Résumé : Nabil approuve le choix de Nawel quant à l'endroit où ils s'étaient installés pour le dîner et la laisse commander leurs plats. Il comprend qu'il avait affaire à une femme à l'imagination débordante, qui avait des réponses à toutes les questions... Nawel laisse flotter le suspense sur le récit de sa vie et demande à Nabil de lui parler de son passé... Il hausse les épaules : -C'est comme tu veux... Voilà, je suis un homme qui a aimé une femme, l'a épousée, lui a fait deux enfants, avant de divorcer... -Aussi simple que ça... Il baisse la tête et se met à jouer avec une cuillère avant de répondre : -Non ! Ce n'est pas aussi simple... Une vie ratée marque toujours une personne... Tu en connais un bout. Je ne suis pas exempt des coups de la vie moi non plus... -Je veux tout connaître sur toi Nabil... On vint les servir, et ils entamèrent leurs plats. Nawel contemple l'homme assis devant elle. Il portait un complet gris, une chemise bleu ciel, et son parfum discret et enivrant renseignait sur son goût raffiné. Il dépose sa fourchette et prend la bouteille d'eau minérale pour remplir leurs verres. -Je ne suis pas né de la dernière pluie, comme tu peux le constater, Nawel. -Moi non plus... -Alors, tu comprends ce que peut ressentir un cœur brisé... Elle ne répondit pas... Le silence renseignait sur ses pensées... Elle savait que l'homme souffrait, mais que contrairement à elle, il savait dominer ses sentiments. -Si cela t'es trop pénible, n'en parle pas. Mais je te suggère de t'extérioriser afin de te soulager... Se confier à autrui est une thérapie. Surpris par ses propos, il relève les yeux vers elle, puis se met à rire : -Tu apprends vite à ce que je vois... -Et comment ! Tu n'as pas cessé de me répéter cette phrase depuis que nous nous sommes rencontrés... Heu... je veux dire depuis que tu as compris que je vis encore sur les débris de mon passé... C'est un peu ton cas aussi... N'est-ce pas ? Il soupire : -On peut le dire. Seulement, j'ai pu remonter la piste, et aujourd'hui je mène une vie presque normale... -C'est toi qui le dis... -Tu ne me crois pas ? Elle secoue la tête : -Pour être franche, non. Je ressens tes souffrances Nabil... Certes, tu domines tes sentiments, et tu ne sembles nullement malheureux. Mais ton sourire n'arrive pas à éclairer tes yeux, et cela suffit à me renseigner sur ce que tu endures. Un peu ébranlé par cette vérité, et comme un enfant pris en flagrant délit de vol ou de mensonge, Nabil garde le silence. Il n'avait rien à dire pour sa défense. Nawel continue sur sa lancée : -Tu voulais me distraire et me montrer que la vie n'était pas ce tableau noir que je voyais, mais tu vivais toi-même sur des souvenirs douloureux. Cependant, tu es bien plus chanceux que moi, car tu as des enfants qui égayent ton existence. À l'évocation de sa progéniture, Nabil ébauche un sourire : -Tu as raison... Je n'imagine pas ma vie sans mes deux anges... C'est eux ma raison de vivre... Je ne sais ce que j'aurais fait s'ils n'étaient pas là... -Tu aurais frôlé une dépression, tout comme moi... Heu. Excuse-moi, je ne voulais pas en arriver là... Je sais que tu es bien plus fort... Il lève une main : -Non... Détrompe-toi... Personne n'est fort. Tout le monde est faible devant les sentiments... Nous les hommes, tentons de montrer une facette plus aguerrie mais en réalité, nous sommes bien plus vulnérables que des enfants attardés. Seulement, dans mon cas, je devais faire bonne figure devant mon entourage... Ma mère et mes enfants ne devraient en aucun cas souffrir par ma faute... Ils ont déjà eu leur lot d'endurance. -Je suis vraiment navrée. Je ne voulais pas réveiller cette douleur en toi... -Ce n'est rien... On ne fait pas d'omelette sans casser les œufs... Il sourit : -Que veux-tu connaître de mon passé ? Mon mariage ? Mon divorce ? Mon célibat involontaire ? (À suivre) Y. H.