Une manifestation sur le hidjab islamique, prévue hier dans la ville d'Azeffoun, avec comme slogan "Tahadjabi wa la tataradadi", qui veut dire mettez le hidjab sans hésitation, a suscité un vif mécontentement parmi une partie de la population locale qui n'y voit qu'"une incursion islamiste qui ne s'inscrit ni dans la culture ni dans les valeurs de la femme kabyle". Dans une déclaration rendue publique à la veille de cette manifestation par un groupe de citoyens d'Azeffoun, l'organisation de cette manifestation, au moment où "dans toute la Kabylie et même au-delà, on célèbre et on commémore le 20 Avril 1980, date anniversaire d'un mouvement fondateur et porteur de valeurs de progrès et de modernité, et quelques jours après une magnifique action citoyenne portée par des jeunes volontaires d'Azeffoun autour des questions de l'environnement et de la solidarité, est plus qu'une provocation". Pour les auteurs de la déclaration, il s'agit même "d'une agression" contre une région "qui refuse le projet intégriste porté par les fondamentalistes islamistes avec la complicité du pouvoir en place". Les rédacteurs du texte disent ne se faire aucune illusion quant à l'objectif des organisateurs de cette manifestation. Pour eux, "l'association organisatrice n'est qu'un cheval de Troie du mouvement intégriste. Elle est loin d'être animée par les préoccupations et l'intérêt des femmes. Elle ne s'inscrit ni dans la culture ni dans les valeurs, encore moins dans l'ambition de la femme algérienne pour son émancipation citoyenne, ses droits et ses libertés", affirment-ils, soutenant que ses motivations sont plutôt à percevoir dans le projet de "la famille qui recule", et prendre en otage la femme algérienne sur laquelle reposent l'espoir et l'avenir d'une Algérie libre et démocratique. "C'est à ce symbole que ces intégristes veulent justement s'attaquer", avertissent les rédacteurs de la déclaration qui ont lancé un appel à la population l'invitant à exprimer pacifiquement son refus et son indignation pour que cette manifestation n'ait pas lieu. Des sources locales contactées hier ont toutefois affirmé que la manifestation a fini par se dérouler sans incident, mais que la réprobation était perceptible chez la population de cette région. Il y a lieu de souligner que les velléités d'islamiser, voire "salafiser", la région de Kabylie ne sont ni nouvelles ni sporadiques. De la retentissante affaire d'Aghribs à celle de l'imam d'Imzizou qui a refusé de prononcer la prière du mort, des cas similaires sont légion. Mais la résistance citoyenne, toujours inspirée par la pratique religieuse ancestrale, a été et continue toujours d'être des plus farouches. S.L.