Tel que présenté par certains, le drame des migrants est un danger qui menace la stabilité de l'Europe. Dans les faits, il est le résultat d'une politique non assumée par les grandes puissances face à ces hommes, femmes et enfants qui meurent tous les jours sur les routes ou en Méditerranée. Le contingent des migrants morts en mer Méditerranée grossit de jour en jour, tout comme celui de ces centaines de réfugiés syriens, irakiens et afghans qui passent par les pays de l'Europe de l'Est. Ainsi, au moins 82 personnes ont trouvé la mort entre jeudi et hier, alors que 200 autres sont portées disparues, selon des chiffres officiels du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). Les corps sans vie ont été repêchés près des côtes libyennes, après le naufrage de leurs embarcations au large de la ville de Zouara, à près de 160 kilomètres à l'ouest de Tripoli, a noté le HCR dans un point de presse organisé hier à Genève. Les migrants, environ 500, étaient à bord de deux bateaux surchargés, ce qui a provoqué leur naufrage, ont expliqué les responsables du HCR, affirmant que le bilan risque de s'alourdir dans les prochains jours. Parallèlement, les gardes-côtes italiens poursuivent leurs opérations de sauvetage de ces migrants, secourus par centaines et dont le nombre qui a tenté la traversée depuis janvier a dépassé la barre des 300 000, selon le HCR qui précise que 2 500 sont morts durant la même période. Au total, les gardes-côtes italiens ont pu sauver la vie à 1 400 personnes jeudi, un chiffre qui s'ajoute aux 3 000 autres personnes qui ont été sauvées la veille. La semaine dernière, six navires italiens et suédois ont mené une vaste opération de sauvetage, près des côtes libyennes, après avoir reçu des messages de détresse émanant de 18 bateaux et embarcations qui transportaient entre 2 000 et 3 000 migrants. Cette tragédie ne se limite pas aux migrants africains qui préfèrent le risque de mourir sur la route à une vie sous la dictature des régimes qu'ils fuient.Du côté des pays de l'Europe de l'Est, des hommes, des enfants et des femmes, originaires de pays en guerre comme la Syrie, l'Irak ou encore l'Afghanistan, n'échappent pas à leur destin, en mourant au milieu du chemin. Jeudi, les autorités autrichiennes ont découvert 71 corps en pleine décomposition, dans un camion abandonné sur une aire de stationnement d'une autoroute. Les victimes, dont 8 femmes et 4 enfants, seraient d'origine syrienne, selon la police autrichienne qui mène l'enquête. En attendant le sommet qui pourrait être tenu dans les jours à venir, comme l'a annoncé la chancelière allemande Angela Merkel, l'important flux de migrants et de réfugiés ne cesse d'augmenter, mais aussi de provoquer une montée des tensions dans certains pays, où l'extrême droite parle d'"invasion". Ce que dénoncent beaucoup de politiques et certains médias qui accusent ouvertement les dirigeants européens d'être derrière cette tragédie. Ainsi, dans son éditorial, le quotidien communiste français L'Humanité préfère utiliser le terme de "réfugiés" au lieu de "migrants", parlant "de flots de désespoir, de traversées humaines dans la dernière chance, de drames sans nom, des conséquences de la domination du monde par une poignée de salauds ‘occidentaux' (...) qui prennent le monde pour leur compte en banque, leur chasse gardée", ajoutant que ces migrants "sont bel et bien nos semblables, nos frères, fuyant surtout la guerre, nos sales guerres, dans des pays que ‘l'Occident' a pillé pendant des siècles, en toute impunité, sans scrupules, et cassé aujourd'hui (Libye, Syrie, Irak, Afghanistan), pour des raisons très humanitaires : pétrole, métaux précieux, néocolonialisme, intérêts géostratégiques, orgies des multinationales...". Mercredi, le président français, François Hollande, a déclaré que cette crise de migrants va durer encore pour longtemps, mais ne propose aucune solution, tout comme Angela Merkel et leurs partenaires européens, embourbés dans une guerre interminable contre la Russie, au nom d'intérêts géostratégiques qui n'ont aucune considération pour la vie humaine. L.M.
