Composé de huit titres, dont deux reprises du diwane, le nouveau disque de ce groupe, créé en 2009, est une invitation à l'exploration de la richesse des musiques africaines et celles du monde. Même si la source d'inspiration semble être la musique diwane, la formation propose un son original avec une multitude d'influences. Ifrikya Spirit a sorti, il y a quelques semaines, son premier album éponyme aux éditions Padidou. Composé de huit titres, ce disque est une invitation à la découverte et à l'exploration des sonorités (et des instruments) du continent africain et du monde. En plus des musiciens talentueux, plusieurs guests ont participé à cet album qui s'écoute sans modération, et qui reformule une musique traditionnelle et lui donne un cachet contemporain. Dans ses textes, le groupe chante l'union, la paix, la liberté, les ancêtres... Ces chants nous rappellent parfois le répertoire diwane en ce sens que ce sont des thèmes génériques qui, outre les croyances et autres pratiques magico-religieuses, glorifient les aïeuls et questionnent le passé pour comprendre (ou mieux supporter) le présent afin de pouvoir se projeter dans l'avenir. Le meilleur exemple pour illustrer ce que nous avons est le titre "N'goni Diwan", interprété en duo par Sou Alia (la chanteuse du groupe) et Meziane Amiche (un des guests de l'album). Dans ce titre est évoqué le rituel diwane avec certains de ses instruments et la hiérarchie qui lui est propre. La modernité dans ce morceau se situerait dans l'interprétation, à travers un chant langoureux, qui rappelle pour ce qui concerne le chanteur, le raï. En plus du voyage musical que nous propose Ifrikya Spirit, Chakib Bouzidi, leader et un des fondateurs de la formation joue de plusieurs instruments africains, qui sont peu connus et pratiqués en Algérie comme le n'goni et le balafon. Chakib Bouzidi est également un excellent joueur de guembri, formé par le regretté grand maâlem Benaïssa Bahaz, et il montre justement toute l'étendue de son talent et de sa maîtrise sur cet instrument dans cet album, notamment dans Baba Djilali. Ce dernier morceau, qui clôt l'album et qui appartient au répertoire diwane, a été repris à la manière traditionnelle avec guembri et karkabou (crotales). Une manière de revenir aux sources et de rendre hommage également à Benaïssa, disparu en 2008. L'autre reprise appartenant au diwane qui figure sur ce disque est Maro, brillamment interprétée au chant par Rafik Kettani, arrangée en deux temps : la première partie conserve le cachet traditionnel, alors que la seconde, dans les couleurs du jazz, s'ouvre sur d'autres instruments. Une orchestration réussie qui n'affecte en rien le morceau originel, elle l'enrichit plutôt en apportant des inflexions modernes. Ifrikya Spirit a, enfin de compte, tout compris à la musique, pratiquée par ses membres avec finesse et passion. Le groupe, créé en 2009, propose un son original et une orchestration très souvent marquée par le clavier. S'ouvrant sur les airs et rythmes (et genres musicaux) du monde, Ifrikya Spirit conserve tout de même son authenticité, son ancrage africain, puisque la musique diwane et celle du continent, plus généralement, servent de file rouge, de point de départ et d'assise solide, qui offre la possibilité aux musiciens d'aller puiser dans les autres styles et univers musicaux, pour revenir, par la suite, là où tout a commencé... au diwane. S'il ne fallait retenir qu'une seule chose de cet album, ce serait le plaisir qu'ont les musiciens à jouer (ensemble) de la musique et cela se ressent à l'écoute. Ce premier album éponyme, aboutissement d'une réflexion et de recherche de près de quatre années, respire la joie de vivre. S. K. Ifrikya Spirit. Album éponyme de 8 titres (Selmani, Moussawayo, Africa, Bambara, Yah la yhé, Maro, N'goni Diwan, Baba Djilali). Editions Padidou. 150 DA.