Dans le but de donner le maximum de crédibilité à la réélection assurée de Zine Al Abidine Ben Ali, le Conseil constitutionnel tunisien a accepté les candidatures de trois opposants. La pérennité du règne du président tunisien ne risque pas d'être remise en cause le 24 octobre prochain à l'occasion du scrutin présidentiel. Pour rappel, Zine Al Abidine Ben Ali avait été reconduit à son poste lors de la précédente consultation électorale en 1999 par 99,44% des suffrages exprimés. Après avoir levé l'obstacle constitutionnel, l'empêchant de postuler à un quatrième mandat par voie référendaire en dépit des contestations de l'opposition, Ben Ali s'apprête à “éterniser” sa présence au palais de Carthage. Ainsi, celui qui avait déchu Habib Bourguiba, élu à vie, de la présidence tunisienne pour incapacité médicale emprunte la même voie pour garder le pouvoir. Le Conseil constitutionnel tunisien a officiellement validé sa candidature et celles de 3 autres postulants, dont les formations politiques sont représentées au Parlement, conformément à la loi votée en dérogation de la Constitution exigeant le parrainage de 30 élus pour pouvoir présenter sa candidature à la présidence de la République. Le parti auquel appartient Zine Al Abidine Ben Ali, à savoir le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), dispose de la majorité écrasante à l'Assemblée, lui permettant d'amender et de faire voter des lois aisément. En effet, sur les 182 sièges, 148 sont revenus au RCD lors des dernières élections législatives. Le reste, soit 34 sièges, est réparti entre les 5 formations de l'opposition ayant réussi l'examen d'entrée au Parlement, sans aucune possibilité de perturber la sérénité de Zine Al Abidine Ben Ali. Sans le soutien du RCD, aucun parti politique ne peut faire acte de candidature. Ceci sous-entend bien sûr l'acceptation des conditions y afférentes. Les 3 candidats retenus certainement pour faire de la figuration sont Mohamed Bouchicha du Parti de l'unité populaire, représenté par 7 députés au Parlement, Mounir El Beji du Parti social libéral qui dispose de 2 sièges à l'Assemblée et Mohamed Ali Halouani d'Ettajdid (ex-parti communiste) ayant 5 députés. 2 partis politiques, le Mouvement des démocrates socialistes et l'Union démocratique unioniste, représentés par respectivement 13 et 7 élus au Parlement, se sont rangés derrière le président en exercice. Ils ont appelé à voter Ben Ali. 2 autres formations politiques, le Parti démocratique progressiste et le Forum démocratique pour le travail et les libertés, que la loi empêche de présenter un candidat à la magistrature suprême pour cause de non-représentation à l'Assemblée, ont appelé au boycott de l'élection présidentielle. Ils ont compris qu'il était inutile de tenter l'impossible parce que Ben Ali a tout verrouillé. La démocratie de façade a de beaux jours devant elle en Tunisie. K. A.