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Retour gagnant des Canaris en terre kabyle
Après six mois de suspension de stade et d'exil forcé après la mort d'Ebossé
Publié dans Liberté le 07 - 03 - 2015

Plus de six mois après la disparition tragique du footballeur camerounais de la JS Kabylie, Albert Ebossé, survenue, rappelons-le, le 23 août passé à la suite de projectiles lancés des tribunes à la fin du match JSK-USMA, la JSK a bénéficié d'une mesure de grâce de la part de l'AG de la FAF et le stade du 1er-Novembre a officiellement rouvert ses portes hier à l'occasion du retour des Canaris à la maison, un événement qui a polarisé l'actualité sportive en Kabylie et attiré une foule record d'autant plus que les dirigeants du club kabyle avaient décidé de la gratuité d'entrée pour fêter ces grandes retrouvailles avec leur fidèle public.
Reportage sur une journée mémorable au stade du 1er-Novembre. Cette date sinistre du 23 août 2014 qui a vu le regretté footballeur camerounais Ebossé perdre tragiquement la vie à la suite de projectiles lancés des tribunes à la fin du match JSK-USMA perdu par la formation kabyle (2-1), est encore en mémoire chez les milliers de supporters kabyles quand bien même ils seraient tout heureux de fêter hier le retour de la JSK au stade du 1er-Novembre. Même si la demande de grâce formulée par la JSK avait toutes les chances d'aboutir, le suspense était de mise durant toute la matinée de jeudi passé où toute la Kabylie avait retenu son souffle. Et dès l'annonce officielle de cette décision de grâce tant attendue émanant de l'AG de la FAF, de grandes scènes de joie et d'allégresse étaient perceptibles à Tizi Ouzou et un peu partout en Kabylie où même des concerts de klaxons ont été improvisés pour saluer un tel évènement.
Entrée gratuite et ambiance de fête
Il est vrai, que les milliers de supporters de la JSK ont eu bien du mal à contenir leur frustration et gérer leur sevrage qui aura duré plus de six mois comme ils s'inquiétaient de la situation préoccupante de leur club favori qui se débat dans les bas-fonds du classement après avoir perdu la bagatelle de... 16 points dans les nombreux matches disputés à huis clos et loin de ses bases alors qu'il était bien parti pour jouer les premiers rôles en compétition nationale mais aussi en Ligue des champions africaine qu'il devait retrouver gaiement après plusieurs années de disette et de "vaches maigres".
Durant ces six mois de sanction sur le double plan national et continental et cette privation de stade aussi longue qu'exagérée, les dirigeants tout comme les supporters kabyles avaient bien du mal à ruminer leur colère et contenir leur indignation. "La JSK ne méritait pas autant d'ingratitude et d'injustice. Nous avons vécu des moments très difficiles et un autre club aurait mis les clés sous la porte", nous déclarait jeudi en fin d'après-midi le président de la JSK, Mohand-Chérif Hannachi qui venait d'assister à la dernière séance d'entraînement hebdomadaire de son équipe et qui devait rallier les studios de la radio locale de Tizi Ouzou pour annoncer la fin du calvaire pour la JSK et annoncer solennellement la gratuité de ce match JSK-MCEE pour fêter le retour des Canaris en ce printemps précoce. "Oui, après une longue concertation entre dirigeants, nous avons décidé de la gratuité de l'entrée du stade pour ce match de gala pour offrir un cadeau à nos merveilleux supporters qui ont souffert le martyre durant ces six longs mois et essuyé des brimades et toutes les misères du monde dans tous les stades d'Algérie où ils nous ont suivis", dira le président Hannachi qui n'a pas omis de "remercier les membres de l'AG de la FAF pour leur geste de solidarité et de clémence au profit de la JSK qui a toujours été un digne ambassadeur du football algérien".
Des fans venus de plusieurs régions d'Algérie
La veille de ce match JSK-MCEE, alors que les joueurs kabyles s'adonnaient à un dernier entraînement d'usage à... huis clos, ils étaient nombreux les supporters kabyles à affluer vers le stade du 1er-Novembre pour s'assurer de visu du retour tant attendu de leur club adoré dans leur antre mythique. "C'est un jour de gloire et de bonheur pour nous les véritables supporters de la JSK qui avons été gravement lésés et honteusement privés de notre club sportif et identitaire", dira un vieux supporter à la voix enrouée et la gorge serrée accompagné en la circonstance par deux de ses enfants. "Nous avons perdu une idole, Ebossé, que Dieu ait son âme, nous avons été profondément touchés dans notre chair et notre dignité et nos instances footballistiques n'ont pas hésité à nous tomber dessus. C'est de la hogra !" rétorquera un autre fan venu d'Akbou pour s'enquérir des nouvelles du club kabyle. "Nous sommes un groupe de supporters, pour la plupart chômeurs, venus de Bouira pour passer la nuit à Tizi Ouzou et ne pas rater un tel jour de résurrection de la JSK qui est notre raison de vivre", enchaînera un autre supporter vêtu de vert et de rouge. Comme il fallait s'y attendre, le "peuple de la JSK" a déferlé en masse hier vers la ville des Genêts pour saluer le retour inespéré des Canaris en terre kabyle.
Après avoir assiégé littéralement le stade Omar-Hamadi de Bologhine pour une fois qu'ils étaient autorisés à entrer au stade lors du match de folie contre le CS Constantine en 8es de finale de Coupe d'Algérie, les fans kabyles ont donc remis ça hier à la maison pour porter aux nues leur club de cœur qui jouait là une nouvelle carte de survie parmi l'élite. "Nous sommes des supporters de Birkhadem et nous n'avons jamais abandonné le club dans ces moments difficiles. Nous avons suivi la JSK partout pendant ces six mois de suspension et nous avons suivi les matchs du huis clos à travers les ondes de la radio aux abords des stades, surtout à Alger, pour entendre nos cœurs battre à l'unisson car la JSK est un club sacré pour nous", nous disaient hier matin des supporters bruyants venus d'Alger dès les premières heures de la matinée pour pouvoir accéder tant bien que mal au stade du fait que l'entrée était gratuite.
Mekkaoui, le buteur providentiel !
Hormis le petit virage réservé aux supporters visiteurs qui était presque vide en la circonstance, le stade du 1er-Novembre était plein comme un œuf. Que d'émotion et de solennité à l'entrée des deux équipes précédées de bambins qui exhibaient des portraits des regrettés Albert Ebossé, Hocine Gacemi, et Nabil Hemani que les supporters kabyles n'ont pas oublié alors que les fans kabyles ont déployé un "tifo" géant à la gloire du club kabyle. Le décor était planté pour une farouche empoignade entre la revenante JSK et la coriace formation d'El-Eulma. C'est la JSK qui déclenche les premières hostilités par le biais de Yesli dans le coup franc bien enveloppé est admirablement boxé par le gardien Mahsas digne remplaçant de l'ex-international Ousserir suspendu (4').
Le MCEE réagit aussitôt et sur un centre vicieux de Bentayeb, à ras de terre, Khiat parvient à sauver miraculeusement son camp (21'). Une minute après, c'est au tour du revenant Youcef-Khoudja de se distinguer par un tir puissant des 25 m, maîtrisé en deux temps par Mahsas (22'). Les gars d'El-Eulma répliquent encore sur un centre de Abbès mais Doukha était bien placé (25'). Le jeu est quelque peu équilibré mais la JSK tente de forcer la décision par Benlamri qui bute à deux reprises sur l'excellent gardien Mahsas (30') et (39'). Si Chenihi a failli surprendre Doukha à ras de terre (42'), la meilleure occasion de but de cette première période est à mettre à l'actif du capitaine Rial dont la reprise de tête rase la barre transversale (45').
Après le repos le MCEE a eu le malheur de jouer derrière pour laisser libre cours aux Canaris. Encouragés par un public en délire, la JSK ira bousculer littéralement la défense visiteuse. Face à une équipe d'El-Eulma bien organisée, la JSK réussit à inquiéter à plusieurs reprises l'excellent gardien Mahsas auteur de quelques prouesses techniques exceptionnelles.
Certes, les Eulmis ont profité de quelques bons espaces libérés par les défenseurs kabyles qui auront dégarni leur défense mais l'expérimenté Doukha sauva son club du K-O à deux reprises et ce fut donc les "Imazighen" qui auront puisé au fond de leurs tripes pour arracher le but libérateur par le défenseur Mekkaoui qui a profité d'un centre rageur du jeune remplaçant Hantat qui venait de rentrer sur le terrain (89'). Le stade du 1er-Novembre était alors en folie pour saluer frénétiquement ce retour triomphal des Canaris dans leur jardin habituel. Certes, c'est là un succès inespéré pour la JSK mais ces trois points valaient bien leur pesant d'or en cette période de disgrâce et de sauvetage héroïque.
M. H.


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