Résumé : Ferroudja est embauchée dans un salon de coiffure. Elle y passe même ses nuits. Son sérieux lui vaudra la sympathie de son entourage. Trois ans passent. La petite paysanne s'efface pour céder place à une jolie citadine. Un jour, elle rencontre son ancienne patronne dans un hammam. Avant de la quitter, Lalla Meriem lui remettra un beau billet de banque et insiste pour lui payer sa séance au hammam. Depuis ce jour, Ferroudja rendra visite régulièrement à son ancienne patronne. Cette dernière la sollicitait aussi de temps à autre pour l'aider dans certains travaux ménagers. Anissa tient à la revoir plus souvent et lui rend visite au salon dont elle devient vite une cliente. Ferroudja se sent moins seule. Après l'été, elle a eu droit à quelques jours de repos. La saison a été bonne, et le salon avait fait une bonne recette. La patronne libéra tout le monde, et Ferroudja décide de se rendre au bled . Le bus la dépose non loin du village. Elle traverse à pied un grand champ puis la petite clairière familiale avant de taper à la porte de ses parents. Sa mère entrouvrit le portail, puis l'ouvrit tout grand et la prend dans ses bras : -Oh ! Ferroudja ! C'est toi ma petite. Cela fait bien longtemps. Ferroudja serre longuement sa mère dans ses bras, avant d'aller embrasser son père sur le front. Ce dernier, encore plus affaibli par la maladie, ne quittait presque plus le lit. Elle se repose un moment, mange un morceau avec ses deux jeunes sœurs et remet à chacune d'elles une robe, une blouse, une paire de chaussures et un cartable tout neuf. -C'est pour aller à l'école. Heureuses, les petites filles coururent montrer leur acquisition à leur père. Emu, ce dernier appelle Ferroudja : -Viens ma fille, viens ! Ferroudja va s'asseoir près de lui. Il s'essuie les yeux d'un revers de la main et pousse un long soupir : Pardonne-moi Ferroudja ! Pardonne-moi ma fille. Je suis un père indigne. -Non père, ne dis pas de telles choses. Tu n'as jamais été indigne. C'est la maladie qui a eu raison de ton courage et de ton abnégation. Ne te désole pas. Je travaille et je gagne assez d'argent pour vous permettre de manger à votre faim. Dieu est grand. Nous nous en sortirons tous un jour. - J'ai pourtant des garçons. J'ai enfanté des hommes, ma fille. Où sont-ils aujourd'hui ? Emue, Ferroudja met une main sur le bras de son père : -Cela ne fait rien père. Ne pense plus à tes garçons. Ils ont fait leur vie ailleurs, et ont sûrement d'autres préoccupations. Je suis là, moi. Et tu peux compter sur mon soutien. -Que Dieu te bénisse mon enfant. -Tâche de te reposer, je t'ai acheté tes médicaments habituels, et j'ai même pensé à t'offrir un petit cadeau. Regarde ! Elle ouvrit un petit paquet ficelé et en sortit une belle montre. -Elle te plaît, papa ? -Ferroudja ! Tu fais des folies. Les médicaments à eux seuls coûtent les yeux de la tête. Pense un peu à toi ma fille. -Ne te préoccupe pas pour moi, père. La patronne me paye assez bien, et les clientes au salon m'offrent toujours des pourboires. Et puis, de temps à autre, je fais le ménage dans les maisons de quelques grandes familles. Je mange donc à ma faim et je m'habille bien. -Que Dieu te protège et te comble de Ses bienfaits ma chère fille. (À suivre) Y. H.