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“Des institutions bloquent les réformes”
Le Dr Abdelhak Lamiri, économiste et P-DG de l'INSIM, à Liberté
Publié dans Liberté le 29 - 12 - 2004

Le processus des réformes économiques, la privatisation, le plan de soutien à la relance et le développement de l'économie nationale, telles sont les questions brûlantes abordées par le professeur Abdelhak Lamiri, P-DG de l'institut supérieur de management (Insim).
Liberté : Différents économistes soulignent dans leurs contributions le blocage des réformes en Algérie. Partagez-vous ce constat ?
Pr Abdelhak Lamiri : C'est pratiquement évident. Les plus hautes autorités, y compris le président de la République, veulent aller loin dans les réformes. Mais, sur le terrain, il y a tout un arsenal d'administrations et d'institutions qui font tout pour bloquer le processus. Peut-être pas volontairement, personne ne le sait. Mais la manière dont ces institutions, ces administrations sont organisées, au mieux elles bloquent les réformes pour une longue période, au pire elles les détruisent, les rendant caduques, et elle les font déraper. C'est pour cela que j'ai toujours milité pour une réorganisation d'abord de l'appareil administratif et institutionnel avant de lancer les chantiers de réformes économiques, et le plan de relance économique. Sinon vous avez une myriade d'institutions qui vont faire capoter les réformes et le plan de relance.
Vous évoquez le plan de relance, les résultats du premier programme ont été jugés mitigés, le deuxième, doté d'une enveloppe de 50 milliards de dollars sur 5 années, ne risque-t-il pas de connaître le même sort ?
Là, nous avons une chance historique que nous ne devons pas rater. Et il est facile de la rater si on ne met pas le doigt sur les causes du dysfonctionnement de l'économie nationale. Nous avons une administration qui ne sait pas administrer, des institutions qui ne savent pas réguler, des entreprises qui ne savent pas produire et des banques qui ne savent pas décider d'octroyer des ressources vers les utilisations les plus efficaces. Si vous faites ce diagnostic, vous dites que l'économie n'est pas encore suffisamment préparée pour absorber un tel volume de dépense publique. C'est le scénario d'une relance d'une économie non assainie que j'ai déjà évoqué, en 1993, dans mon ouvrage La crise de l'économie algérienne. Si on laisse les causes profondes telles qu'elles sont : l'inefficacité de l'administration, l'inexistence d'une planification stratégique encore moins d'une organisation entre les différents secteurs et on tente de créer une relance artificielle, selon le schéma du keynésianisme. Tous les experts du monde savent que le keynésianisme ne s'applique pas dans les économies en voie de développement. C'est un procédé de management d'une économie d'un pays moderne qui a déjà réglé le problème des fondamentaux. On risque d'obtenir une croissance artificielle qualifiée par les économistes de croissance extensive. En d'autres termes, lorsque vous prenez des ressources, vous les mettez dans l'économie, vous avez l'impression qu'elle est florissante, parce que le taux de chômage va baisser, les entreprises, par conséquent, commenceront à avoir des projets. Vous avez l'impression que l'économie est en train de régler des problèmes, ce qu'on ignore ; dans 5 années, si les prix du pétrole chutent à 19 dollars, il n'y aura plus d'injection de fonds, on risque, alors, de retourner à la crise. La preuve, le premier plan de relance n'a pas actionné une croissance durable. Cela veut dire que l'économie n'est pas efficace. Il faut donc restructurer l'économie d'abord. Il faut faire en sorte qu'on débureaucratise et modernise l'administration. Que l'on mette des indicateurs de performances, qu'on ait un chef d'orchestre, qu'on ait un institut de stratégie, qu'on modernise le management des entreprises et accélère la privatisation. Un tiers de ces ressources doit être orienté vers la mise en place de bons fondamentaux économiques. Après, on peut mettre en place des équipements et construire des routes et des barrages pour faire la relance. Or, j'ai l'impression qu'on fait la même chose que dans les années 1970 lorsqu'on croit que le développement signifie la création d'usines partout. Mais le développement, c'est l'intelligence humaine et l'innovation avant tout. Or cela n'existe pas, actuellement, en Algérie. Donc, il ne faut pas oublier de mettre de l'argent dans les fondamentaux avant de les mettre dans les équipements.
Aujourd'hui, il y a une certaine cacophonie au sein de l'Exécutif quant à la mise en œuvre des réformes…
Il ne sais pas où aller. Il ne dispose pas d'une vision économique à moyen terme parce qu'il y a les fondamentaux cités plus haut qui manquent. La première chose à faire en Algérie est de mobiliser la meilleure intelligence dans une seule institution pour élaborer une stratégie de développement économique à long terme. Deuxième point, il faudra réorganiser l'Etat. Les politiques doivent se contenter de fixer les objectifs et orientations ainsi que le contrôle de l'action de l'exécutif, mais les moyens de mise en œuvre de ces objectifs sont fixés par les techniciens. C'est le schéma idoine à mettre en place avant de dépenser des sommes faramineuses, parce que ces sommes seront dilapidées dans une économie qui n'est pas bien structurée. Mais, si on utilise ces ressources pour réorganiser l'économie et transformer des fondamentaux économiques vers la création de richesses et d'emplois. À ce moment-là, qu'on a plus d'argent pour faire de la relance économique, l'économie va s'envoler toute seule. Et ça sera de la croissance intensive. Donc, il faut privilégier la croissance intensive à moyen terme, car la croissance extensive via l'injection d'argent pour la relance de l'économie n'est pas durable. Et pour cause, lorsqu'on ne pourra plus injecter d'argent, dans 5 ou 7 ans, l'économie va retourner à la crise. Ceci étant dit, nous n'avons pas besoin de beaucoup d'économistes en Algérie mais d'ingénieurs institutionnels qui savent transformer les institutions comme les administrations, les services d'impôts et les universités en organismes efficaces.
Qu'en est-il du processus de privatisation des entreprises publiques ?
Ce qui est positif, je relève qu'il y a une volonté politique réelle d'aller de l'avant dans la mise en œuvre de ce processus alors qu'il a été gelé depuis de longues années. Maintenant, tous les experts sont unanimes à dire que la privatisation est un processus nécessaire et indispensable. Mais, tout dépend des techniques et moyens utilisés pour mener ces opérations. Si on choisit, par exemple, de privatiser selon le modèle de la Russie qui a connu une chute de 50% de son PIB et n'a pas réussi à redresser la situation, même après la fin du processus de privatisation. Par contre, la Pologne a mis en place l'ingénierie institutionnelle nécessaire avant le lancement de ce processus et a enregistré des résultats positifs. Pis encore, privatiser les entreprises avant de privatiser les banques publiques est une erreur parce qu'il y aura une centaine d'entreprises publiques qui seront livrées à elles-mêmes alors qu'elles avaient accès aux crédits auparavant. Les entreprises fonctionnent avec un ratio d'endettement de 70% dans un processus industriel normal. Les banques étant à dominance publique auront des difficultés pour répondre aux besoins de ces entreprises en termes de crédits. Donc, il y a un problème financier. Les entreprises algériennes devront lutter contre leur environnement défavorable et une compétition étrangère de plus en plus féroce. Elles ne pourront pas s'y faire à la concurrence des entreprises étrangères qui ont derrière elles toute une ingénierie institutionnelle. Le problème en Algérie, c'est qu'on ne sait pas faire l'ordonnancement des réformes. Si on fait un plan de privatisation qui n'est pas accompagné d'une réforme financière, administrative, le développement du système de formation universitaire, l'amélioration du climat des affaires et une stratégie de promotion de la PME-PMI, nous allons avoir un déphasage qui va coûté très cher à l'économie nationale. Il faut gérer en parallèle ces réformes et le processus de privatisation pour réussir la transition vers une économie de marché.
Le gouvernement compte introduire 11 entreprises en Bourse pour relancer ce marché financier…est-ce la bonne démarche ?
C'est une démarche purement administrative. La Bourse ne fonctionne pas avec des injonctions administratives. Il faut privatiser les entreprises et libéraliser la bourse. Elle est un indicateur du bon fonctionnement de l'économie. Or, le fait que la Bourse d'Alger est actuellement en panne renseigne sur l'état de notre économie qui ne fonctionne pas convenablement.
Il y a peu de sociétés par actions dans le paysage économique de l'Algérie…
Ce problème sera réglé après l'ouverture de notre économie à la concurrence. Après l'installation d'entreprises étrangères sur le marché algérien, ces entreprises vont, soit se professionnaliser, soit disparaître. Nous avons des entreprises qui ne sont pas très puissantes sur le plan compétitif. Si on avait orienté les crédits destinés aux entreprises publiques et autres sociétés d'importation vers le développement des PME-PMI, on aurait pu créer 1 million d'entreprises privées et un taux de chômage qui ne dépassera pas 7%. Or, en l'absence de ces données, ces entreprises continuent d'être gérées d'une manière traditionnelle.
M. R. et F. M.


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