plusieurs musiques qui se chevauchent pour former une cacophonie qui vrille les tympans et vous aurez une ambiance digne d'un souk.
C'est vrai que le spectacle de cette eau d'un blanc laiteux, qui se précipite du haut de cette falaise pour former un vaste bassin où les gens viennent s'y baigner, a de quoi subjuguer plus d'un, mais cet espace gagnerait à être intelligemment exploité en respectant et le touriste et la nature. On m'apprend tout de même que le nom de Kefrida est dû aux Romains qui l'ont nommée aqua frida ou frigida, ce qui veut dire l'eau fraîche. La contraction des deux mots a donné l'appellation actuelle alors que localement, on la désigne sous le nom de tamda oumazar. Ahmed, 52 ans, tient une échoppe de boissons fraîches dans la partie basse du torrent. À côté de sa bicoque, il s'est aménagé un petit coin niché dans la falaise et il veut bien partager son étonnante trouvaille avec nous : dans la paroi rocheuse, un petit conduit étroit qui n'a l'air de rien, mais à travers lequel souffle un petit vent glacial. C'est un véritable petit climatiseur naturel dont, petit veinard, il est le seul à profiter.
En général, Kefrida s'anime vers la fin de l'après-midi, au moment du retour des plages. Un retour tonitruant. Des dizaines de fourgons, de bus et de voitures particulières déversent leurs cargaisons d'estivants assoiffés et affamés par une journée de plage. C'est le moment pour les petits débrouillards qui squattent les points d'eau au bord de la route et qui proposent des fruits et des coupe-faim de faire de bonnes affaires.
À propos d'affaires, elles ne sont pas toutes aussi bonnes pour ceux qui vivent du produit touristique. Pour les agences de voyages qui exploitent des camps de toile à souk El-Tenine, elles sont même catastrophiques. Depuis quelque temps, un bras de fer les oppose au maire de cette localité à propos de l'exploitation des terrains qui leur ont été cédés. Rencontre avec M. Bakouri, responsable de Amizour Tours, sur le terrain qu'il exploite depuis 1994 : “Nous avons reçu ces terrains nus. Le temps d'investir et le P/APC veut nous les enlever pour les donner à ses proches, chose qu'il a déjà faite avec l'ex-centre de Pacha Tours. Il a essayé de récupérer sept centres de camping familial pour les donner à des membres de sa famille. Des gens qui ne sont même pas du métier et qui ne possèdent pas d'agences de voyages. Le maire nous a créé un grand retard. Nous n'avons démarré que depuis une petite semaine et c'est pour essayer de sauver la saison tout au moins !” Visiblement, notre homme en a gros sur le cœur. Il poursuit : “On a pris des crédits bancaires, on a investi des milliards et c'est pour voir notre outil de travail échouer entre les mains de gens qui ne sont même pas de la profession.”
Selon toute vraisemblance, les autorités locales et les promoteurs touristiques ne travaillent pas toujours main dans la main, et il est fréquent que leurs différends se retrouvent entre celles de la justice. Béjaïa reçoit près de six millions d'estivants chaque été. De quoi aiguiser bien des appétits.
D. A.


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