Les dates des 11 et 12 avril 1957 sont toujours gravées dans la mémoire de ceux qui ont échappé à la machine meurtrière de Bigeard et consorts. Il y a cinquante-huit ans, le village d'Ath Maâmar (commune de Aïn Zaouïa, daïra de Draâ El-Mizan) fut entièrement rasé par l'armée coloniale. Les dates du 11 et 12 avril 1957 sont toujours gravées dans la mémoire de ceux qui ont échappé à la machine meurtrière de Bigeard et consorts. Tout comme les nombreux villages de la région, Ath Maâmar, qui avait à peine 200 habitants à l'époque, s'engagea pleinement dans la lutte armée pour la libération du pays. En plus du camp militaire, les services ennemis voulurent "apprivoiser" cette population mais personne ne répondit à cette sollicitation. Du coup, un ordre fut donné aux villageois d'évacuer les lieux, car la décision de bombarder le village était déjà prise en guise de représailles. Le 7 avril 1957, alors que le capitaine Moreau venait juste d'effectuer une inspection dans la région, une embuscade lui avait été tendue par les compagnons du futur capitaine de l'ALN, Slimani Mouh Ouslimane, qui réussira à l'abattre et à s'emparer de son arme, un PA 9 mm. L'armée française prit alors la décision de passer à l'action et de bombarder tout le douar. Pour commémorer ce douloureux anniversaire, un programme riche et varié a été concocté par le comité de village. "Nous avons organisé une exposition de photos, des documents sur l'histoire de notre village mais aussi de l'Algérie entière ainsi qu'une cérémonie de recueillement devant la stèle des martyrs du village, le tout agrémenté de nombreux témoignages sur ce sinistre bombardement", nous confiera Mammeri Mohamed, président du comité de village d'Ath Maâmar. Après la cérémonie de recueillement à la mémoire des 38 chouhada du village et en l'honneur des vingt-sept moudjahidine que compte le village d'Ath Maâmar, de nombreux intervenants ont rappelé avec beaucoup d'émotion toutes les atrocités ayant marqué cette date historique. "Certes, c'est le refus des villageois de quitter les lieux qui avait provoqué à l'époque la colère des officiers de la SAS, mais c'était surtout l'assassinat du capitaine Moreau qui accentua leur acharnement contre la population", dira un ancien maquisard. Et à un autre de lui emboîter le pas pour affirmer solennellement que "personne ne s'attendait à ce que les forces coloniales passent à l'action, car nous pensions que ce n'était que de l'intox. L'ordre de quitter le village nous a été donné trois jours avant. Certains ont plié bagage avec leurs bêtes et quelques provisions, alors que les plus téméraires sont restés au douar. Mais devant cet entêtement, l'action de destruction du village fut prise par les officiers de l'armée française. C'est ainsi que tout le village a été rasé par l'aviation française, et Ath Maâmar était rayé de la carte, et les villageois qui avaient fui leurs gourbis furent contraints de chercher refuge dans les villages environnants". Les témoins de cette tragédie évoqueront les conséquences de cet acharnement. "Plusieurs civils y avaient trouvé la mort, y compris des femmes et des enfants. Les frappes étaient si intenses qu'il était difficile de trouver une issue de sortie. Deux jours de tirs de mortier et il ne restait rien d'Ath Maâmar", racontera un rescapé. Aujourd'hui, Ath Maâmar, jadis village martyr, est devenu un exemple en matière de solidarité et d'engagement. O. G.